Médias sociaux et IA creusent le fossé de l’information en Suisse

  • Dernière modification de la publication :30/10/2025
  • Commentaires de la publication :7 commentaires
Médias sociaux et IA: gare au fossé numérique.
Médias sociaux et IA: gare au fossé numérique.

En 2025, près de la moitié de la population suisse (46,4%) utilise très peu ou pas du tout les médias journalistiques pour s’informer, un phénomène appelé «privation d’information». Cette privation d’information va de pair avec une baisse du niveau de connaissance sur l’actualité, une méfiance accrue envers la politique et un sentiment d’appartenance amoindri à la société démocratique.

Les personnes concernées consultent pour la plupart exclusivement via les réseaux sociaux, un canal qui ne permet pas, selon les études, de garantir une information juste et nuancée. La fréquentation régulière de médias professionnels reste déterminante pour comprendre l’actualité politique et sociale, alors que la dépendance aux médias sociaux tend à renforcer l’isolement civique et la défiance démocratique, selon un rapport de l’Université de Zurich.

Le piège des réseaux sociaux

Les réseaux sociaux sont aujourd’hui la principale source d’information pour une part croissante de la population, en particulier chez les jeunes. Pourtant, l’étude montre que recourir essentiellement à ces plateformes ne suffit pas à s’informer correctement, ni à développer un regard critique sur l’actualité.

Ce constat soulève des défis majeurs pour la démocratie suisse: ceux qui se limitent à l’univers numérique échappent souvent aux débats de fond, participent moins à la vie politique et accordent moins de confiance aux institutions. Le risque de désinformation, de manipulation ou de repli identitaire s’en trouve renforcé, selon la même étude.

L’IA entre opportunité et menace

L’arrivée massive des intelligences artificielles (IA) dans le paysage médiatique bouscule les repères. Si 87% des journalistes suisses utilisent déjà des outils d’IA pour faciliter les tâches telles que la retranscription ou la relecture, une grande majorité reste sceptique sur leur fiabilité, surtout lorsqu’il s’agit de générer du contenu directement destiné aux lecteurs, selon l’annuaire Qualität der Medien 2025 (Qualité des médias 2025) du Centre de recherche sur l’opinion publique et la société (fög) de l’Université de Zurich.

Les études révèlent que les IA comme ChatGPT ou Perplexity puisent massivement leurs réponses dans la presse, souvent sans rétribution pour les médias. Pour les questions d’actualité, le journalisme reste la source principale — 73% des sources citées par ChatGPT, 66% pour Perplexity — mais ce modèle accentue la crise économique des médias traditionnels, déjà fragilisés par la baisse des revenus publicitaires.

Moins de diversité, risques pour la démocratie

En parallèle, la diversité géographique et l’effort de contextualisation dans les contenus journalistiques diminuent sur le long terme. Si la qualité globale reste stable, l’offre s’homogénéise et les grands groupes médiatiques dominent l’information, tandis que la majorité des Suisses n’est toujours pas prête à payer pour des nouvelles en ligne.

Face à ces évolutions, l’étude du fög appelle à une réflexion collective: préserver un journalisme robuste, capable d’expliquer et de vérifier l’information, est plus crucial que jamais à l’ère de l’IA et de la surabondance des réseaux sociaux. La société suisse devra investir davantage dans l’éducation aux médias, la protection des contenus originaux et le soutien à l’indépendance journalistique, pour éviter que le fossé de l’information ne s’élargisse au détriment de la démocratie.

XS


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Cet article a 7 commentaires

  1. Serguei

    Faites-moi connaître un seul titre qui est indépendant, impartial, constructif, sans ligne politique marquée et surtout sans prise de position culpabilisante si vous n’êtes pas dans leur ligne de pensées.
    Sachant que celles et ceux qui ont le plus la parole et de visibilité dans les médias qui sont cités (journaux, télévision), ne le sont que par obstruction de leurs opposants et sont les mêmes qui étalent leurs études pseudoscientifiques.
    Voilà, j’imagine une des pistes qui pourrait expliquer ces faits et causes, qui sont actuellement bien implantés.

  2. Mardouk

    Les médias traditionnels ne diffusent plus de la vraie information, la nouvelle génération de journalistes orientent l’actualité à des fins politiques et idéologiques essentiellement de gauche!
    Heureusement qu’une partie de la population ne se laisse plus manipuler par ces propagandistes et cette baisse d’audience suffira largement pour faire disparaître définitivement tous ces médias qui n’en sont plus 🇨🇭✊🏻

  3. merinos

    cela fait depuis les années 1990 que l’on sait que n’importe qui peut publier n’importe quoi sur internet… maintenant, si trois décennies ensuite le grand public n’a toujours pas imprimé, c’est qu’il existe un véritable illectronisme dans la société!
    c’est-à-dire un manque manifeste et crasse d’instruction aux outils informatiques destinés au plus grand nombre.

  4. Phil

    Vous devriez mettre ce 46,4% de gens insensibles aux « médias journalistiques » comme vous le dites en corrélation avec l’abstentionnisme lors de votations.
    Le journalisme d’état, même dans notre pays, est très clairement orienté et non indépendant. Même chose concernant les médias dits « indépendants » mais qui reçoivent des subventions étatiques. Quand à ceux qui sont dirigés par de puissants groupes financiers de droite, ils ne pensent qu’a servir leurs propres intérêts.
    Il faut voir le choses en face, le journalisme indépendant d’investigation est quasiment mort ;-( Quand aux partis politiques, il me font plus penser à des sectes cherchant à endoctriner un maximum de gens plus qu’autre chose…
    On en a un peu tous marre de subir de une diffusion d’information orientée, on ne crois plus en les médias, ni aux partis politiques…
    Il faudrait à mon sens interdire le mensonge / la manipulation tant journalistique que politique et oeuvrer à plus de démocratie et peut-être alors que la confiance renaîtrait, mais là je crains que nous soyons dans une impasse…
    Il y n’y a que trop de gens déçus par nos systèmes dits démocratiques qui dans les faits ne tiennent pas assez compète des besoins réels du peuple ainsi que de ses attentes…

  5. Philippe

    Le vrai risque pour la démocratie c’est avant tout la propagande des médias traditionnels, qui ne cherchent pas à informer mais à abrutir les gens. Sur tous les sujets importants, les médias mainstream disent tous la même chose. Vous ne verrez jamais une info contradictoire. Donc elle est où la diversité de l’information ? Sans parler de la concentration croissante des médias traditionnels avec le rachat massif par quelques oligarques surpuissants. Donc au final personne ne va regretter si ces médias disparaissent.

  6. merinos

    @ Philippe
    pourrais-tu nous donner deux ou trois exemples concrets, s’il te plaît?

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