
Selon une étude de Microsoft, la Suisse se positionne au 15e rang mondial en matière d’adoption de l’intelligence artificielle (IA). Environ un tiers des personnes en âge de travailler en Suisse utilisent désormais des outils d’IA, un chiffre qui traduit une intégration rapide, mais qui ne souligne pas les différents problèmes inhérents à cette technologie.
Cet «enthousiasme» suisse s’inscrit dans une tendance mondiale, puisque plus d’un milliard de personnes ont adopté l’IA en moins de trois ans, soit une vitesse sans précédent pour une technologie. Mais cette rapidité ne doit pas faire oublier des inégalités notables, notamment entre pays riches et pays moins développés, où l’accès à l’électricité, à l’internet et surtout à l’eau potable est autrement plus important… On ne se nourrit pas à l’énergivore et polluante IA!
Questions d’infrastructures et d’éducation numérique
L’adoption de l’IA repose avant tout sur des infrastructures solides et un bon accès à internet. Ces éléments sont essentiels pour utiliser les outils d’IA qui fonctionnent souvent à distance, dans le nuage, sur des serveurs énergivores. En bref, c’est une technologie de riches. La Suisse bénéficie ici d’un environnement favorable, avec des infrastructures modernes et un haut niveau d’éducation numérique.
Mais la diffusion ne dépend pas uniquement des infrastructures. La «maîtrise de certaines compétences numériques» est souhaitable pour utiliser efficacement l’IA, c’est-à-dire pour éviter les hallucinations en délimitant le champ de recherche et en posant des questions pertinentes avec les modèles appropriés.
Des disparités marquées au niveau mondial
Malgré cette avancée rapide dans certains pays, la diffusion de l’IA montre un fossé important entre le Nord et le Sud du globe. Le taux d’adoption en Suisse et dans d’autres économies développées est environ deux fois supérieur à celui observé dans de nombreuses régions d’Afrique ou d’Asie du Sud-Est, selon ce rapport de Microsoft.
Un autre obstacle majeur, souvent sous-estimé, est celui de la langue. L’IA générative dépend largement des données linguistiques disponibles sur internet, et les langues à faible présence numérique sont très défavorisées. Les populations parlant peu ou pas des langues importantes au niveau mondial, essentiellement l’anglais, ont donc moins accès aux services.
Un leadership suisse à nuancer
La Suisse, avec un taux d’adoption de 32,4% chez la population en âge de travailler, se distingue dans ce classement mondial, derrière des pays comme les Émirats arabes unis et Singapour. Mais ce taux reste inférieur à celui d’autres petites économies avancées, comme la Norvège ou l’Irlande.
Ce positionnement suggère que, même pour un pays technologiquement en pointe, l’adoption massive de l’IA demande une stratégie globale incluant innovation technique, formation, et accessibilité. Il montre aussi que l’usage de l’IA ne se limite pas à la simple disponibilité d’outils, mais dépend de facteurs sociaux, économiques et parfois politiques.
Une révolution technologique au rythme mondial
L’IA est désormais considérée comme la technologie à usage général la plus rapide à se diffuser, dépassant même l’internet et le smartphone sur leur lancée initiale. Cette diffusion rapide pourrait transformer profondément les modes de travail et de vie, dans la mesure où l’IA apporte des informations fiables et de qualité.
Pour les pays comme la Suisse, il est donc impératif de conjuguer innovation, éducation et régulation afin de profiter pleinement des avantages de l’IA sans tomber dans le travers des hallucinations. Et c’est là qu’il faut prendre beaucoup de recul par rapport aux dires de Microsoft: les IA menacent potentiellement notre société de l’information.
Le véritable défi? Adopter l’IA aussi intelligemment et pragmatiquement que possible en veillant à la qualité des services finis, en déjouant hallucinations, désinformation et manipulations potentielles de ce qui sont souvent des boîtes noires!
XS