Nostalgie, nostalgie! Le site Romandie.com fête ses quinze ans d’information sur la toile… J’affiche quasiment autant d’heures de vol sur internet puisque j’ai travaillé presque à la même époque chez le pionnier et défunt Edicom.ch, alors premier site média en Suisse romande, où j’ai fait mes premières armes sur le net et acquis ma culture web.
Pour marquer le coup, ce gigantesque agrégateur de dépêches publie des applications pour iPhone, iPad et Android. Il revendique une audience de 3,1 millions de visites et 16 millions de pages vues par mois auprès d’un “public-cible qualitatif”, selon un communiqué. Fort de huit postes à plein temps, le site compte plus de 3800 fans sur Facebook et 14’000 followers sur Twitter.
Les premiers développements de Romandie.com ont été lancés en mai 1997 par la société lausannoise Abanys Concept. Ce site a par la suite été racheté en deux étapes en 1998 et 2001 par Virtual Network SA basée à Nyon. Ne disposant pas de véritable rédaction et taillé sur une structure à bas coûts, Romandie.com est parvenu à traverser l’éclatement de la bulle Internet.
600 dépêches par jour
Selon le texte de presse, Romandie.com publie automatiquement entre 600 et 800 dépêches quotidiennement. Le portail est abonné à des fils d’informations portant la signature de plusieurs grandes agences de presse dont l’ATS, l’AFP, AP, AWP ou encore Thomson Reuters. Des agences taillées pour le traitement le plus rapide de l’info, notamment AWP ou Reuters.
Romandie.com publie aussi parfois de façon un peu cavalière les informations glanées, notamment par RSS, auprès d’une vingtaine de sources. Cela lui garantit un traitement rapide de l’information et une exhaustivité qui fait souvent défaut à de grandes rédactions employant des armées de re-copieurs de dépêches, qui sont souvent dénigrés et dont le métier de journaliste est volontairement bridé par des responsables peu éclairés qui entravent la spécialisation du personnel.
La puissance de l’ATS
Le coup de maître de Romandie.com est justement d’utiliser l’excellent travail d’agenciers comme ceux de l’Agence télégraphique Suisse (ATS), où j’ai été formé, et de se passer d’une seconde garde de journalistes pour retoucher deux virgules, ajouter une photo et trois liens avant publication sur de grands sites. Un travail fastidieux souvent entretenu par des responsables sans idées, qui perçoivent d’abord internet comme un tremplin pour leur carrière.
Trop souvent aujourd’hui, la couverture de l’actualité est basée sur un flot d’informations parfaitement maîtrisé par les agences de presse. La plus-value de nombre de publications est largement insuffisante. Trop d’énergie est investie dans l’immédiateté. Les prétendues pratiques d’investigation ne sont souvent qu’une façade pour se gargariser auprès de la direction. Et beaucoup trop d’argent est gaspillé sur la toile en travail de copier-coller…
Xavier Studer