Site icon Le blog high-tech & telecom de Xavier Studer

Internet: stocker 1 Go de données consomme cinq fois moins qu’il y a cinq ans!

Un centre de données.

Un centre de données.

Le nouveau centre de calcul de Swisscom au Wankdorf.
Le nouveau centre de calcul de Swisscom au Wankdorf.

Internet consomme beaucoup d’énergie. D’importants efforts sont entrepris par certaines entreprises, comme Infomaniak, par exemple, pour juguler la consommation d’électricité de notre société de l’information. Les progrès sont parfois stupéfiants puisqu’à volume constant et usage identique, il faut jusqu’à cinq fois moins d’énergie qu’il y a cinq ans!

Concrètement cela donne quoi? «Aujourd’hui nous en sommes à 96Wh par an pour stocker 1Go de données. Mais attention, il ne faut pas imaginer par exemple une ampoule de 96W allumée pendant un an. Il s’agit de la consommation d’une ampoule de 96W allumée durant 1 heure pour 1Go de stockage sur 1 an», explique Boris Siegenthaler, CEO et fondateur de l’hébergeur Infomaniak.

Consommation en fonction des usages

Evidemment, la quantité d’énergie dépend aussi de l’utilisation que l’on fait de ses données. Ces 96Wh sont la quantité d’énergie nécessaire pour conserver et gérer 1Go très actif, c’est-à-dire pouvant être très sollicité en permanence. On pourrait imaginer un tel usage pour une base de données importante.

«Pour comparaison 1Go passif, c’est-à-dire par exemple une vieille vidéo ou des archives photo consultées quelquefois dans l’année c’est environ 16Wh sur un an», selon Boris Siegenthaler qui précise que «les fabricants font d’énormes progrès technologiques pour baisser la consommation des serveurs depuis cinq ans».

Des SSD encore plus performants

Le spécialiste romand de l’hébergement écologique précise ainsi qu’il y a cinq ans il fallait compter environ sur 1,220kWh pour un Go actif et 80Wh pour un Go passif. Et les progrès sont loin d’être terminés. D’ici deux à trois ans, les SSD de 16 et 32To pour les centres de données auront la même consommation électrique qu’un disque de 256Go, souligne le patron d’Infomaniak, qui est aussi un geek.

Une autre piste est de développer le stockage intelligent grâce à des avancés logicielles. Et l’entreprise s’y connait dans ce domaine puisqu’elle a déjà remporté le trophée Negawatt et s’est classée deuxième l’année suivante. Parmi les efforts de l’entreprise, citons son souci d’utiliser un minimum d’énergie en utilisant des composants modernes, de renoncer à la climatisation, de recourir à du courant vert et de compenser à 200% ses émissions en carbone.

Cap sur l’intelligence artificielle

Précisons encore que certains géants de l’internet font aussi des efforts pour répondre à la demande croissante tout en essayant de minimiser l’impact de leur activité sur l’environnement. Un Google, par exemple, confirme aussi améliorer les performances de ses centres de données, 50% moins gourmands que la norme. Il se targue aussi de n’utiliser plus que de l’électricité renouvelable, selon ce texte. Une urgence compte tenu du développement de l’intelligence artificielle et de ses besoins en énergie…

Du côté d’Infomaniak, on semble être prêt à relever ce nouveau défi. «Nous allons proposez avant la fin de l’année des serveurs cloud 100% GPU (processeurs graphiques) au lieu de CPU (processeurs traditionnels) pour les projets 100% IA. En effet, les performances avec des GPU sont bien meilleures que les CPU», explique Boris Siegenthaler, qui corrobore les propos d’un Nvidia, par exemple.

L’information a toujours requis de l’énergie…

Enfin, je ne résiste pas à livrer mon commentaire. Alors que certains intégristes vous reprochent de conserver vos données, je ne peux que les regarder avec une certaine distance, étant notamment historien de formation… Nos données, c’est notre histoire. Concrètement, la saga de certaines entreprises a parfois pu être reconstituée grâce à des pièces comptables qui auraient pu être détruites compte tenu de leur inutilité relative après quelques années…

Par ailleurs, la production et le stockage de l’information ont toujours nécessité de l’énergie. Il faut des ressources aussi bien pour fabriquer un livre que pour le conserver dans de bonnes conditions, c’est-à-dire dans une bibliothèque. Notre société de l’information pose le problème d’une manière différente compte tenu du nombre de données électroniques produites chaque seconde. Mais au fond, il n’y a rien de neuf sous le soleil.

Xavier Studer

Lire aussi ce rapport qui indique que la consommation électrique annuelle des centres de calcul a été estimée à 2,8% de la consommation annuelle d’électricité en Suisse.

Quitter la version mobile