Les enfants doivent-ils apprendre à coder à l’école, comme le pense Orange?

  • Dernière modification de la publication :12/10/2017
  • Commentaires de la publication :16 commentaires
Le Mate 10 de Huawei sera animé par un processeur comportant des circuits spécialement dédiés à l’intelligence artificielle.
Le Mate 10 de Huawei sera animé par un processeur comportant des circuits spécialement dédiés à l’intelligence artificielle.

Cette question continue de faire couler beaucoup d’encre: est-il nécessaire d’apprendre aux enfants de programmer des machines? Une question en apparence simple, mais qui est en fait beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. Et de toute manière, rien ne remplace la responsabilité individuelle!

En effet, jeune étudiant, comme d’autres,  je m’étais par exemple de mon propre chef inscrit à des cours d’informatique et avais suivi une formation de base en programmation. J’ai ensuite cassé ma tirelire pour m’acheter mon premier PC. Tout ça, il y a plusieurs décennies; pour souligner que cette question n’est pas nouvelle. Je n’ai pas attendu Orange… Une certitude; ceux qui hurlent aujourd’hui à la numérisation ont manqué quelques trains…

Au début de ma carrière professionnelle, comme d’autres très rares collègues, j’ai ensuite fait le choix de me lancer dans le journalisme sur internet et ai acquis des rudiments de HTML, une autre forme de code. Même après la popularisation des CMS, mes connaissances tant en programmation qu’en HTML me sont encore des plus utiles au quotidien. Cela dit, je m’interroge tout de même sur le fond…

Numérique: des langages déjà obsolètes

Quel langage faut-il apprendre: le Pascal, le Basic, le Cobol, le C++? Et quid du HTML, de la programmation de feuilles de styles et autres… Quid des différents formats de codecs, conteneurs et autres normes technologiques si utiles lorsqu’on fait du multimédia au quotidien, sans parler de la vie de tous les jours épicée de DAB+, 4K, h.265…

Car la réalité est bien là. Alors que certains barons vieillissants des médias s’interrogent pompeusement sur l’avenir numérique de la profession, les jeunes lancent eux-mêmes leurs propres journaux sur internet en utilisant WordPress, par exemple. En Suisse alémanique, l’exemple de Tize.ch laisse songeur et devrait donner à réfléchir à certaines «élites» incompétentes.

Et voici de nouvelles normes…

S’il semble que nombre de jeunes s’approprient aujourd’hui ce savoir, comme je l’ai fait de mon propre chef il y a plus de 20 ans, il ne faut pas oublier que l’histoire informatique est pavée d’échecs ou de voies de garage. Certains langages, parfois encore fort utilisés, sont désormais obsolètes… A méditer avant de foncer tête baissée. Peut-être que quelques principes de base, quelques notions de logique formelle ou d’épistémologie et une tête bien faite constituent le minimum requis…

Parallèlement, notre monde entre dans l’ère «post-numérique», qui va utiliser toutes les ficelles déjà presque déliquescentes du numérique. Il prendra de plus en plus le chemin de la balbutiante intelligence artificielle. Et voilà déjà que de nouveaux codes, de nouvelles normes font leur apparition… On parle désormais de langage neural, de processeurs bioniques… Bonne chance!

Dans l’intervalle, restez branché. Il ne sert à rien de vouloir camper sur ses positions et de vouloir résister au progrès… Le monde n’a pas fini de changer! Quoi qu’il en soit, il est fort probable que la créativité et l’inventivité deviendront de plus en plus essentielles pour se différencier des machines… ABE.

Xavier Studer

Cet article a 16 commentaires

  1. rolgui2002

    On a plus le temps d’apprendre les nouveautés technologiques, qu’elles sont déjà obsolètes. quand pourra-t-on produire un travail, si on doit toujours apprendre à manier les outils?
    C’est la réflexion que je me fais. Bon, d’accord je n’ai plus vingt ans, mais j’ai quand même une formation technique et j’ai toujours suivi le progrès, mais ça va de plus en plus vite.

  2. Stéphane Brunner

    La question du langage est complètement anodine, l’important d’un cour d’informatique est de comprendre:
    – les unités utilisée en informatique (je ne pense pas que ce soit acquis)
    – les structures de données (indépendamment d’un langage spécifique)
    – Quelque base comme les tableaux et les dictionnaires

    Cela parait simple mais c’est les bases qu’il faut apprendre pas les fioritures 🙂

    1. rolgui2002

      Pas simple pour tout le monde. Je connais beaucoup de personne qui n’y comprennent rien. Et ils ne veulent pas savoir. Ça marche ou ça ne marche pas. Et ils rouspètent. he he he.

      1. Stéphane Brunner

        Ce que je veut surtout dire c’est qu’un cour d’informatique doit commencer par les bases, comme dans un cour ce math tu commence par apprendre les livret tu ne commence pas par apprendre à utiliser une calculatrice d’une marque donnée 🙂

  3. Mr.Cas

    En tant que père de 2 enfants je demeure surpris que le cursus scolaire soit le même qu’il y a 30 ans, malgré les changements importants au niveau des technologies et donc des formations et emplois. Malgré que les langages de programmation changent, il faut absolument prévoir un créneau codage et ce dès le primaire!
    Une fois que la base est comprise, changer de langage de programmation devient accessible et de plus en plus simple au fil du temps.
    Les priorités scolaires ne correspondent plus à la réalité économique et des emplois du future. Le cursus doit s’adapter à la réalité du monde dans lequel nous vivons. Le Latin est certes utile, mais j’ai des doutes que ce soit plus utile que le codage.
    On peut tout faire soi-même, y compris l’éducation scolaire- mais du moment où la scolarité existe pourquoi ne pas l’adapter à l’ère dans laquelle on évolue avec des sujets utiles pour l’avenir des enfants?

    1. vinni

      Pour commencer le cursus et les programmes scolaires ont très largement évolués en 30ans ! Prétendre le contraire, c’est juste prouver qu’on n’y connaît pas grand chose…
      Quand aux “priorités scolaires”, au primaire, il ne s’agit pas de former des informaticiens. Notre réalité économique comme vous dites, comprend aussi des sage-femmes, des banquiers et des garagistes. Nombres de métiers utilisent l’informatique aujourd’hui sans pour autant nécessité une quelconque maîtrise de la programmation !

      C’est comme prétendre qu’il faille être fort en mécanique pour pouvoir conduire une voiture.

      Pour finir, avant de parler de programmation à l’école il faut commencer par cesser les coupes dans l’éducation ! Parce que avec un poste fixe par classe au primaire, c’est juste mission impossible d’enseigner quoi que ce soit au niveau informatique à une classe de 24 élèves, mis à part comment taper au clavier !..

  4. Nels_Oleson

    Pour commencer, il faudrait que les enfants sachent utiliser correctement les programmes déjà existants (Word, Excel) et même un simple navigateur internet. En tant qu’enseignant, je peux vous dire que de penser qu’ils en savent plus que les adultes sous prétexte qu’ils sont nés avec est un mythe. Certes, il y a des enfants très doués en informatique, mais ce n’est pas une majorité, ou en tout cas pas une règle. Leur apprendre à coder et créer des programmes, serait comme donner des cours de mécanique à une personne ne sachant pas conduire. De plus, s’il est vrai qu’au début de l’informatique, il était nécessaire de savoir programmer sa machine (car peu de programmes disponibles), ce n’est plus le cas maintenant. Alors, oui, il peut être positif pour des élèves passionnés de proposer des cours de programmation dans le cadre scolaire, mais pour la plupart des autres, cela ne me semble pas constituer une priorité. Après, il faut aussi s’entendre sur ce qu’on appelle « programmation ». Si c’est connaitre quelques commandes « cmd » pour par exemple faire redémarrer la file d’impression, je n’appelle pas ça de la programmation…

    1. Jean Gui

      Et voilà la preuve que les enseignants ne comprennent rien aux défis futurs en terme de numérique. Quand les métiers manuels seront remplacés un à un par des robots, et ça va arriver très très vite pour certains, qui seront les personnes qui garderont un travail : ceux qui savent programmer. Et le type de langage utilisé n’est pas important, c’est la logique de programmation qui doit être acquise.

      1. vinni

        La logique de programmation est un simple type de logique par essai/erreurs, boucles de rétroactivité et récurrence, principalement.
        Il se trouve que ces différents aspects de la logique sont déjà bien abordés en mathématiques dès le primaire. Ce ne’st pas parce que l’on ne nomme pas ça “programmation” que s’en est très éloigné. Exemple ? Lors d’une partie d’échecs, lorsqu’un joueur cherche le meilleur coup à jouer il pratique le raisonnement conditionnel (si je fais ça, alors…) également très répandu en programmation.
        Ce qui n’est pas enseigné c’est de la programmation à proprement parler, et ce serait de toute façon bien compliqué avec l’équipement disponible… (eh oui, on réduit le budget de l’Etat, ça a des conséquences à tous les niveaux)

      2. Luc

        Chacun a une idée très précise de ce que l’école doit dire et faire. Il reste possible d’éduquer soi-même ses enfants, ou de les placer dans des écoles privées. Le débat sur le financement (le fameux ticket éducation) va forcément refaire surface un jour ou l’autre: il permettrait à un parent de ne pas payer l’école publique en plus de l’école privée.
        Pour ma part j’ai étudié du latin, du grec, d’autres trucs inutiles que j’ai évidemment aussi oubliés, et je n’en suis pas mort. De toute manière l’environnement social et familial suscite des loisirs et des passions, pas besoin d’école pour ça. Le but de l’école est d’inculquer des outils de base – en matière sociale notamment – permettant aux gens de communiquer entre eux, et de vivre ensemble. Le reste vient bien tout seul.

  5. Patrick

    Père d’un garçon de 13 ans, passionné par l’informatique et la programmation je ne trouve pas une seule formation extra scolaire dans le canton de Vaud pour apprendre le Java par exemple. On trouve du basique pour enfant ou des diplômes complets de programmeur, chers pour adultes. Cela montre bien que le sujet n’a pas encore été solidement débattu.

  6. Pedro

    Si vous voulez faire progresser vos enfants en informatique, mettez-les tout simplement sous linux. Et arrêter de leur donner des programmes ou il suffit d’appuyer sur un bouton pour que tout se fasse seul sans avoir la possibilité d’aller plus loin. Linux fonctionne aussi simplement, peut être même plus simplement que sous windows ou mac. Mais si vous voulez aller plus loin et comprendre comment cela fonctionne, la porte est grande ouverte et sans aucune limite. Et quand je dis aucune limite c’est que vous pouvez tout faire. Regarder ce que les gens font avec un raspberry par exemple…

    Pour apprendre, il suffit d’Internet et de savoir faire des recherches. C’est la seule et unique base que les gens ont besoin. Ensuite, on trouve tout sur absolument tous les domaines.

    L’école devrait être la pour qu’un élève sache dans quel domaine il est bon manuel, intellectuel, artistique,… comme le font certains pays du nord depuis très longtemps.

    Concernant l’AI, il faudra revoir totalement la façon de programmer car un robot ne pourra pas s’écrire, se debuguer et se compiler pour pouvoir finalement s’exécuter. Il faudra un language machine qui s’exécute en temps réel un peu comme de l’assembleur ce qui n’existe pas encore d’après mes connaissances.

  7. Ludo

    Je travaille comme software engineer. Attention aux effets de marketing et de modes. Faisons confiance aux enseignants, notre formation est parmi les meilleures au monde.

    Reportage sur C8 : Le codage, l’avenir de nos enfants – William à midi – 10/10/2017 : https://www.dailymotion.com/video/x640exa

    Je suis entièrement d’accord avec le formateur quand il parle de structurer l’esprit et de développer la créativité. Pour moi, c’est juste à un outil ludique de plus à dispositions des enseignants pour développer ces compétences.

    Par contre, c’est utopique de penser que ces enfants vont développer leurs propres programmes professionnels sans formation d’ingénieur. L’apprentissage du « codage » ne doit pas suivre cet objectif.

    1. Mr.Cas

      on peut tenir le même discours pour les autres sujets enseignés à l’école: Les enfants ne deviendront pas tous des ‘spécialistes’ en maths, géographie, histoire, chimie, biologie, latin et j’en passe- pourtant c’est enseigné dans le détail et ce depuis plus de 30 ans. La culture générale est certes très importante – mais l’introduction au codage permets aux élèves de s’initier et de devenir ingénieur- s’ils le souhaitent- par la suite.
      La question qui se pose est: Est-ce que le codage (ou introduction au…) et plus ou moins important que les structures du sols et des roches du pays (que l’on oublie un mois après l’avoir appris)- le latin (que bcp n’utiliseront pas) ou la biologie?
      Encore un point: c’est le niveau d’approfondissement de chaque sujet qui pourrait être déterminant- on peut tout étudier mais de manière plus succinct et ainsi avoir le temps et les ressources pour rajouter des sujets actuels comme le codage / programmation. Je ne suis personnellement pas d’accord qu’il faut être ingénieur (et donc adulte) pour réussir dans ce domaine.

  8. narglix

    Peut-être pas à court et à moyen terme mais d’après un interview du chirurgien Laurent Alexandre donné sur RTS:

    https://www.rts.ch/play/radio/la-matinale/video/linvite-de-romain-clivaz-video-laurent-alexandre?id=8968254

    il faudrait plutôt enseigner des domaines … humanistes car l’AI aurait le potentiel de remplacer bon nombres de métiers techniques. Il ne pense pas que tous les humains pourront travailler dans le domaine de l’AI.

    A méditer, du coup je vais lire son livre: La guerre des intelligences pour en savoir un peu plus.

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