Internet consomme beaucoup d’énergie. D’importants efforts sont entrepris par certaines entreprises, comme Infomaniak, par exemple, pour juguler la consommation d’électricité de notre société de l’information. Les progrès sont parfois stupéfiants puisqu’à volume constant et usage identique, il faut jusqu’à cinq fois moins d’énergie qu’il y a cinq ans!
Concrètement cela donne quoi? «Aujourd’hui nous en sommes à 96Wh par an pour stocker 1Go de données. Mais attention, il ne faut pas imaginer par exemple une ampoule de 96W allumée pendant un an. Il s’agit de la consommation d’une ampoule de 96W allumée durant 1 heure pour 1Go de stockage sur 1 an», explique Boris Siegenthaler, CEO et fondateur de l’hébergeur Infomaniak.
Consommation en fonction des usages
Evidemment, la quantité d’énergie dépend aussi de l’utilisation que l’on fait de ses données. Ces 96Wh sont la quantité d’énergie nécessaire pour conserver et gérer 1Go très actif, c’est-à-dire pouvant être très sollicité en permanence. On pourrait imaginer un tel usage pour une base de données importante.
«Pour comparaison 1Go passif, c’est-à-dire par exemple une vieille vidéo ou des archives photo consultées quelquefois dans l’année c’est environ 16Wh sur un an», selon Boris Siegenthaler qui précise que «les fabricants font d’énormes progrès technologiques pour baisser la consommation des serveurs depuis cinq ans».
Des SSD encore plus performants
Le spécialiste romand de l’hébergement écologique précise ainsi qu’il y a cinq ans il fallait compter environ sur 1,220kWh pour un Go actif et 80Wh pour un Go passif. Et les progrès sont loin d’être terminés. D’ici deux à trois ans, les SSD de 16 et 32To pour les centres de données auront la même consommation électrique qu’un disque de 256Go, souligne le patron d’Infomaniak, qui est aussi un geek.
Une autre piste est de développer le stockage intelligent grâce à des avancés logicielles. Et l’entreprise s’y connait dans ce domaine puisqu’elle a déjà remporté le trophée Negawatt et s’est classée deuxième l’année suivante. Parmi les efforts de l’entreprise, citons son souci d’utiliser un minimum d’énergie en utilisant des composants modernes, de renoncer à la climatisation, de recourir à du courant vert et de compenser à 200% ses émissions en carbone.
Cap sur l’intelligence artificielle
Précisons encore que certains géants de l’internet font aussi des efforts pour répondre à la demande croissante tout en essayant de minimiser l’impact de leur activité sur l’environnement. Un Google, par exemple, confirme aussi améliorer les performances de ses centres de données, 50% moins gourmands que la norme. Il se targue aussi de n’utiliser plus que de l’électricité renouvelable, selon ce texte. Une urgence compte tenu du développement de l’intelligence artificielle et de ses besoins en énergie…
Du côté d’Infomaniak, on semble être prêt à relever ce nouveau défi. «Nous allons proposez avant la fin de l’année des serveurs cloud 100% GPU (processeurs graphiques) au lieu de CPU (processeurs traditionnels) pour les projets 100% IA. En effet, les performances avec des GPU sont bien meilleures que les CPU», explique Boris Siegenthaler, qui corrobore les propos d’un Nvidia, par exemple.
L’information a toujours requis de l’énergie…
Enfin, je ne résiste pas à livrer mon commentaire. Alors que certains intégristes vous reprochent de conserver vos données, je ne peux que les regarder avec une certaine distance, étant notamment historien de formation… Nos données, c’est notre histoire. Concrètement, la saga de certaines entreprises a parfois pu être reconstituée grâce à des pièces comptables qui auraient pu être détruites compte tenu de leur inutilité relative après quelques années…
Par ailleurs, la production et le stockage de l’information ont toujours nécessité de l’énergie. Il faut des ressources aussi bien pour fabriquer un livre que pour le conserver dans de bonnes conditions, c’est-à-dire dans une bibliothèque. Notre société de l’information pose le problème d’une manière différente compte tenu du nombre de données électroniques produites chaque seconde. Mais au fond, il n’y a rien de neuf sous le soleil.
Xavier Studer
Lire aussi ce rapport qui indique que la consommation électrique annuelle des centres de calcul a été estimée à 2,8% de la consommation annuelle d’électricité en Suisse.
W : puissance , Wh : energie
Merci!
Bonjour, article intéressant, toutefois l’unité d’énergie, dont vous parlez tout au long du texte, est le Wh (Watt heure), le Watt étant lui une unité de puissance.
Absolument. Merci, j’ai précisé. Toutefois M., Siegenthaler parlait bien de la puissance d’une ampoule de 96W pendant une heure pour une année. J’aurai pu convertit en kWh, qui vaut 1000 Wh. Pour comparaison, une heure de l’utilisation d’un aspirateur puissant consonne environ 1 kWh d’électricité, soit quelques dizaines de centimes pour un consommateur.
L’unité d’énergie est le joule dans le système international d’unité
C’est très petit (1J c’est l’énergie nécessaire pour soulever une pomme à une hauteur de 1m), c’est pourquoi on utilise couramment le kWh à la place dans les factures d’électricité.
E = P•t
1J = 1W•1s
1Wh = 1W•3600s = 3600J
1kWh = 1000W•3600J = 3 600 000J
Voir ma remarque en ce sens ci-dessus. Par abus de langage, on parle aussi régulièrement d’une consommation en kW et en W, ce qui est imprécis. Je vous défie toutefois d’utiliser les termes appropriés comme stylographe ou voiture automobile…
Je ne sais pas si je fais partie de ces « intégristes », mais étant donné que je m’étais permis de commenter sur vos 30 Go sur Gmail, je vais répondre en conséquence.
Si vous êtes historien de formation, vous devriez savoir qu’une bonne partie des connaissances sur les temps anciens nous sont accessibles parce que les données étaient littéralement gravées sur de la pierre.
Pour un historien, toutes les données dont vous faites allusion sont éphémères et en péril depuis leur création : le stockage n’est pas de la sauvegarde, et encore moins de l’archivage.
Je crois que je ne prends guère de risques en affirmant qu’un livre est d’une nature plus résiliente que de la mémoire flash.
Pour l’historien, ce qui fait la valeur d’une donnée, ce n’est pas sa nature, mais le simple fait qu’elle existe encore : gravez vos courriels sur du diamant, je vous promets que dans quelques millénaires ce sera un véritable trésor.
Il serait impensable d’imprimer des livres dans un monde constamment en feu – ou mettre des œuvres d’art sous le niveau de la Seine en crue… hum ! –, pourtant les réalités géopolitiques et économiques de notre monde moderne devrait faire comprendre à certains que les données informatiques accessibles depuis internet ont un petit quelque chose d’hasardeux.
J’imagine volontiers que Google puisse être perçu comme une entité de type « too big to fail », trop riche et trop puissante pour être anéantie, mais c’est bien pour cela que si quelques dizaines de milliers de ces utilisateurs devaient perdre toutes leurs données du jour au lendemain, Google ne ferait rien.
Ceux qui se soucient réellement des historiens du futur creusent d’immense bunker et expérimentent sans cesse sur les matériaux capables de retenir de l’information, ils sont à mille lieues d’envoyer des données sur des « nuages » alimentés en mémoire flash…
Mais sans aller dans cet extrême, le grand public peut déjà prendre conscience.
Ce qui est avancé par Infomaniak est intéressant, mais cela prend-il en compte la redondance ?
Parce que toute la difficulté est là, dans le monde informatique, la redondance est sagesse, mais qui dit redondance dit augmentation de toutes les consommations !
Et je précise qu’Infomaniak ne propose pas de services assimilable à de l’archivage, tel que le service Amazon Glacier (cold storage). Bien sûr, c’est de l’archivage facile, les failles sont les mêmes que sur tout ce qui est connecté.
Actuellement sécurité – dans le sens archives – et écologie ne vont pas de paire, c’est pourquoi la seule solution est de hiérarchiser ce que chacun de nous produit comme données, mais à notre niveau individuel.
Des données sur un service ultra-disponible consomment peut-être plus que des données archivées avec une meilleure redondance ; le problème est que l’immense partie de ce que nous produisons comme données est indistinctement gérée, le futile a le droit au même traitement – et au même prix – que le vital, et ce n’est pas parce que les solutions n’existent pas, c’est parce que beaucoup de gens ne sont pas renseignés, et peut-être aussi parce que le futile est aussi important que le reste de nos jours…
Entièrement d’accord avec vous sur le problème de la fiabilité de nos supports actuels. Sans parler des problèmes de lecture… Pour le tri des informations, d’un point de vue historique, c’est beaucoup plus compliqué…
Ping : Bitcoin: un bel exemple de fiasco numérique programmé?