
Le monde si particulier des téléréseaux souffre de la saine et dynamique concurrence des opérateurs traditionnels, avec lesquels ils sont obligés de composer pour freiner leur recul sur leur métier de base. Dans leur dernier communiqué, ils recourent à la méthode Coué pour tenter de masquer la perte de plus de 125’000 raccordements (5,2%) en douze mois…
«Avec 2’285’000 raccordements TV, les réseaux de Suissedigital restent de loin les leaders du marché de la diffusion télévisée au 2e trimestre 2018», écrivent dans un communiqué les 200 entreprises du câble, qui misent désormais largement sur la téléphonie, surtout mobile, pour compenser leur déclin sur leur métier de base.
Quelles perspectives pour le câble?
Lorsqu’on regarde les chiffres des coaxiaux, on ne peut que se dire en effet qu’ils semblent plutôt sur le déclin. Comme nous l’avons évoqué ici, le grand virage stratégique consistant à miser sur le sport pour résister aux modernes Salt, Sunrise et Swisscom ne semble pas réussir à ces entreprises qui ont souvent fort mal abordé le virage de la TV numérique.
Si le recul sur le métier de base est une fatalité, on constate parallèlement aussi que les téléréseaux marquent des points en matière de téléphonie fixe. Cela dit, pour 125’000 prises perdues et 16’000 surfeurs en moins, ils ne récupèrent que 31’000 abonnés sur le fixe et 50’000 sur le mobile. D’ailleurs, le nombre global d’abonnements diminue de 60’000 à 4’487 millions.
Mauvaise stratégie
Que penser? Pendant longtemps, véritables barons sur leur cœur de métier, les téléréseaux ont mal entamé le virage de la TV numérique qu’ils ont d’abord perçu comme une technologie utile uniquement pour facturer plus cher les mêmes chaînes de TV, sans réelle valeur ajoutée. Très mauvais choix, mais tellement révélateur d’une certaine mentalité.
Ensuite, désunis, ils n’ont pas compris le potentiel de la numérisation, au contraire des opérateurs téléphoniques, manquant pour certains d’entre eux (mais pas tous), la TV à la demande, le replay, les suggestions de programmes, etc. Ce n’est pas pour rien qu’ils ont modifié leur nom, maladroitement, avec plusieurs décennies de retard, pour y inclure le concept de numérique. Visiblement, ils sont aujourd’hui réduits à la défensive… Leaders du marché TV oui, mais jusqu’à quand?
Xavier Studer
Chiffres du 2e trimestre 2018
Abonnements | 30/06/2017 | 30/06/2018 | Évolution |
Total de la téléphonie | 891 000 | 972 000 | +81 000 (+9.1 %) |
– Dont téléphonie fixe | 770 000 | 801 000 | +31 000 (+4 %) |
– Dont téléphonie mobile | 121 000 | 171 000 | +50 000 (41.3 %) |
Internet haut débit | 1 246 000 | 1 230 000 | -16 000 (-1.3 %) |
Télévision | 2 410 000 | 2 285 000 | -125 000 (-5.2 %) |
Total des abonnements | 4 547 000 | 4 487 000 | -60 000 (-1.3 %) |