Sunrise met en évidence le double discours du Conseil fédéral

  • Dernière modification de la publication :17/12/2014
  • Commentaires de la publication :9 commentaires

Le 19 novembre, le Conseil fédéral a publié son troisième rapport sur l’évolution du marché suisse des télécommunications et a entrepris une nouvelle révision de son cadre légal. Comme je l’ai déjà évoqué, ce travail ne peut pas être conduit en toute sérénité puisque notre gouvernement est confronté à un conflit d’intérêts majeur, qui ne fait guère de bruit.

Il est en effet à la fois l’actionnaire majoritaire du puissant Swisscom, qui est actuellement en train d’avaler le marché de la télévision numérique, et le pilote de la réforme de la loi sur les télécoms. Plutôt cocasse non? Dans un communiqué de presse en partie reproduit ci-dessous en italique, le challenger suisse des télécoms Sunrise explicite admirablement cette contradiction…

Etrange contradiction…

Pour ce qui est de l’accès au réseau, le Conseil fédéral reconnaît le besoin d’agir afin que les consommateurs puissent continuer à profiter d’une vaste variété d’offres et de choix, sur le réseau de fibre optique également. Pourtant, étrangement, le Conseil fédéral remet la question du réseau de fibre optique à une éventuelle – et lointaine – deuxième phase de révision de la législation. Et ce, alors même qu’il reconnaît que la réglementation de l’accès aux nouvelles infrastructures est capitale pour assurer la concurrence sur le marché des télécommunications.

Les nouveaux réseaux sont installés dans les conduites de câbles existantes, en général posées du temps du monopole, et commencent déjà à remplacer les câbles de cuivre traditionnels. C’est pourquoi Sunrise exige un règlement rapide et à caractère contraignant, dès la première étape en 2015, visant à assurer un filet de sûreté si le marché venait à faillir.

Discrimination orchestrée

Il est regrettable que dans son analyse et ses conclusions, le Conseil fédéral ait négligé la concurrence dans les services de télécommunications, qui pourtant ne sont rendus possibles que par l’accès aux réseaux physiques. Or c’est justement cette concurrence qui amène des services innovants et attrayants au profit du consommateur; la seule concurrence des infrastructures, même efficace, ne suffit pas.

Les prestataires de services souffrent de discrimination dans l’accès aux réseaux. Sunrise demande donc une révision urgente du cadre réglementaire, qui tienne compte des réseaux de fibre optique, déjà bien développés. Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra assurer une concurrence durable entre les offres au consommateur.

Le constat dressé par Sunrise est limpide. La concurrence ne va pas en se développant de façon optimale sur les réseaux fixes. Parfois, on se demande d’ailleurs comment qualifier le travail du Conseil fédéral qui se refuse à entamer le vrai chantier: la privatisation de Swisscom ou du moins de sa «partie commerciale». Les réseaux, pour des questions de raisons d’Etat, pouvant avantageusement être nationalisés et ouverts à la concurrence.

Xavier Studer

Sunrise affronte courageusement l'inconséquence du Conseil fédéral.
Sunrise affronte courageusement l’inconséquence du Conseil fédéral.

Cet article a 9 commentaires

  1. Pierre Blattner

    Swisscom use et abuse de sa position à chaque fois que cela est possible. Dernière expérience avec le changement du tél fixe en tél IP. J’avais un router d’une autre marque bien supérieur à celui de SC. Mais maintenant il n’est strictement plus possible d’y enregistrer le tél IP, car SC ne livre pas les données nécessaire pour ce faire. Donc on me force de prendre la nouvelle internet box de Swisscom, sinon pas de tél!
    La Fritz!Box est mûre pour la déchetterie! Génial, mais une fois que vous avez dit A pour la TV 2.0 il ne vous reste plus rien d’autre qu’à dire B aussi pour le Tél IP que l’on vous impose! Voilà les méthodes ultra-libérale de Swisscom.

    1. Oreille

      Tout à fait exact, comme l’article. Lobbyistes de Berne, encore merci pour votre clairvoyance à 2 balles…

      1. Je ne parle pas de fonctions révolutionnaires. Il est vrai qu’il existe nombre d’applications radio, pas toujours développées pour le marché Suisse et donnant parfois uniquement accès aux chaines d’une société ou d’un groupe.

      2. “Lobbyistes de Berne, encore merci pour votre clairvoyance à 2 balles…” ??? Ils défendent les intérêts de ceux qui les paient…

        1. Oreille

          Swisscom use et abuse… Car ils ont le bras long à Berne et par les limites posées pour la concurrence.
          Vous ne trouvez certainement pas très sympatique de fausser ainsi le jeu démocratique en nous privant de politiciens neutres et incorruptibles dans des dossiers comme ceux-là.
          Les lobbyistes sont payés pour ça et c’est bien ? On peut penser qu’un lobby moins puissant ne ferait pas systématiquement à sa guise.
          Les lobbies ont néanmoins leur place en démocratie, mais certains sont devenus trop importants, malheureusement.

      3. Giuseppe

        Même chose pour la téléphonie mobile, il ne font rien pour que ca evolue (ils ont tous un abonnement swisscom gratuit… donc pourquoi se pleindre)

  2. marco

    “Swisscom, qui est actuellement en train d’avaler le marché de la télévision numérique”, faux c’est de la faute de cablecom si swisscom tv marche aussi fort, la box et les services d’horizon sont si mauvais (voir le forum communautaire et les réactions des clients de genève) que tous les clients fuient.

  3. Misenta

    Les pauvres Calimero de Sunrise. Ils n’investissent pas dans la construction de la fibre et après ils se plaignent. Peut-être que les SI ou UPC leur demandent un peu trop cher à leur goût pour la location de leurs fibres.
    Pour la petite histoire, les CFF actionnaires de Sunrise leur partageaient (louaient?) leur fibre posées avec les bénéfices de Telecom PTT.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.