Numérique: les dangers sous-estimés de l’hypoconnectivité!

  • Dernière modification de la publication :13/07/2017
  • Commentaires de la publication :20 commentaires

 

La priorité absolue doit être accordée au déploiement de l'infrastructure large bande dans le monde, selon l'UIT.
La priorité absolue doit être accordée au déploiement de l’infrastructure large bande, selon l’UIT.

Addiction Suisse a diffusé cette semaine un communiqué de presse portant sur la thématique de l’hyperconnectivité. Presque en même temps, la très respectable Union internationale des télécommunications (UIT), se fendait aussi d’un texte de presse sur l’utilité des technologies de l’information pour favoriser le développement durable… Rien à voir? Au contraire!

Commençons par reproduire quelques lignes des «moralistes» d’Addiction Suisse, en l’occurrence le début dudit communiqué de presse, ci-dessous en italique:

Nous sommes nombreux à rester connectés pratiquement vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Internet est un outil pratique, qui rend souvent de précieux services. Mais qu’en est-il des répercussions sur la santé, la vie sociale et l’image de soi? Et quid de la protection des données? Addiction Suisse apporte des réponses dans une nouvelle publication de la série «Focus».

Des raccourcis discutables

Derrière un vernis de «bon sens», puisqu’il est tout de même indiqué qu’internet est un outil pratique, Addiction Suisse fait immédiatement appel à nos peurs et évoque des répercussions sur la santé la vie sociale et l’image de soi… En quoi le fait d’être connecté au réseau des réseaux peut-il avoir un tel impact sur nos vies? Et que vient faire ici la protection des données?

Pour simplifier le propos et montrer le caractère quelque peu absurde des peurs ainsi agitées, c’est un peu comme si l’on avait reproché aux moines copistes leur addiction aux ouvrages qu’ils reproduisaient ou comme si l’on décriait le goût immodéré pour la lecture, donc pour la culture, des «rats de bibliothèque»! D’ailleurs, gare aux dangers de ces rayonnages: tous ces pamphlets d’extrême gauche, ces brûlots d’extrême droite, ces apologies des paradis artificiels, sans parler de ces funestes écrits sur le rire…

Choisir de se cultiver plutôt que de patauger dans l’ignorance

Car accéder à internet, c’est d’abord accéder à la plus formidable base de connaissance jamais mise à disposition de l’humanité. Le problème ne réside donc pas dans l’hyperconnectivité. Aujourd’hui, le problème serait plutôt l’hypoconnectivité, c’est-à-dire des personnes qui renonceraient au savoir ou qui préféreraient patauger dans leur ignorance, redoutant un excès de connaissance…

Addiction Suisse se trompe (encore une fois) de cible. Le problème ne réside pas dans internet, comme pourrait le laisse à penser ce communiqué de presse quelque peu racoleur rédigé pour tenter d’obtenir une certaine visibilité. Encore une fois, le problème réside dans l’utilisation que l’on peut faire du savoir, des techniques, technologies, voire des aliments… Dommage.

L’UIT souligne l’intérêt du large bande…

Pour prendre de la hauteur, il peut être utile de lire avec attention cet autre communiqué de l’UIT, qui souligne tout l’intérêt des technologies de l’information pour atteindre les objectifs du développement durable. En voici le début, également en italique. J’invite d’ailleurs le lecteur à en poursuivre la lecture pour s’imprégner de l’universalisme qui est à son origine:

La Commission «Le large bande au service du développement durable» a publié aujourd’hui une déclaration dans laquelle elle exhorte les décideurs, le secteur privé et d’autres partenaires à accorder la priorité absolue au déploiement de l’infrastructure large bande dans les stratégies visant à accélérer le développement dans le monde et à avancer plus rapidement sur la voie de la réalisation des ODD.

Cette déclaration a été prononcée à l’occasion du Forum politique de haut niveau pour le développement durable de 2017, réuni à New York du 10 au 19 juillet, pour orienter l’action menée à l’échelle mondiale en vue d’atteindre les Objectifs de développement durable.

ABE!

Xavier Studer

Cet article a 20 commentaires

  1. Bobby Jones

    Votre article est d’une bêtise effrayante. Faire le parallèle avec des moines copistes ou des rats de bibliothèques est tout simplement ridicule. Ce qui rend accro, ce sont avant tous les notifications. Vous nous parlez des merveilles de l’internet, alors que ce sont les applications de chat, les jeux et les vidéos que les personnes accros consomment le plus.

    Bref, 0/10 pour votre effort, c’est inquiétant de penser qu’une personne qui écrit autant sur le numérique puisse être aveugle à ce point.

    1. Je vous retourne le compliment. Pourquoi stigmatisez-vous certains comportements? Et pourquoi ne pas mettre en cause directement certains contenus, voire les interdire, n’est-ce pas? Vous avez une dent contre la vidéo ou les jeux? Fondamentalement, mon article vise exactement ce manque d’ouverture et de tolérance. Donc, plein dans le mille! CQFD

      1. Bobby Jones

        Pour la télé (et par extension la vidéo), il a été prouvé scientifiquement qu’elle est nuisible à la santé physique et mentale, ce n’est même pas une question de contenu, mais de medium. Pour les jeux vidéos aussi. Ce qui crée l’addiction, c’est le design des apps et jeux et leurs systèmes de notifications, mais aussi la facilité de ces systèmes qui ne demandent aucun effort.

        Le communiqué de presse n’était pas alarmiste et raisonnable, c’est votre réaction au communiqué qui me paraissait aberrante. Je réfléchirai volontiers à votre accusation de manque de critique et de tolérance, mais je vous suggère d’en faire autant quant à votre manque d’esprit critique quant aux technologies numériques.

        1. Je rappelle le début du communiqué: “Nous sommes nombreux à rester connectés pratiquement vingt-quatre heures sur vingt-quatre”. Dans quelle mesure Addiction Suisse n’essaie pas de faire passer nombre d’entre-nous pour des addicts? Indélicat, non?

          Par ailleurs, ce blog renvoie régulièrement sur toutes les campagnes illustrant certains risques liés à certains usages d’internet. Exemples:

          https://www.xavierstuder.com/2017/05/17/clips-realite-virtuelle-sensibiliser-parents-monde-numerique/

          https://www.xavierstuder.com/2016/06/11/operateurs-veulent-proteger-jeunesse-medias/

          https://www.xavierstuder.com/2016/11/10/jeunes-toujours-plus-accros-smartphones-selon-etude-james-2016/

          https://www.xavierstuder.com/2015/11/25/bd-petites-histoires-internet-ofcom-securite/

          https://www.xavierstuder.com/2014/10/31/les-jeunes-peuvent-vivre-smartphone/

          https://www.xavierstuder.com/2013/12/10/internet-des-parents-parfois-desarmes/

          1. Bobby Jones

            La phrase que vous extrayez n’est pas outrancière, mais je vous concède volontiers qu’elle n’est pas juste. Je ne suis pas votre blog depuis assez longtemps pour connaître votre ligne générale, mais je suis content d’apprendre que vous ne négligez pas complètement les risques liés au numérique.

  2. Michel

    Monsieur Studer, votre article est consternant. Je me suis demandé si vous avez bien lu le communiqué d’Addiction Suisse.

    Je prends un exemple en vous citant tout d’abord :

    « Addiction Suisse se trompe (encore une fois) de cible. Le problème ne réside pas dans internet, comme pourrait le laisse à penser ce communiqué de presse quelqie (sic) peu racoleur rédigé pour tenter d’obtenir une certaine visibilité. Encore une fois, le problème réside dans l’utilisation que l’on peut faire du savoir, des techniques, technologies, voire des aliments… Dommage. »

    Et en citant Addiction Suisse ensuite :

    « Les enfants et les adolescents doivent apprendre à utiliser correctement les médias numériques et savoir comment se protéger des dangers », résume Louisa Sang, spécialiste en prévention à Addiction Suisse. Il est également important de redonner confiance aux parents dans leur rôle éducatif face à un phénomène qu’ils connaissent parfois moins bien que leurs enfants. »

    C’est exactement ce que vous vouliez dire, n’est-ce pas ? Le problème réside dans l’utilisation correcte d’internet. Or, c’est justement ce que le communiqué tente d’expliquer. Une petite partie des adolescents surtout ( 7% selon Addiction Suisse) a un comportement problématique. Inutile, je pense, de citer le harcèlement que subissent certains ados sur les réseaux sociaux. Superflu aussi d’évoquer la cybercriminalité. Vous le faites régulièrement vous-même en reprenant justement les communiqués de Melani.

    Quant à cette phrase : « Choisir de se cultiver plutôt que de patauger dans l’ignorance », elle me laisse songeur. Ainsi donc, sans internet, impossible de se cultiver. Et ces mots au sujet des personnes qui n’utilisent pas internet « (…) redoutant un excès de connaissance… » sont d’une méchanceté incompréhensible sous votre plume.
    Pour moi, internet est un magnifique outil, mais il ne remplace pas les moyens traditionnels d’apprendre et de se cultiver. Internet est un outil et donc, il faut apprendre à s’en servir.

    D’autre part, je ne sais vraiment pas ce que viennent faire ici vos pamphlets d’extrême gauche ou brûlots d’extrême droite. Une chose est sûre cependant, ce sont des expressions à utiliser avec précaution.

    Encore un mot pour vous remercier de vos articles quotidiens que j’ai toujours grand plaisir à lire.

    1. On trouve les mêmes risques et danger dans le monde dit “analogique”. Pourquoi s’acharner sur internet et le numérique?

  3. Foxband

    M. Studer, vous parlez d’un vernis de « bon sens », le bon sens voudrait que vous alliez lire la dernière édition de cette publication « Focus » au lieu de vous limiter aux vernis des communiqués de presse, qui sont dans les faits souvent… limités.

    Le contenu de ces six pages est très mesuré, il fait part du manque de consensus, et même du doute que certains ont sur le fait que ce serait une maladie.
    En lisant ce document, vous comprendrez ce qui n’était pas forcément clair dans le communiqué, et vous réaliserez peut-être que certains peuvent effectivement avoir un problème de dépendance au réseau humain – avec ses qualités et ses défauts – qu’est internet.

    Concernant l’autre communiqué, que vous avez malhabilement opposé au premier, l’UIT n’est même pas capable de donner un lien valable pour lire dans son entièreté la déclaration – et après ça veut sauver le monde…

    Avec ce genre de communication, il est opportun d’avoir un minimum de sens critique : ce nouveau monde qu’ils veulent tant, est-il bien compris par tout le monde ?
    Ils veulent « éliminer la pauvreté et stimuler la prospérité », il faut véritablement avoir une foi aveugle pour ne même pas douter un seul instant de ce qui se cache derrière ce beau discours.
    Mais probablement que le fait d’avoir la sixième fortune mondiale comme coprésident devrait faire s’évaporer mon désenchantement et mes doutes…

    Et pour répondre à votre réponse à Michel :

    Je pensais, que le monde était déjà entièrement numérique – selon vos dires réguliers.
    Plus sérieusement, les quatre prises de positions politiques de la fondation que vous critiquez concernent l’alcool, le tabac, le cannabis et les jeux d’argent. Il n’est nullement question d’un acharnement, par contre les médias aiment bien ce sujet – mais aussi le cannabis, l’alcool et le tabac…

    Par contre, si vous pensez que la dépendance à internet n’existe pas, ou qu’internet en tant que vecteur pour certaines dépendances est une fausseté, il va falloir sérieusement étayer votre conviction.

    1. Le bon sens, c’est de ne pas mettre sur pied d’égalité cannabis, alcool, fumer, surfer, jouer, chatter, comme Addiction Suisse qui mélange allègrement ce qu’ils appellent des “addictions” aussi bien à des substances proscrites par la loi qu’avec finalement n’importe quoi, dont internet…

      1. Cedric68

        Je vous renvoie à la définition d’addiction du Larousse :
        http://www.larousse.fr/encyclopedie/medical/addiction/185204

        Etre dépendant (par exemple) de la télévision, de la lecture, d’internet, des réseaux sociaux ou des jeux vidéos (en ligne ou pas) peut être aussi nocif à long terme sur la santé, en raison du manque d’activité notamment.
        Exemple : http://sante.lefigaro.fr/actualite/2012/07/20/18677-deces-sur-10-est-manque-dexercice-physique

        Sans parler des problèmes liés à la sociabilité : https://lesdangersdinternet.wordpress.com/

        Bref, oui, il faut mettre sur pied d’égalité ces addictions qui peuvent être toutes mortelles à moyen ou long terme.

        Tiens, puisque vous prônez le sport en vrai plutôt que devant son écran (ce en quoi je vous rejoins), on parle de l’addiction au sport ? http://www.rfi.fr/science/20170222-addiction-sport
        🙂

        1. Cette marotte de voir des addictions partout fait simplement le fond de commerce de ces gens, c’est tout. Il est bien fait mention des connaissances négatives.. Personnellement, je suis “addict” au savoir… et donc critique…

          Visiblement, ça dérange!

          Je rappelle le début du communiqué: “Nous sommes nombreux à rester connectés pratiquement vingt-quatre heures sur vingt-quatre”. Dans quelle mesure Addiction Suisse n’essaie pas de faire passer nombre d’entre-nous pour des addicts? Indélicat, non?

          1. Cedric68

            Le fait que certains (trop) restent scotchés des heures derrière son écran n’est pas une marotte, mais un fait. Les conséquences aussi. Qu’on appelle cela oisiveté, addiction, fainéantise ou bêtise, peu importe. C’est la réalité.

          2. Xavier Studer

            Cela n’est pas nouveau et n’a rien à faire avec l’hyperconnectivité.

          3. Cedric68

            Pas le temps de chercher, mais j’ai le sentiment que l’hyperconnectivité a encore augmenté le phénomène.

            Accessoirement, ceux qui regardent leur smartphone en conduisant ? Ils sont quoi ? Addicts ? Crétins ? Inconscients ? Dans ce cas aussi, l’hyperconnectivité tue.

            Qu’on se comprrenne bien. Moi le premier, j’ai toujours mon smartphone sur moi et je regarde mes multiples et diverses notifications assez rapidement. Mais ce n’est pas parce qu’on nie un problème comme vous semblez le faire qu’il n’existe pas : l’hyperconnectivité tue.

          4. Xavier Studer

            Toute utilisation maladive de n’importe quoi et à suivre. Encore faut-il que l’on parle réellement d’adiction…

  4. redge73

    beau discours de L’UIT,
    Faudra déjà qu’une partie du tiers monde aille la chance d’avoir à boire et à manger et de l’électricité et après seulement, éventuellement accéder à Internet si la chance sociale le leur permet, non ?

    1. Zaslawsky

      75% de la population mondiale n’a pas accès au téléphone ni à un réseau et encore moins à Internet.

      Ce merveilleux outil est utilisé dans un entre soit de pays occidentaux.

      En fait on pense parler au Monde mais on ne se parle qu’à nous même …

    2. Tricoline

      Très juste !

      Il y a d’autres priorités avant de “donner” un smartphone et l’accès Internet à toute l’Afrique …

      Mais bon l’UIT est probablement “infectée” par les gros acteurs de la branche …

  5. Zaslawsky

    On peut être addict a une substance psychotrope (café, alcool, tabac) ou à un comportement (hyperconnectivité, achats compulsifs, travail “workalkoolic”, sexe).

    La consommation excessive de substances comme les comportements non maîtrisés n’arrive qu’à une toute petite partie de la population en Suisse mais ce petit pourcentage existe.

    Attirer l’attention des personnes curieuses sur un risque de banalisation d’un phénomène – toutes ces personnes que vous croisez dans la rue, dans le train, dans les transports publics et même parfois au cinéma, la tête basse et les yeux rivés sur leurs écrans de smartphone où il croient voir le monde – préoccupant n’est pas stupide et j’imagine que vous en conviendrez comme moi.

    Bien à vous

    Rene Zaslawsky

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