
Microsoft a annoncé un investissement de 400 millions de dollars pour renforcer son infrastructure en nuage et en intelligence artificielle (IA) en Suisse. Cette somme s’inscrit dans la continuité d’une présence de 36 ans dans le pays, marquée notamment par l’ouverture de centres de données locaux il y a six ans.
L’annonce a été faite conjointement par Brad Smith, vice-président et président de Microsoft, le conseiller fédéral Guy Parmelin et Catrin Hinkel, directrice de Microsoft Suisse. Cet investissement vise quatre objectifs principaux: développer l’infrastructure technique, soutenir les jeunes entreprises, former massivement la population et renforcer le rôle de la Genève internationale dans la gouvernance de l’IA.
Expansion des centres de données
Microsoft prévoit d’étendre ses quatre centres de données situés près de Zurich et Genève avec des unités graphiques de dernière génération. Ces installations serviront plus de 50’000 clients existants tout en gardant toutes les données stockées sur territoire suisse, selon Microsoft. Cette localisation des données est censée répondre aux exigences strictes des secteurs réglementés, comme la banque, la finance et l’administration publique.
La banque UBS, l’un des plus gros clients de Microsoft en Helvétie, illustre cette stratégie. L’établissement financier, qui serait trop grand pour faire faillite, utilise les services nuagiques du géant tout en s’assurant que ses données sensibles restent dans le pays, combinant ainsi innovation technologique et conformité réglementaire, selon un communiqué de Redmond, dont des services comme Copilot peinent à convaincre.
Un million de Suisses formés d’ici 2027
Parallèlement, Microsoft s’engage à former un million de personnes en Suisse à l’IA d’ici 2027. Cette initiative cible les étudiants, les enseignants, les salariés et même le grand public à travers des plateformes comme AI-Fitness.ch. L’entreprise entend également collaborer avec les hautes écoles spécialisées et les associations professionnelles pour développer ces compétences numériques. Une manière d’assoir une forme de domination? Une spécialité de Microsoft: pensez à Windows!
Parallèlement, Microsoft renforce son soutien aux jeunes entreprises suisses à travers son programme «Swiss AI Tech Accelerator». Depuis 2019, l’entreprise américaine a déjà investi plus de 30 millions de francs suisses en ressources technologiques pour 1500 jeunes pousses locales, contribuant à la création de 11’000 emplois selon ses propres chiffres.
Dépendance technologique?
Malgré ces annonces prometteuses, différents observateurs indépendants s’interrogent sur la dépendance assourdissante de la Suisse à des géants de la tech comme Microsoft. Cette préoccupation se retrouve d’ailleurs dans d’autres pays européens qui cherchent à préserver leur souveraineté numérique face aux mastodontes américains et de leurs solutions propriétaires.
L’enjeu dépasse la simple question économique pour toucher à l’indépendance stratégique du pays. Bien que Microsoft garantisse le stockage local des données et le respect des réglementations suisses, la concentration des services numériques critiques entre les mains d’une telle entreprise soulève des questions sur la résilience à long terme de l’économie helvétique ou européenne, notamment face à la législation de l’Oncle Sam…
XS