Swisscom satisfait du non à l’initiative dite en faveur du service public. Et ensuite?

  • Dernière modification de la publication :08/06/2016
  • Commentaires de la publication :9 commentaires
Swisscom Zurich Altstetten.
Swisscom Zurich Altstetten.

Les électeurs suisses ont rejeté dimanche l’initiative dite en faveur du service public. Swisscom salue ce vote, qui «traduit l’attachement de la population à un service public moderne», estime l’opérateur. Reste que de nombreuses questions restent ouvertes…

«Le non du peuple et des cantons est un oui à un service public moderne, qui s’appuie principalement sur une concurrence intense, et à titre subsidiaire seulement sur la réglementation étatique. C’est précisément la concurrence qui a permis que les réseaux suisses soient aujourd’hui parmi les meilleurs du monde. Le non à l’initiative donne la possibilité à Swisscom de rester performante face à ses concurrents nationaux et internationaux», indique le redoutable opérateur.

Vraiment? L’ogre bleu a fait plus que de rester performant ces dernières années. Il a avalé quelque 1,4 million de clients sur le segment de la TV grâce à son excellent produit, parfois sur le dos d’autres services publics. Parallèlement, il a consolidé sa position sur le marché pour devenir l’empereur absolu des télécoms, en totalisant parfois plus de parts de marché que tous ses concurrents réunis.

Swisscom promet le meilleur!

Quoi qu’il en soit, «Swisscom a pris bonne note des préoccupations exprimées par ses clients au cours de la campagne de vote. Elle améliorera encore ses prestations et offrira le meilleur service public possible en Suisse», précise le puissant opérateur dans un communiqué dimanche en fin d’après-midi.

OK, c’est noté. On attend par exemple que l’opérateur continue de positionner favorablement la Suisse sur les dernières technologies, notamment en poursuivant sur le long terme le déploiement d’un réseau de fibres optiques. Et là, comme nous l’avons vu dimanche, il reste du travail…

Public contre public

Plus fondamentalement, la position de Swisscom sur le marché continue de susciter des questions, notamment auprès de ses concurrents privés, voire publics, sensés eux aussi offrir du service public! Le cas de Genève, où Confédération, canton, Ville et privés croisent le fer est symptomatique.

Et il n’y aura pas de solution simple ou simpliste au cas Swisscom qui attire même l’attention de l’OCDE… Après les affaires d’écoute des réseaux, la Confédération a probablement un intérêt certain à garder un œil sur certaines infrastructures. A l’heure où certains parlementaires proches du géant bleu plaident en faveur d’une privatisation complète, le temps de la réflexion est venu.

Xavier Studer

Lire aussi: Lobbyisme: la NZZ décrypte le système Swisscom

Cet article a 9 commentaires

  1. Pas certain que mes voisins (vivant proche de Lausanne) soient d’accord. Avec du 3-5M en download, 0.2-0.5 en Upload. Une télévision qui bloque et saccade, on est loin d’avoir un service acceptable pour une société comme Swisscom!

    1. Elzo

      Le service universel c’est un plancher pour les prestations et un plafond pour le prix. Le tarif étant complètement à côté de la plaque au jour d’aujourd’hui, peu de gens doivent encore en dépendre. La télévision n’en fait pas parti, et les débits de vos voisins sont clairement meilleurs que ce que doit assurer Swisscom pour le service universel.
      J’ai l’impression que beaucoup de gens s’imaginent que la 4G ou le roaming font parti du service universel. C’est probablement la prestation publique la plus surfaite, on ne sait pas comment ça se passe ni ce que c’est réellement mais on assume que ça a une importance aux proportions bibliques (les appels d’urgence ce n’est que quelques milliers, pareil pour les cabines publiques, et seuls le petits vieux dépassés gardent le fixe analogique…).

    2. Ludo

      Des débits aussi faibles existent encore, mais sont de plus en plus rares. Selon l’article de Xavier de hier, seul 39% des gens auraient un accès VDSL ou mieux. Donc 61% auraient un accés ADSL ou moins (max 25 MBits) avec Swisscom. De plus, il doit bien exister une alternative avec Salt qui propose un modem 4G illimité pour 35.- par mois, un téléréseaux, la 4G de Sunrise ou Swisscom (utiliser son natel comme modem) voire internet par satellite qui permet d’avoir environ 20Mbits de download.

  2. Anjoco

    Et maintenant il est grand temps de limiter le salaire des directeurs des anciennes régies au niveau du salaire des conseillers fédéraux.

    Le directeur de chacune de ces entreprises n’est pas le “Roi Soleil”. Cessons de croire que ce n’est que le directeur qui fait le succès de son entreprise. Ce serait se moquer des compétences des hauts-cadres et de tout le personnel de l’entreprise.

  3. Anjoco

    @Gabriel Klein

    Comment motiver Swisscom d’augmenter le débit quand c’est le politique par l’entremise de l’OFCOM qui fait la musique :

    http://www.comcom.admin.ch/themen/00501/index.html?lang=fr

    Adaptations de la concession de service universel
    Les modifications d’ordonnances approuvées par le Conseil fédéral le 5 novembre 2014 prévoient notamment de doubler la vitesse minimale de connexion à l’Internet à large bande inscrite dans la concession de service universel. Depuis le 1er janvier 2015, le débit a passé à 2000/200 kbit/s, contre 1000/100 kbit/s auparavant. Le prix plafond pour ce service reste inchangé à 55 francs par mois (TVA non comprise).

    Dans ce contexte il aurait éventuellement une autre solution :

    http://prosenfr.ch/forum/viewtopic.php?f=5&t=671

  4. merinos

    @ Gabriel Klein

    c’est un peu étrange… avec ce débit, cela ressemble à une connexion en VDSL… et avec le VDSL, la liaison est stable entre l’abonné et le central ou la borne, contrairement au DOCSIS sous-dimensionné.

    sur cette page http://checker.vadian.net/check.aspx?xdsl=bxdsl
    cela donne quelle largeur de bande technique?

    enfin, avec le VDSL, la situation géographique n’est pas pertinente… les personnes pouvant habiter dans une grande ville avec un débit pas très bon ou au fin fond de la Suisse avec un débit sérieux, cela grâce à la borne (PUS ou armoire de distribution) se trouvant près de chez eux.

  5. Tricoline

    Je reste persuadé que le géant bleu ne changer pas sa stratégie actuelle et qu’il se moque des petits villages qui sont largués en ce qui concerne le raccordement efficace à la toile.

    Exemple : le village vaudois de Bretonnières 262 habitants, situé entre Orbe et Vallorbe, après avoir perdu patience auprès d’un Swisscom arrogant, “Les Caques-Lentelyle” ont fini par conclure un accord avec le cablos opérateur local pour sortir du néant numérique.

    Je peux imaginer que ce n’est pas le premier ni le dernier qui devra passer par cet effort pour que ses habitants puissent disposer d’un accès internet normal en 2016.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.