Salt recule à moins de deux millions d’abonnés et vise le fixe avec la fibre optique!

  • Dernière modification de la publication :08/04/2017
  • Commentaires de la publication :17 commentaires
En prévision d'une offre sur le fixe, Salt souligne les limites actuelles du cuivre par rapport à la fibre optique. Un discours qui tranche avec celui de Swisscom.
En prévision d’une offre sur le fixe, Salt souligne les limites actuelles du cuivre par rapport à la fibre optique. Un discours qui tranche avec celui de Swisscom.

Salt poursuit sa cure minceur malgré de nombreux résultats positifs réalisés en 2016 et mis en avant pour sauver les meubles. L’actuelle direction a fait de gros efforts d’économie pour rentabiliser un opérateur dont plusieurs indicateurs sont sur le repli: chiffre d’affaires, nombre d’employés et d’abonnés. La société de Renens a par exemple reculé en 2016 à moins de deux millions de clients…

Dans deux événements qui ont eu lieu en Suisse cette semaine à Lausanne et à Zurich, l’opérateur a fait valoir la progression du nombre de ses abonnés sur facture d’environ 50’000 cartes SIM à 1,203 millions contre 1,151 en 2015 et 1,155 en 2014. Sur ce front, le troisième opérateur mobile de Suisse retrouve le chemin de la croissance.

On constate cependant que Salt a arrêté de communiquer officiellement sur le nombre total de ses abonnés qui étaient de 2,02 millions à fin 2015. Olivier Rosenfeld, bras droit du propriétaire français Xavier Niel, m’a toutefois confirmé que Salt comptait désormais moins de 2 millions d’abonnés avec les clients prépayés. Selon nos estimations, Salt ne pesait plus qu’environ 1,9 million de clients à fin 2016. Une sacrée baffe! Pas pour rien qu’on ne donne pas ce chiffre dans les résultats 2016…

Salt maximise sa rentabilité

En effet, Salt multiplie les campagnes promotionnelles sur tous les fronts, y compris sur le prépayé, assez largement en recul généralement. On aurait pu imaginer que l’opérateur se maintienne, au minimum. Conséquence: le chiffre d’affaires fond de 10% de 1,246 à 1,124 milliard de francs. Toutefois, le propriétaire et la direction ont tout fait pour limer partout les coûts pour maximiser la rentabilité… L’EBITDA passe ainsi de 315 à 432 millions en 2016.

L’élément le plus visible sur les centres de frais est la réduction du personnel de 6% environ à 789 collaborateurs. Si ces 44 postes en moins allègent le bilan de Salt, l’opérateur a poursuivi ses efforts d’internalisation de son infrastructure télécoms, son cœur de métier. Selon Olivier Rosenfeld, cette économie atteindrait environ 50 millions de francs et ferait la différence avec un Sunrise qui a tout externalisé chez un Huawei.

Pour cette raison, les investissements de l’opérateur sont en baisse à 100 millions de francs, comme l’a constaté l’Agefi qui redoute aussi les effets d’un prélèvement de dividende important. «Cette opération» a aucune conséquence sur la capacité de Salt d’avancer sur ses investissements ni mobile, ni fixe, ni IT», précise Olivier Rosenfeld qui souligne aussi que Salt Mobile n’a pas un franc de dettes de plus.

Visiblement la société a fait du chemin depuis le rachat par Xavier Niel. «Ces chiffres ne sont pas que des réductions de couts et de personnel, la société n’a plus rien à voir aujourd’hui avec ce qu’elle était. Un vrai management a été mis en place; les gens sont fiers de venir bosser pour Salt, il y a plein de projets en interne et un vrai programme de déploiement de réseau», estime un observateur proche du dossier.

Salt souligne le positionnement problématique de la Suisse en matière de réglementation du rayonnement non ionisant, donc des antennes.
Salt souligne le positionnement problématique de la Suisse en matière de réglementation du rayonnement non ionisant, donc des antennes.

Salt investit sur l’avenir dans la fibre

«Xavier Niel n’a aucune intention de céder Salt. Donc nous investissons pour l’avenir. C’est la raison pour laquelle on investit sur la fibre optique», précise Olivier Rosenfeld qui m’a aussi confirmé la volonté de Salt de se lancer sur le fixe, une orientation déjà annoncée en son temps par le trublion hexagonal des télécoms.

Ce discours est intéressant et confirme celui du CEO de Salt, avec qui j’ai discuté de la situation cette semaine. Andreas Schönenberger se montre toutefois prudent et ne donne aucune date de lancement officielle sur le fixe. On se borne à me dire que Salt communiquera lorsqu’un éventuel projet en la matière sera prêt… Bref, Salt tente d’occuper le terrain.

Dans l’intervalle, on constate que Salt communique sur le caractère suranné du cuivre, quitte à minimiser le potentiel de technologies comme le g.fast ou le x.gfast pour faire l’apologie de la fibre optique et, dans une certaine mesure, du câble. Cela laisse à penser que Salt va se tourner vers une solution passant par les différents revendeurs de fibre sur le marché. Notons aussi que tous les téléréseaux, comme UPC d’ailleurs, ont intérêt à collaborer pour ne pas subir les effets des formules globales (fixe + mobile)  inOne de Swisscom et One de Sunrise… Visiblement, le grand boom de Salt est planifié!

Xavier Studer

Salt se développe à Zurich sur la Bahnhostrasse.
Salt se développe à Zurich sur la Bahnhostrasse.

Cet article a 17 commentaires

  1. Zorglub74

    Une nouvelle fois un très bon article, merci Xavier. L’investissement dans le fixe fait du sens dans la logique de réduction des couts externes pour le mobile car actuellement Salt dépend de Swisscom pour l’interconnexion de ses stations de base. Avec les conséquences que cela peut avoir sur les débit alloués aux utilisateurs finaux contraint par la capacité souscrite auprès de l’ogre bleu. Par extension le réseau fibre Salt pourra permettre d’établir des offres fixes, qui je le pense, seront plutôt destinées aux entreprises et opérateurs. Je vois mal Salt investir massivement dans du FTTH.

    1. misenta

      Désolé mais je dois vous contredire, le réseau mobile de Salt est entièrement indépendant et les débits alloués n’ont rien à voir avec l’ogre bleu!

  2. rolgui2002

    Comme je l’ai déjà souligné plusieurs fois sur ce blog, 3 opérateurs pour 8 millions d’habitants, alors que la France en a plus de 60 millions. Salt va devoir fermer tôt ou tard. Ils veulent venir sur la fibre? Trop tard, le terrain est déjà occupé.

    1. Zorglub74

      Je dirais plutôt que le secteur de la fibre est en friche, car abandonné par Swisscom qui a stoppé ses investissements avec l’emergence du g-fast qui permet de tirer les derniers hectolitres de la vache à lait cuivre. Ne regardez pas la fibre sous l’angle du “Consumer” mais sous l’angle “Infrastructure” et vous vous rendrez compte que ce n’est pas si bête. En Suisse nous avons seulement Swisscom et UPC (pas toujours) capables d’offrir des connectivité en “propre” de bout en bout. Les autres opérateurs sont obligés de passer à un moment ou à un autre par un tiers. Je trouve plutôt sain en terme d’offre et de concurrence d’élargir le nombre d’acteurs. Que l’on se rassure Swisscom ne va pas dépérir car il a largement plus que la masse critique pour survivre, UPC a déjà sa place en tant que gros opérateur (pour les entreprises) mais insignifiant au niveau mobile, la concurrence au niveau mobile va se situer vraiment entre Sunrise et Salt.

      1. Guillaume Tell

        j’ai aussi de plus en plus l’impression que swisscom se moque de ses clients. ce qui compte pour eux c’est de faire le plus de fric possible. et c’est le petit péquin qui casque! NON MERCI!

        1. misenta

          Vous préférez payer très cher un réseau fibré qui ne servirait qu’à un dixième de la population quand le cuivre peut très bien faire l’affaire.
          Et pour préciser, Swisscom a revu ses investissements mais fibre quand même jusqu’aux quartiers ou dans les rues proches!

  3. Nycko

    Tout fraîchement abonné chez Salt en ayant testé longtemps leur 4G illimitée en prépaye 60.- par mois, je vois 0 opérateurs me permettant l’illimité plein pot avec utilisation de Whatsapp (appels messages..), le partage de ma connexion pour la maison en utilisant Zattoo et ses 170 chaines pour seulement 29.90.- par mois au lieu de 35.-…et un 100mbit/s en moyenne près de Bienne (Tüscherz)
    BRAVO Salt ! 😉

  4. wywy22

    Ou est-ce qu’on peut télécharger la présentation d’ou proviennent les images ‘

  5. Tricoline

    Facile pour Salt de critiquer le cuivre et d’avancer l’argument que le fibre c’est l’avenir quand on a pas d’accès fixe pour ses clients, et que je reste persuadé que Salt ne posera pas un mètre de fibre dans le « last mile ».

    Si les limitations légales du rayonnement gênent tant que cela, pourquoi diable l’équipe de Niel ont acheté Orange suisse, ces normes sont en place bien avant leur arrivées.

    En finalité, beaucoup de buzz ….

    1. Henry Dunant

      J’ai pas bien compris le propos ? Il semble normal qu’un nouvel entrant investisse sur une technologie d’avenir et permettant une indépendance technique et financière vis à vis du monopole Swisscom. En lisant la documentation je ne vois pas de critique vis à vis du cuivre, juste que l’on est en train de pousser ces infrastructures au bout du bout de ce que l’on peut en tirer à que l’on arrivera bien à un moment à la limite. Concernant les limites de rayonnement Suisse, cela signifie juste que le maillage d’antenne doit être plus dense afin d’assurer une bonne couverture, donc plus d’investissement et de temps pour une bonne couverture. Voilà, c’est quoi le problème avec Salt ?

  6. bmaynard

    Bonjour,
    Pourquoi dites vous « Salt a arrêté de communiquer officiellement sur le nombre total de ses abonnés qui étaient de 2,02 millions à fin 2015 ».
    Fin 2016, le nombre de clients était de 1,872 M contre 2,024 M fin 2015 avec une hausse des clients contrats (1,203 M fin 2016 contre 1,151 M fin 2015) et une baisse des clients prépayés (-23,3%).
    « L’EBITDA passe ainsi de 315 à 432 millions en 2016. »
    En fait l’EBITDA publié passe de 345,5 MCHF à 428,4 MCHF mais retraité des charges de restructuration (lancement de la marque Salt, arrêt du paiement des licences pour la marque Orange), l’EBITDA passe de 412,5 MCHF en 2015 à 437,9 MCHF soit une hausse de 6,1%.
    Quant aux salariés, ils ne sont en recul que de 29 personnes en 2016 à 804

    1. Voici la prise de position officielle de Salt: “Je vous confirme que les résultats de Salt sont les suivants: nous avons 789 employés à fin 2016, et nous avons réalisé un EBITDA de 432 MCHF en 2016 (excluant les effets comptables « Instalment Accounting »).”

      1. bmaynard

        Bien pris note
        Je me trompe et vous avez raison

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