Visite à l’EPFL: Swisscom prépare la vente de ses données mobiles dans son Digital Lab!

  • Dernière modification de la publication :25/01/2020
  • Commentaires de la publication :7 commentaires
Le Swisscom Digital Lab de l'EPFL.
Le Swisscom Digital Lab de l’EPFL.

Les opérateurs de téléphonie mobile possèdent une montagne de données issues de la localisation permanente de nos smartphones. Au Swisscom Digital Lab de l’EPFL créé il y a trois ans, on relance actuellement une plate-forme sur internet qui permettra la vente de ces données aux entrepreneurs ayant de bonnes idées!

Dans le bâtiment minergie F de l’Innovation Park de l’EPFL, on peaufine actuellement un outil relancé en septembre 2018. Sur Mobility Insights il est en effet possible de se créer un login et un mot de passe gratuitement pour accéder aux données de positionnement issues de nos smartphones. Une montagne de données!

Deux millions d’événements par seconde!

Chaque seconde, ce ne sont pas mois, d’un à deux millions d’événements qui sont stockés sur les serveurs de l’ogre bleu qui détient presque invariablement depuis des années environ 60% du marché de la téléphonie mobile en Suisse. Au total, ce sont 100 milliards d’enregistrements qui sont avalés par ces machines tous les jours.

Pour garantir la protection des données, les enregistrements sont anonymisés et agrégés au minium par groupes de 20 personnes. Le responsable technique explique que les identifiants sont «hachés numériquement» et qu’il n’est pas possible de remonter à un individu après ce traitement. Il indique qu’un audit en cours de réalisation à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) a confirmé jusqu’ici cet anonymat.

Le Swisscom Digital Lab a été créé il y a trois ans.
Le Swisscom Digital Lab a été créé il y a trois ans.

A environ 130 mètres près

Mais de quelles données parle-t-on? Ces positions numériques sont celles des cartes SIM des utilisateurs du réseau mobile de Swisscom enregistrées en temps réel sur son réseau qui totalise des milliers d’antennes dans toute la Suisse. Des informations qui donnent en permanence la position des usagers connectés à une antenne à environ 130 mètres près.

Contrairement aux informations utilisées par Google, par exemple, qui sont générées sur la base de positions obtenues par GPS ou par triangulation de réseaux Wi-Fi, celles des opérateurs sont relevées en permanence, de façon systématique. Et même si elles sont moins précises, elles permettent tous les jours de recréer des millions et des millions de cheminements grâce à des algorithmes développés spécifiquement.

Les exemples de Pully et Morges

Swisscom a d’ailleurs déjà utilisé cette richesse par le passé pour comprendre ce qui se passait sur la commune de Pully, où les autorités ont voulu remédier à des engorgements réguliers de l’artère principale. Et la ville continue aujourd’hui d’exploiter ces informations pour optimiser la fluidité du trafic routier et améliorer l’attractivité du centre-ville…

D’autres communes du pays ont aussi tiré parti de ce trésor. La commune de Morges a ainsi réalisé une étude complète sur la mobilité sur son territoire. Grâce aux enregistrements des cartes SIM, elle a pu se constituer une idée très précise des habitudes des pendulaires et des flux de voyageurs.

Une trentaine de projets sont passés par le Swisscom Digital Lab de l'EPFL.
Une trentaine de projets sont passés par le Swisscom Digital Lab de l’EPFL.

Crans-Montana et le roaming

Du côté de Crans-Montana, les données des cartes SIM en roaming permettent de se faire une idée très précise de la nationalité des visiteurs… qu’ils fassent escale dans un hôtel ou dans une villa individuelle. Ces informations ont même permis de savoir qu’une majorité de ces touristes s’arrêtent systématiquement à Sion…

Et ces données n’ont pas livré tout leurs secrets*. Pour pouvoir se faire une idée du potentiel de ces informations, Swisscom propose gratuitement tous les enregistrements de celles glanées en gare de Berne pendant près d’un mois. A tester ici. D’autres zones peuvent être définies, il faut compter environ 1500 francs pour y accéder pendant une semaine…

Enfin, dès septembre, l’équipe du Swisscom Labs proposera une carte permettant de comparer les émissions en CO2 des cantons, puisque ces données permettent de différencier les parcours en train de ceux effectués en voiture… Passionnant!

Xavier Studer

*Les clients de Swisscom ne souhaitant pas que leurs données soient ainsi utilisées peuvent se désinscrire du service «smart data» auprès du service client ou directement dans leur espace client sur internet.

La plateforme Swisscom Mobility Insights.
La plateforme Swisscom Mobility Insights.

Cet article a 7 commentaires

  1. Lulu

    Intéressant, mais ça doit consommer un max d’électricité de devoir stocker toutes ces années! Au fait, savez-vous combien de temps tout ça est conservé? Merci.

    1. Swisscom garde en permanence deux ans de données. Pas de chiffres sir la consommation, en revanche.

  2. David

    Et en plus c’est moi qui paie pour que $wi$$com puisse revendre ces données… Même si ces données sont anonymisées, ça devrait être désactivé par défaut et activable sur demande (de swisscom)

    1. Dominique Barreaux

      Tu finances les pététés? J’ai arrêté de le faire depuis bien longtemps.

  3. Jacounet

    Eh oui, on dit souvent que quand c’est gratuit c’est nous le produit, mais là on paie (plutôt cher) et nous restons un produit bien maléable exploitable et exploité.
    Quant à l’anonymisation des données, il y de quoi rire (jaune) quand on voit tous les opérateurs du web et entreprises aussi malins que Swisscom qui se sont fait pirater.
    Organiser une manif de gilets jaunes à Bern ou à l’EPFL? Oui, nous serons peut-être une centaine, à condition que nous offrions les grillades et les boissons…

  4. Pedro

    S’anonymiser, c’est facile et gratuit. Mode avion ou smartphone éteint et là plus personne ne peut vous suivre ou vous tracer comme à l’époque de la téléphonie fixe.

    Avez-vous besoin de recevoir un appel en conduisant, au travail, la nuit ?
    Soyez maître de vos données et de ce que vous fournissez gratuitement à des entreprises qui vont les revendre.

    Tout le monde le sait et pourtant peu font quelque chose.
    Accepteriez-vous lors d’une votation de vous faire suivre à la trace par une entreprise privée/un gouvernement 24/24h 7/7j et même à l’étranger dans le seul but de faire du profit ? (c’est ce que fait votre smartphone et vous payez pour vous faire suivre 🙂 )

    Paiement numérique, smartphone, cumulus, supercard, confirmation par sms, applications sur un store centralisé, synchronisation dans le cloud en clair, poster des photos, écrire du texte, .. beaucoup de choses permettent de vous localiser, de tracer vos habitudes, de vous identifier, etc

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