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La migration vers la vraie 5G prendra des années… d’optimisation

Une longue révolution est en marche avec la 5G.
Une longue révolution est en marche avec la 5G.

On l’a toujours écrit dans cette colonne. Il y a 5G et il y a 5G. Aujourd’hui, chez Swisscom, qui propose probablement le réseau le plus développé de Suisse en couverture et technologies, on nous a expliqué qu’il faudra du temps pour que la 5G atteigne le degré d’optimisation de la 4G actuelle…

En effet, ce n’est pas nouveau. Prenons la 4G dont l’autre petit nom est LTE pour Long Term Evolution. Il a en effet fallu près de dix ans pour que cette technologie arrive aujourd’hui à son sommet lorsque le petit logo 4G+ s’affiche sur votre smartphone, de quoi d’ailleurs presque tutoyer le gigabit théoriquement dans des conditions optimales…

Une 5G à la demande

Aujourd’hui, Swisscom propose presque partout de la 5G grâce à une technologie appelée Dynamic Spectrum Sharing (DSS) d’Ericsson. Autrement dit, il utilise son cœur de réseau actuel 4G pour faire passer en parallèle un signal 5G. Ce logo s’affiche sur son téléphone, mais on est parfois loin des performances maximales de la 5G.

Cette technologie est intéressante, car elle permet dans un laps de temps de l’ordre de la milliseconde de traiter en parallèle des signaux 4G et 5G, ce qui permet de mieux utiliser la puissance d’émission et les précieuses bandes de fréquences radio. D’ailleurs lorsqu’on sait que seuls un peu plus de 20% des mobinautes ont un combiné compatible 5G…

Les différentes 5G…

Du côté de Sunrise UPC et de son partenaire technologique Huawei, on préfère focaliser la communication sur l’utilisation des fréquences autour de 700 Mhz pour diffuser largement un signal 5G, dont la vitesse est nativement bridée par ce choix de fréquence. En contrepartie, le signal porte loin et peu d’utilisateurs (5G) se partagent cette ressource. Le résultat est donc plutôt efficace. D’ailleurs, Swisscom utilise aussi cette possibilité.

Mais tout n’est pas encore dit. Sur le long terme, les opérateurs feront basculer une partie de leurs réseaux sur la 5G standalone SA (5G autonome, en français) alors que la 5G actuelle (non standalone NSA ou non autonome) utilise des technologies 4G, y compris pour la bande des 3,5 GHz, qui permet aujourd’hui de dépasser le Gigabit.

Un long chemin…

Selon deux experts de Swisscom avec lesquels je me suis entretenu en fin de semaine passée, ce chemin sera relativement long, car il faut continuer d’assurer la disponibilité de la 4G à un maximum d’utilisateur simultanément. Cette possibilité d’une 5G autonome, qui s’obtiendra par une simple mise à jour logicielle, se fera ponctuellement dans des endroits ayant des besoins spécifiques où la demande est très forte, comme des lieux de production, des gares, certains centres-villes ou des concerts.

En raison notamment de différentes dispositions réglementaires et législatives*, les deux experts précisent que cette migration prendra du temps et qu’elle ne sera pas généralisée. Ils soulignent aussi que ce passage ne permettra pas d’arriver d’un coup au niveau d’optimisation du réseau 4G actuel, qui a nécessité une bonne dizaine d’années de travail. Bref, pour bénéficier d’un réseau à latence minimum (très réactif) aux débits stratosphériques, cela prendra encore des années pour progressivement faire évoluer les réseaux.

Procédures, réglementations, peurs…

Le problème n’est fondamentalement pas technique, mais réside plutôt dans les dispositions réglementaires strictes de la Suisse, les longues procédures d’autorisation de construire et les peurs de certaines parties de la population, attisée par les opposants à la 5G. Enfin, certaines autorités communiquent avec réticence, notamment en ce qui concerne les avantages de la 5G en matière de rayonnement, d’efficacité, de durabilité, de vitesse et de latence.

Précisons encore que nouvelles fréquences seront parfois nécessaires à l’extérieur, dans des centres commerciaux ou des points très précis pour atteindre ces débits. Et notre régulateur ne presse pas les choses compte tenu de différents facteurs, comme les réactions actuelles de l’opinion publique ou le manque d’étude sur l’effet de ces fréquences sur les organismes.

Des terminaux 5G, mais à optimiser

Enfin, cela nous amène aux terminaux et à leur capacité à gérer ces différentes évolutions. La bonne nouvelle est par exemple que les derniers appareils sont compatibles non seulement avec la 5G autonome, mais aussi avec les futures bandes de fréquences utiles. Théoriquement, ils sont donc prêts, même s’il faudra encore des mises à jour pour bénéficier au maximum de ces différentes versions de 5G…

Théoriquement toujours, car même si ces appareils de deuxième ou troisième génération sont conçus pour toutes les 5G, on constate que sur Samsung, par exemple, le mode d’économie d’énergie désactive la 5G, censée être plus performante. Les deux experts le soulignent à nouveau: comme pour toutes les évolutions technologiques mobiles, ces travaux d’optimisation prendront du temps. Patience…

Xavier Studer

*Depuis 2019, 3167 demandes de permis de construire sont en suspens dans toute la branche, notamment dans certains cantons romands. On en reparlera d’ailleurs bientôt, probablement!

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