Médias: des iniquités de financement insoutenables

  • Dernière modification de la publication :20/12/2014
  • Commentaires de la publication :10 commentaires
Le système de redevance suscite des réactions très vives.
Le système de redevance suscite logiquement des réactions de plus en plus vives.

Le système de subventionnement actuel des médias risque bien à terme de mettre en péril la diversité de l’information dans ce pays. Selon la statistique de l’Office fédéral de la communication (OFCOM), 1222 publications profitent d’un rabais sur l’acheminement postal.

Mais attention, le Parlement a promis 30 millions de francs pour le soutien aux quotidiens et aux hebdomadaires de la presse régionale et locale et 20 millions pour les journaux et périodiques d’organisations à but non lucratif, selon un communiqué de presse. Une paille…

Des lois dépassées

Cette aide de 50 millions de francs pour 1222 publications semble toute de même un peu légère par rapport au plus de 1,1 milliard de francs dont la SSR a profité au travers de la redevance. Les chiffres détaillés. Certains parlementaires s’interrogent d’ailleurs à juste raison sur l’étendue de l’offre de la SSR.

Peu importe et peu importe la qualité de l’offre de la SSR, globalement bonne d’ailleurs. Le problème n’est pas là. Comme l’ont très bien compris certains dirigeants romands du groupe (les alémaniques ont toujours une guerre technologique de retard), l’avenir est au multimédia.

Le problème, c’est que l’avenir de la presse passe aussi par le multimédia, les ardoises, les téléphones portables et les TV connectées. Le financement de l’information ne peut donc plus être imaginé comme il y a cinquante ans pour deux raisons essentielles.

Un double problème

Primo, avec les moyens de production modernes, il est possible de financer à moindre coût une offre de qualité dans les trois langues nationales. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à regarder l’excellent travail produit par  les télévisions locales qui fonctionnent avec quelques miettes de la redevance. La SSR reçoit trop d’argent. Elle doit revoir son outil de production.

Secundo, comme expliqué ci-dessus, les médias radio et TV sont devenus des rédactions complètes produisant une offre multimédia globale sous forme de texte, d’audio et de vidéos qui englobent presque toute la couverture de la presse. Mieux, le service public offre l’image et le son en plus. On peut se demander s’il ne s’agit pas d’une stratégie délibérée pour éradiquer toute concurrence.

Dans ce contexte, une réflexion globale sur le financement de la presse et des médias doit émerger. L’enjeu est de permettre une vraie concurrence de l’information et de ne pas se retrouver un jour avec un service public qui sera devenu notre nouvelle Pravda. La convergence entre la radio, la TV et le multimédia va d’ailleurs totalement dans ce sens: moins de journalistes, mis davantage sous pression.

Une redevance à la demande

La solution la plus simple aujourd’hui est de conditionner l’accès à l’offre TV et multimédia de la SSR et de ne faire payer la redevance qu’aux personnes intéressées. Parallèlement, il faut favoriser l’émergence d’une chaîne de télévision nationale concurrente qui pourrait se fonder sur les productions des télévisions régionales.

Quant aux médias traditionnels, ils auraient peut-être intérêt à suivre l’exemple des Neuchâtelois d’Arcinfo, menés par l’excellent Nicolas Willemin qui n’a rien de certains rédacteurs en chef de pacotille. Ce site propose, sous forme payante, des contenus issus de l’Impartial et de l’Express et de la télévision régionale Canal Alpha.

La conclusion est évidente. Pour garantir une information riche et de qualité qui ne soit pas celle de l’Etat, il est impératif de relancer une vraie réflexion sur la redevance actuelle et les autres aides accordées à la presse. On a aujourd’hui beaucoup trop l’impression que seuls les médias de la SSR sont les garants de la cohésion nationale. Une idée ridicule. Le monde a changé.

Xavier Studer

PS. Pour ceux qui me reprocheraient mon positionnement: j’ai subi la mise à mort d’Edicom et vécu mes pires années professionnelles à la TSR. En matière de médias, j’ai donc été confronté aux grands stratèges du public et du privé… ABE.

Cet article a 10 commentaires

  1. RobertMondos

    “Peu importe et peu importe la qualité de l’offre de la SSR, globalement bonne d’ailleurs” je ne suis pas d’accord. Le programme est de plus en plus médiocre. A un instant j’ai cru être sur cnn pendant les élections américaines. C’est juste si on parlait des décisions du conseil fédéral.Dommage que la ssr ne soit pas davantage surveillée.

  2. Luiginette

    Je l’ai déjà dit, mais je le redi: ras le bol de la RTS et d’Alain Morisod. J’en ai marre de payer pour ces programmes pain et fromage sans parler des sports et de la formule 1. je trouve scandaleux s’être soumis à l’impôt SSR pour que de haut fonctionnaire grassement payés puissent se faire offrir leur Porche Cayenne!

  3. Luluc

    La SSR a toujours eu les pohes pleines de fric. Elle deveait faire attention. Son arrogance vis à vis des autres médias passe de plus en plus mal.

  4. Roland Guisy

    *PS. Pour ceux qui me reprocheraient mon positionnement: j’ai subi la mise à mort d’Edicom et vécu mes pires années professionnelles à la TSR”
    Et ça ne va pas aller mieux au centre d’impression de Bussigny d’après des témoignages reçus de connaissances.
    Xavier, j’ai passé 32 de mes plus belles années de carrière professionnelle à la TSR, en deux épisodes: 1964-1971, 1977-2003. Ça ne conviendrait pas à tout le monde, on dirait.
    Actuellement les programme TV de la RTS1 et 2 n’ont rien à envier à ceux de l’ignoble TF1, et même se situerait parmi une des meilleures de la région. Nos voisins d’outre Jura ne me diront pas le contraire.
    Il fut un temps où le budget de la SSR toutes régions confondues radio et TV était le même que celui de l’A2 en France. Je ne pense pas que ça aie beaucoup changé.

    1. Xavier Studer

      Nous avons du nous croiser. La situation s’est continuellement dégradée depuis. J’ai personnellement vécu un management déplorable et arrogant pendant des années. J’ai vu des gens arriver de rédactions extérieures pour lesquels la TSR a créé des sous-catégories spéciales de journalistes. Formation quasiment inexistante, mépris pour les travailleurs du net, mépris pour les compétences multimédia. Et j’en passe. Tout ça est indigne de ce qu’on pourrait attendre d’un véritable service public. Je ne suis resté que pour Point Barre et Couleur 3, une magnifique expérience.

      1. Roland Guisy

        J’ai alors vécu à la bonne époque. Il est vrai que ça s’est dégradé selon des contacts que j’ai encore avec des collègues y travaillant encore. Les temps ont changé, mais pas seulement dans ce milieu, aussi partout, dans tous les domaines.

  5. Elroy

    J’ai travaillé à la tsr et dans une tv locale. Le service public n’achète que le matériel le plus cher. Il y a des millions d’économie à faire.

    1. Roland Guisy

      La SSR utilise du matériel professionnel, pas grand public.

  6. Philippe

    En ce qui concerne la presse, le gros problème je trouve c’est la concentration et le manque de concurrence. Edipresse contrôle une grande majorité de la presse romande. Elle est où dans ce cas, la ‘liberté de la presse’ ? La réponse évidemment c’est internet qui permet de ne dépendre d’aucun groupe et de diffuser librement l’information. Cela fait des années que je n’achète plus de journaux car je trouve qu’une grande majorité des journalistes sont beaucoup trop militants à mon goût. Au lieu d’être subventionné par l’état, les journalistes devraient se demander pourquoi les gens n’achètent plus leur journaux.

  7. Saïmon

    J’ai déjà eu l’occasion ici d’exposer mes arguments. J’y ajoute les suivants:

    Il faut arrêter de croire que tout le monde s’informe sur une tablette et un smartphone comme vous et moi lecteurs de ce blog. Comme tous les pays développés, la Suisse est un pays âgé. Tant que les seniors n’auront pas tous une tablette, les médias traditionnels subsisteront, en particulier ceux qui sont “faussement” gratuits comme 20 minutes ou la télévision publique. Dans les deux cas, aucun autre effort à faire que d’allumer sa TV ou de tendre un bras dans le couloir d’une gare.
    Il y a 400-500 milles personnes qui regardent la RTS tous les soirs et le problème est là: si c’est vraiment une douleur insoutenable que de payer la redevance, les gens devraient changer de chaîne non ? Tout comme ceux qui payent l’abonnement téléphonique le plus cher du monde.
    @Elroy: Ce qui coute cher dans une entreprise quelle qu’elle soit, c’est la gens qui y travaillent, pas le matériel.

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