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Médias: des iniquités de financement insoutenables

Le système de redevance suscite des réactions très vives.
Le système de redevance suscite logiquement des réactions de plus en plus vives.

Le système de subventionnement actuel des médias risque bien à terme de mettre en péril la diversité de l’information dans ce pays. Selon la statistique de l’Office fédéral de la communication (OFCOM), 1222 publications profitent d’un rabais sur l’acheminement postal.

Mais attention, le Parlement a promis 30 millions de francs pour le soutien aux quotidiens et aux hebdomadaires de la presse régionale et locale et 20 millions pour les journaux et périodiques d’organisations à but non lucratif, selon un communiqué de presse. Une paille…

Des lois dépassées

Cette aide de 50 millions de francs pour 1222 publications semble toute de même un peu légère par rapport au plus de 1,1 milliard de francs dont la SSR a profité au travers de la redevance. Les chiffres détaillés. Certains parlementaires s’interrogent d’ailleurs à juste raison sur l’étendue de l’offre de la SSR.

Peu importe et peu importe la qualité de l’offre de la SSR, globalement bonne d’ailleurs. Le problème n’est pas là. Comme l’ont très bien compris certains dirigeants romands du groupe (les alémaniques ont toujours une guerre technologique de retard), l’avenir est au multimédia.

Le problème, c’est que l’avenir de la presse passe aussi par le multimédia, les ardoises, les téléphones portables et les TV connectées. Le financement de l’information ne peut donc plus être imaginé comme il y a cinquante ans pour deux raisons essentielles.

Un double problème

Primo, avec les moyens de production modernes, il est possible de financer à moindre coût une offre de qualité dans les trois langues nationales. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à regarder l’excellent travail produit par  les télévisions locales qui fonctionnent avec quelques miettes de la redevance. La SSR reçoit trop d’argent. Elle doit revoir son outil de production.

Secundo, comme expliqué ci-dessus, les médias radio et TV sont devenus des rédactions complètes produisant une offre multimédia globale sous forme de texte, d’audio et de vidéos qui englobent presque toute la couverture de la presse. Mieux, le service public offre l’image et le son en plus. On peut se demander s’il ne s’agit pas d’une stratégie délibérée pour éradiquer toute concurrence.

Dans ce contexte, une réflexion globale sur le financement de la presse et des médias doit émerger. L’enjeu est de permettre une vraie concurrence de l’information et de ne pas se retrouver un jour avec un service public qui sera devenu notre nouvelle Pravda. La convergence entre la radio, la TV et le multimédia va d’ailleurs totalement dans ce sens: moins de journalistes, mis davantage sous pression.

Une redevance à la demande

La solution la plus simple aujourd’hui est de conditionner l’accès à l’offre TV et multimédia de la SSR et de ne faire payer la redevance qu’aux personnes intéressées. Parallèlement, il faut favoriser l’émergence d’une chaîne de télévision nationale concurrente qui pourrait se fonder sur les productions des télévisions régionales.

Quant aux médias traditionnels, ils auraient peut-être intérêt à suivre l’exemple des Neuchâtelois d’Arcinfo, menés par l’excellent Nicolas Willemin qui n’a rien de certains rédacteurs en chef de pacotille. Ce site propose, sous forme payante, des contenus issus de l’Impartial et de l’Express et de la télévision régionale Canal Alpha.

La conclusion est évidente. Pour garantir une information riche et de qualité qui ne soit pas celle de l’Etat, il est impératif de relancer une vraie réflexion sur la redevance actuelle et les autres aides accordées à la presse. On a aujourd’hui beaucoup trop l’impression que seuls les médias de la SSR sont les garants de la cohésion nationale. Une idée ridicule. Le monde a changé.

Xavier Studer

PS. Pour ceux qui me reprocheraient mon positionnement: j’ai subi la mise à mort d’Edicom et vécu mes pires années professionnelles à la TSR. En matière de médias, j’ai donc été confronté aux grands stratèges du public et du privé… ABE.

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