Internet: vous prendrez bien un petit biscuit, voire un cookie, non?

  • Dernière modification de la publication :22/10/2016
  • Commentaires de la publication :22 commentaires
Un petit cookie? Une spécialité numérique depuis les années 1990...
Un petit cookie? Une spécialité numérique proposée sur le web depuis les années 1990…

Les cookies défraient la chronique sur internet depuis au moins une bonne vingtaine d’années, pour ceux qui ont une réelle culture numérique… Ces petits fichiers textes s’enregistrent, à l’insu de l’internaute s’il n’en est pas informé, sur son périphérique pour conserver des informations devant en principe faciliter sa navigation. Désormais, ce site signale leur utilisation. Point de situation…

En Europe, depuis 2014, la loi impose désormais aux responsables de sites internet d’informer les internautes et de recueillir leur consentement avant l’insertion de cookies (voir la définition sur Wikipedia) ou autres traceurs, selon le site hexagonal de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL). Et en Suisse, qu’en est-il par exemple, pour un site en «.com» hébergé à l’étranger?

Ce que disent les lois en Suisse

J’ai contacté cette semaine François Charlet, un juriste qui prépare actuellement un article sur cette question. Se référant d’abord à la Loi sur les télécommunications (LTC), il indique que: «l’art. 45c let. b LTC impose une notification de l’usage des cookies, et surtout une possibilité de les refuser. Dès le moment que vous avez des visiteurs sur territoire suisse, vous effectuez un traitement de données qui fonde l’application de la loi suisse, notamment la Loi sur la protection des données (LPD) et la LTC.»

Pourquoi tant de précautions pour de si petits bouts de code? Potentiellement, ces cookies peuvent conserver des informations sur le surf et le comportement des internautes qui visitent un site internet, notamment à des fins publicitaires. En soi, rien de dramatique, si ce n’est que c’est encore un pan de notre vie priée qui semble s’effriter, surtout si ces cookies sont couplés à des réseaux sociaux qui peuvent nous identifier.

Cookies utilisés par les gardiens de nos libertés…

Conscients de notre société numérique, certains pays informent largement sur ce sujet. Voici ce qu’indique, par exemple en France sur son site internet la très sérieuse CNIL, qui fait elle aussi usage de cookies. Ce fait dédramatise peut-être l’usage de ces cookies, quant on sait l’implication de cette autorité pour la protection de la vie privée. En italique, un extrait de son message “Gestion de vos préférences sur les cookies”:

Certaines fonctionnalités de ce site (partage de contenus sur les réseaux sociaux, lecture directe de vidéos) s’appuient sur des services proposés par des sites tiers. Ces fonctionnalités déposent des cookies permettant notamment à ces sites de tracer votre navigation. Ces cookies ne sont déposés que si vous donnez votre accord.

La CNIL exemplaire

Exemplaire, la CNIL indique même qu’il est possible de s’informer sur la nature des cookies déposés, les accepter ou les refuser soit globalement pour l’ensemble du site et l’ensemble des services, soit service par service. Sur www.xavierstuder.com, j’utilise pour ma part une application qui permet aussi de refuser l’usage des cookies.

Mais, faut-il avoir peur des cookies? Ceux qui les redouteraient peuvent paramétrer leur navigateur pour les refuser systématiquement, ce qui peut parfois poser des problèmes de navigation. En effet, à la base, ces petits bouts de code étaient simplement destinés à conserver des informations permettant de faciliter la vie des internautes en conservant, par exemple, certains réglages.

Interdire l’anonymat?

Reste un problème fondamental. Les sites internet sont des vitrines virtuelles de notre monde réel. Lorsque vous vous rendez chez votre pharmacien, par exemple, il connait votre identité et sait de quelle maladie vous souffrez. Rien ne l’empêche de vous proposer d’autres produits ciblés. Pourquoi en serait-il différemment dans le monde numérique?

Dans quelle mesure ne faudrait-il pas interdire l’anonymat sur internet? Certains veulent interdire la burqa pour être certains de pouvoir identifier en tout temps les individus pour des questions de sécurité! Alors que nous faisons nos premiers pas dans l’ère post-numérique, certains réflexes semblent résolument être d’un autre âge…

Xavier Studer

Cet article a 22 commentaires

    1. Je comprends. C’est compliqué. Si l’on informe pas, on se fait critiquer, et lorsqu’on informe, on ennuie… Désolé!

      1. Alain

        Je ne m’adressais pas spécialement à vous Mr Studer. Je parlais de TOUS les sites en général 🙂

  1. Anjoco

    Excellente la comparaison avec la burka 😉

    Bravo !

  2. Kevin V.

    “Reste un problème fondamental. Les sites internet sont des vitrines virtuelles de notre monde réel. Lorsque vous vous rendez chez votre pharmacien, par exemple, il connait votre identité et sait de quelle maladie vous souffrez. Rien en l’empêche de vous proposer d’autres produits ciblés. Pourquoi en serait-il différemment dans le monde numérique?”

    Le problème est surtout tous les cookies tiers (parfois des centaines de prestataires différents sur certains sites !) et le pistage qui en résulte.

    Si on voulait être plus rigoureux avec votre métaphore, c’est comme si on allait chez notre pharmacien, mais que notre boucher, laitier, assureur, garagiste, employeur… en étaient également informés, ainsi que les raisons pour lesquelles nous nous y sommes rendu !

    En aparté, n’oublions pas que FB est capable de nous pister sur tous les sites qui incluent leurs widgets, même si on ne possède pas de compte chez eux. Et ce sont loin d’être les seuls.

    Qu’un site sache que je suis déjà venu chez eux et qu’ils puissent me reconnaître, soit. Mais qu’une multitude de sites tiers soit prévenue dans la foulée, non !

    1. Cela dit, tous les commerçants discutent entre eux et ont des partenaires…

      1. Kevin V.

        Oui enfin bon je doute que votre pharmacien va aller dire ailleurs que vous étiez intéressé par des crèmes contre les hémorroïdes (ne serait-ce que par secret médical) 😉

        1. 😉 Ne nous focalisons pas trop sur le pharmacien, même si j’ai choisi cet exemple pour montrer que nous donnons souvent des informations confidentielles dans un environnement public…

  3. phil

    Oui à l’annonymat sur internet !!!
    En tant que honnête citoyen, je n’ai absolument rien à me reprocher… mais j’ai une vie privée à protéger… c’est mon droit…
    Sinon, xavier,… on pourrait aller plus loin dans votre raisonnement… interdire l’annonymat et la vie privée dans la vie réelle… installons une webcam dans votre chambre à coucher et une dans votre salle de bains…

    ABE…

    1. Internet, c’est comme la rue, c’est public. Par contre, votre ordinateur, c’est un peu comme votre chambre à coucher, privé. Enfin, un peu moins en Suisse depuis un certain dimanche noir, qui relègue le Patriot Act américain au rang de simple plaisanterie!

      1. phil

        Dans la rue je ne communique pas non-plus mon identité et toutes mes préférences à chaque passant, à chaque commerce où je passe devant etc…

  4. rolgui2002

    Si c’étaient que les cookies le problème de la vie privée !!! je cherche un produit pour m’informer via google, je trouve chez Amazon par exemple, ensuite je vais sur facebook et des pubs sur des produits similaires apparaissent sur ma page facebook. C’est ça qui est insupportable. tout les sites sont inteconnectés apparemment.

    1. rolgui2002

      Ah, j’oublias: sur tous les sites, quels qu’ils soient, une pub rémanente et agressive s’intercale me signalant que j’ai des virus, que mon Mac est lent, qu’il faut scanner pour nettoyer, etc. Et qu’est-ce que c’est ??? Cette infâme Mackeeper complètement inutile et qui ralenti notre système. Il se cache même avec une autre nom, et au premier click: Mackeeper !!! Que peut-on faire pour les faire cesser de nous emm….?

    2. phil

      Les adblocks fonctionnent assez bien en général pour ça

      1. Original Mike

        Adblock !!! Malheureux, tu vas t’attirer lea foudres de XS 😀

  5. Foxband

    Les cookies, c’est meilleur encore chauds et moelleux…

    « Internet, c’est comme la rue, c’est public. »

    Internet n’est pas public !
    Je n’ai pas accès à votre Gmail à ce que je sache, vos courriels sont pourtant sur internet non ?

    Internet c’est un réseau structuré, comme une ville est structurée.
    Il y a des zones publiques et d’autres privées.

    Je pourrais passer la journée à faire des analogies entre le monde physique et internet – immeuble qui demande un code, boite aux lettres, banques, le pourquoi est-ce que les gens n’ont pas leur nom et adresse tatoués sur leur front, sans parler du fait qu’un pharmacien ne peut pas faire n’importe quoi avec les données de ses clients – mais au final un seul concept est suffisant pour vous contredire.

    C’est le concept de souveraineté.

    La rue est publique, certes, mais s’il y a des caméras qui filment mes moindres faits et gestes (comme à Londres), l’accès est réservé à la police suisse – bon si un pays veut y accéder, il pourra sûrement le faire en douce.
    Votre sophisme revient à dire que tous les pays du monde, et même des entités privés ont le droit de placer des caméras dans les rues des villes suisses.

    Vous êtes clairement un utilisateur d’internet qui ne comprend pas la philosophie des débuts de l’internet ouvert à tous, la gratuité et la liberté qui ont été – et qui le sont toujours en partie – les moteurs de la croissance de ce réseau.

    La liberté d’appliquer son capitalisme, la liberté de donner ou non ses données, la liberté d’être anonyme ou non.
    Oser parler d’interdire l’anonymat sur internet montre clairement que vous ne comprenez absolument rien aux enjeux et aux risques, et que vous ignorez totalement l’histoire humaine, la nature humaine et la géopolitique dans son ensemble.

  6. Avec cette loi obligeant les sites web à afficher un avertissement sur les cookies, l’Europe a créé une nuisance presque aussi importante que les publicités pop-up. En tout cas, je ne les félicite pas ! Maintenant ont est obligé d’utiliser une extension dans le navigateur web pour les masquer ou les accepter automatiquement.

    Sinon, concernant la vie privée je suis tout à fait d’accord avec vous. La limite entre vie privée et vie publique est tellement floue et subjective, autant sur internet qu’ailleurs qu’il est impossible de définir une limite franche. Elle varierait d’une personne à l’autre et d’un cas à l’autre.

  7. merinos

    pour les personnes n’ayant pas envie de jouer avec les paramètres de leur navigateur, ni d ‘installer un greffon x ou y, deux logiciels putzfrau:

    – Windows, macOS et Android: http://www.piriform.com CCleaner
    –> attention à l’éventuelle installation d’un adware!

    – Linux et Windows: http://www.bleachbit.org
    –> à télécharger de préférence depuis les dépôts de sa distribution

  8. Tiens, j’ai une question qui m’est venue tout à l’heure en arrivant sur votre site, M Studer. Si je clique sur “Non” sur la barre d’avertissement des cookies, est-ce que cette réponse est enregistrée dans un cookie pour ma prochaine visite ? 😀

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