Swisscom nous sert l’intelligence artificielle à toutes les sauces!

  • Dernière modification de la publication :13/10/2017
  • Commentaires de la publication :4 commentaires
L'intelligence artificielle, la vraie, suscite toujours beaucoup de fantasmes...
L’intelligence artificielle, la vraie, suscite toujours beaucoup de fantasmes…

Swisscom a déployé jeudi de gros moyens pour tenter de convaincre la presse qu’il est dans le coup technologiquement. Après avoir réchauffé maladroitement le concept de numérisation, l’ogre bleu communique désormais sans retenue sur l’intelligence artificielle. Dans sa propagande, il se mesure à des géants comme Apple, Google, Amazon et autres… Que penser de cette salade?

Le puissant opérateur, qui domine facilement tous les domaines télécoms où il est actif en Suisse, a réuni une poignée de journalistes à son Business Campus de Zurich à l’occasion d’un petit déjeuner de presse. Il y a organisé différentes présentations en présence de ses spécialistes. On en trouve un utile condensé sur cette page internet.

Intelligence artificielle: quelle définition?

L’opérateur commence par cette mise en bouche: «le Big Data comme l’intelligence artificielle utilisent des volumes de données importants et fournissent au final des résultats. La différence (entre ces deux concepts) réside dans l’anticipation de comportements intelligents: le Big Data analyse des données et présente à la fin le résultat souhaité. En revanche, si l’intelligence artificielle analyse également des données, elle apprend en même temps et identifie des liens qui nous étaient encore inconnus.»

Intéressant, car cette conception correspond souvent à ce qu’on peut lire en filigrane dans certaines publications. Cet amalgame entre intelligence artificielle et utilisation d’un volume important de données me laisse toutefois songeur. L’entrée en matière de Wikipedia me semble beaucoup plus à propos: «l’intelligence artificielle est “l’ensemble de théories et de techniques mises en œuvre en vue de réaliser des machines capables de simuler l’intelligence. Elle correspond donc à un ensemble de concepts et de technologies plus qu’à une discipline autonome constituée”.»

Intelligence artificielle: grande confusion

Cette mise au point n’est pas innocente de ma part. Trop souvent, je constate qu’il y a effectivement une grande confusion dans la littérature entre Google, algorithmes, commande vocale, Siri, Chatbot (là il fallait oser!) et… intelligence artificielle. Trop souvent, des plumes qui n’ont jamais vu ou produit une seule ligne de code de leur vie, pensent que l’intelligence artificielle est partout… Effectivement, une armée de communicateurs (y compris chez Google, Apple, Amazon, Huawei et… Swisscom) nous le laisse à penser. C’est tendance!

C’est ignorer le sens même de l’intelligence artificielle, encore réellement balbutiante aujourd’hui… Encore une fois, référons-nous à Wikipedia: « Le concept d’intelligence artificielle forte fait référence à une machine capable non seulement de produire un comportement intelligent, mais d’éprouver une impression d’une réelle conscience de soi, de ‘vrais sentiments’ (quoi qu’on puisse mettre derrière ces mots), et ‘une compréhension de ses propres raisonnements’.»

Prendre un peu de recul et surtout de la hauteur…

Bref. Plus que jamais il est nécessaire dans le domaine des nouvelles technologies d’être très critique par rapport à certaines «nouveautés» présentées à grand renfort de marketing par des marques très réputées ou les opérateurs comme étant de l’intelligence artificielle. Souvent, il ne s’agit que de vulgaires algorithmes, certes très performants, mais qui ne sont en aucun cas de l’intelligence artificielle.

Certes, il faut aussi se montrer pragmatique, car visiblement la sophistication de certains processus algorithmiques nous donne un avant-goût d’intelligence artificielle. Et cela peut dans certains cas déjà aujourd’hui nous faciliter le travail dans de nombreux domaines, y compris dans les sciences humaines (traduction, correction de texte, etc.) Reste que le chemin semble encore long avant d’arriver à certains scénarios esquissés dans des films de science-fiction…

Xavier Studer

Cet article a 4 commentaires

  1. Daniel

    Bravo !! Un recadrage bienvenu ! Alors que certains causent de 4.0, de 5.0, ils en oublient presque qu’avant il faut absorber 3.0 !

  2. Hans

    Nos très chers opérateurs feraient mieux de se conce ntrer sur ce qu’ils ont à faire: peoposer des réseaux qui fonctionnent à des prix corrects.

  3. Pedro

    Merci Xavier pour cet article 🙂
    Il y’a des algorithme qui sont vraiment puissant comme remplacer les pubs au bord des stades de foot en live… Et dur dur de détecter la chose. Sinon toutes ces entreprises préparent l’arrivée du processeur quantique qui va traiter tous ces informations extrêmement rapidement.

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