Puces électroniques: la Suisse veut produire davantage localement

  • Dernière modification de la publication :04/08/2025
  • Commentaires de la publication :9 commentaires
Des puces suisses? Image: ChatGPT.
Des puces suisses? Image: ChatGPT.

La Suisse ambitionne depuis des années de développer une production nationale de semi-conducteurs. Un consortium mené par Swissmem, la faîtière de la mécanique et de l’électronique, dévoile un projet ambitieux: «Swiss Chip Fablab», une usine prévue à Dübendorf d’ici 2028 pour 200 millions de francs.

Selon le dossier présenté et dévoilé notamment dans la presse alémanique reprenant une dépêche de Bloomberg, la future fonderie offrira 4’000 m² de salles blanches. L’idée: mutualiser les équipements hors de prix pour réduire les coûts et mettre à disposition des acteurs suisses une chaîne complète de prototypage à la petite série.

Armasuisse et l’École polytechnique fédérale de Zurich pourraient potentiellement aussi apporter leur expertise en sécurité et en recherche. Il faut dire que d’après une évaluation de Swissmem, il existe en Suisse une centaine d’entreprises avec quelque 15’000 employés dans le domaine des semi-conducteurs. La branche est toutefois presque totalement inconnue, selon Swissmem.

Des circuits photoniques à Neuchâtel

En Suisse romande, le canton de Neuchâtel a déjà injecté 3 millions de francs dans le Centre suisse d’électronique et de microtechnique (CSEM) pour moderniser ses lignes pilotes. L’objectif est de renforcer la recherche et le développement (R&D) et d’accélérer l’industrialisation de microsystèmes, ces puces miniatures essentielles aux objets connectés.

Parallèlement, la spin-off CCRAFT prépare, toujours à Neuchâtel, la première fonderie suisse de circuits photoniques sur niobate de lithium, matériau capable de guider la lumière sur puce pour télécoms et calcul quantique, selon ce texte.

Sécurité, défense: un marché porteur

Dans le cadre du projet à Dübendorf, le secteur dédié de Swissmem discute du financement avec les groupes Rheinmetall et Thales, selon la presse. Ces industriels de la défense verraient d’un bon œil la fabrication locale de composants critiques pour radars ou systèmes de communication sécurisés.

Swissinfo dans un article de fond, expose en détail la situation de la production de semi-conducteurs. Fondamentalement, et encore plus dans le contexte instable d’aujourd’hui, ces initiatives sont vitales: elles visent à récupérer une part de souveraineté technologique face à des chaînes mondiales fragilisées par les tensions géopolitiques.

XS


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Cet article a 9 commentaires

  1. Theo

    Merci pour cette information. Je pensais pas qu’aurait de personnes travaillaient dans les puces en Suisse!

  2. Phil

    En Europe on ne produit que des grosses puces genre de 20 nm…
    .
    Il faudrait une alliance avec Samsung ou TSMC pour faire graver du 2 nm sur notre sol !!!
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    Stratégiquement nous sommes dépendants de l’Asie. Si il y a un tremblement de terre comme c’est déjà arrivé à Taiwan (CPU/GPU), une inondation comme cela c’est déjà produit en Thaïlande (disques dur WD) et que la production mondiale de composants électronique cesse
    pour une de ces raisons, voir en raison d’ une guerre, alors c’est l’ensemble de l’économie mondiale qui est mise à mal.
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    Il est impératif que l’Europe se réveille enfin et fasse produire des puces et autres composants sensibles de haute technologie sur son sol !!!
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    Si la Suisse lance une telle production et bien tant mieux !!! Pour une fois on ne sera pas trop à la traîne, en tout cas au niveau européen dans ce domaine là…

  3. Grand Lapin

    C’est mieux que rien mais avec 200 millions on n’ira pas loin. Pendant ce temps le Japon construit une usine à 40 milliards qui sera opérationnelle dans 5 ans et est destinée à concurrencer TSMC.

  4. Ludo

    @Phil On l’a déjà constaté durant la pandémie de Covid, avec la fermeture des frontières : des pénuries majeures ont touché les ordinateurs portables, les cartes graphiques, les puces électroniques, etc. Le secteur automobile a particulièrement souffert, avec des délais de livraison pouvant dépasser un an.

    Cette situation a mis en évidence notre forte dépendance vis-à-vis de Taïwan et de la Chine pour la production de composants électroniques critiques. C’est d’ailleurs l’une des raisons des tensions persistantes autour de Taïwan. Les États-Unis redoutent qu’une éventuelle intervention chinoise ne compromette leur approvisionnement stratégique, y compris pour leur propre armée.

    Par ailleurs, les pays occidentaux craignent une alliance renforcée entre la Russie et la Chine. Un scénario où Pékin bloquerait Taïwan tout en fournissant des armes à Moscou serait particulièrement préoccupant et mettrait l’Occident dans une position difficile.

    Heureusement, la Chine reste fortement liée économiquement aux États-Unis, qui constituent l’un de ses principaux partenaires commerciaux. Pékin n’a donc, à ce stade, aucun intérêt à provoquer une rupture avec Washington, ce qui constitue un facteur rassurant pour la stabilité globale.

  5. Tricoline

    Merci pour l’information, Xavier.
    C’est une excellente initiative pour la Suisse !
    .
    Espérons simplement que le président des États-Unis ne le prenne pas trop mal… Lui qui rêve de rapatrier la fabrication de puces et des équipements électroniques – iPhones compris – sur le sol américain !

  6. Nycko

    Trop cons l’Europe…les USA ce sont la moitié des européens. Faut vendre ailleurs, sur des marchés différents. Les 340 millions d’americains sont vite remplacés.

  7. Sen

    En 2022, La Von der Laila tablait sur 20% de part de marché en Europe pour 2030 avec +40 millards en investissement….depuis, les analystes parlent d’un plan totalement irréaliste.
    C’est quand même top que des entreprises suisse investissent dans la R&D/productions des semi-conducteurs, mais c’est aussi important de garder la tête sur les épaules – coûts d’entrée astronomiques (1 usine à 200M ?), concurrence asiatique écrasante…la Suisse ne peut pas rivaliser avec les géants de la production de masse, mais elle peut et doit se renforcer dans la fabrication locale de puces spécialisées pour garantir autonomie et innovation. Faudra encore trouver un modèle économique viable. Belle initiative, en tout cas sur le papier…

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