«Modes incognito»: peut-on vraiment croire l’IA?

  • Dernière modification de la publication :16/08/2025
  • Commentaires de la publication :8 commentaires
Mode incognito? Image: ChatGPT.
Mode incognito? Image: ChatGPT.

Les outils basés sur l’intelligence artificielle (IA), tels que ChatGPT, Gemini ou Perplexity, proposent désormais des modes temporaires permettant de dialoguer sans que les échanges soient conservés sur le long terme. Cette avancée vise à rassurer l’utilisateur soucieux de préserver sa vie privée, tout en répondant aux préoccupations croissantes concernant la protection des données.

Avec l’introduction de son nouveau mode «discussion temporaire», Gemini garantit que les conversations ne seront pas utilisées pour personnaliser le service ni pour perfectionner les modèles d’IA. ChatGPT, avec son chat éphémère, et Perplexity, avec son mode incognito, adoptent une approche comparable: les informations partagées restent hors des historiques habituels et ne servent théoriquement pas à entraîner les modèles.

L’utilisateur reste cependant dépendant de la durée de conservation choisie par chaque acteur. Par exemple, Google précise que les données sont conservées durant 72 heures par Gemini, notamment pour assurer la sécurité et la cohérence de l’expérience, avant d’être effacées, selon les informations en lien ci-dessus. Perplexity articule une durée de 24 heures, tandis qu’OpenAI se réserve le droit de conserver ces informations 30 jours dans ChatGPT!

Respect de la vie privée: entre discours et réalité

Théoriquement, l’internaute contrôle son activité et peut activer ou désactiver l’enregistrement des échanges dans les paramètres. Toutefois, il est essentiel de comprendre exactement ce que recouvrent les «données d’activité» ou les «téléversements»: il s’agit des fichiers, images ou vidéos transmis à l’outil, qui peuvent être analysés pour «améliorer le service» si l’option d’enregistrement est active.

La dissociation des conversations du compte, avant tout traitement par des tiers, est censée renforcer la confidentialité. Mais le passage par des «examinateurs humains» au sein des entreprises pour vérifier les contenus peut soulever la question de la véritable anonymisation de l’information. Trop souvent, il règne un certain flou en la matière. Beaucoup de questions restent en suspens…

Faut-il accorder sa confiance?

Finalement, tout repose sur la bonne foi et l’éthique des sociétés développant et exploitant ces outils d’IA. Aucune d’entre elles ne fait l’objet d’un contrôle systématique par une entité indépendante veillant au respect à tous les niveaux des promesses émises. Comme je l’ai déjà écrit, il manque clairement une régulation en la matière.

Le citoyen soucieux de sa vie privée doit donc s’interroger et rester vigilant. Sans la mise en place d’un système d’audit extérieur et totalement indépendant, rien ne garantit que les pratiques internes sont conformes aux engagements affichés. La prudence reste donc de mise avant de partager des informations sensibles, même dans les modes «temporaire», «éphémère» ou «incognito».

Xavier Studer


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Cet article a 8 commentaires

    1. Oui, et c’est valable pour n’importe quelle société. Dès qu’il y a un accès à des informations personnelles, des audits totalement indépendants devraient être systématiques.

  1. MM

    Je n’y crois pas un seul moment que ce qu’on leur envoie soit effacé. Quel que soit le mode ou la promesse.

  2. Bernard

    À propos as-t-on des nouvelles sur la surveillance de masse généralisée des échanges que la Suisse veut imposer (chiffrement bout en bout dégradé et espions sur chaque pc ou smartphone) alerté par Proton ?

  3. redge

    Allusion au film grandiose de la comédie sur la réalité humaine.
    La vérité si je mens.
    Est-ce vrai ce mensonge ?
    Sachant ce qu’un hacker est capable de réaliser… je vous laisse deviner la suite de l’exfiltration.
    Plus vous tenter de protéger vos arrières, plus vous êtes espionné. Au simple que cela.
    Cela correspond bien à la réalité de l’internet et la protection des données totalement incompatible.
    Comme cela a été dit mainte fois, le seul moyen pour sa vie privée, aucune connexion internet.

  4. merinos

    la cerise sur le gâteau est que les sociétés citées sont états-uniennes.
    alors, entre la publicité (et spécialement celle adressée aux responsables politiques) et une déclaration sous serment, cela change un peu:
    https://www.clubic.com/actualite-573438-microsoft-face-au-senat-l-aveu-qui-fait-vaciller-la-souverainete-numerique-francaise.html
    *****
    ne pas oublier les entreprises plus proches de chez nous, comme:
    https://goodtech.info/lumo-proton-ia-open-source-europe/

  5. MMM

    À ce jour (17 août 2025), la **révision partielle de l’Ordonnance sur la surveillance de la correspondance par poste et télécommunication (OSCPT)** est toujours en cours d’élaboration, mais **aucune modification n’est encore entrée en vigueur**.

    Voici le point sur l’état actuel du processus :

    – La **consultation publique** a eu lieu du **29 janvier au 6 mai 2025**. Elle concernait une révision partielle de l’OSCPT et de l’Ordonnance de mise en œuvre (OME-SCPT), visant à adapter les outils de surveillance aux services numériques modernes (messageries chiffrées, VPN, plateformes cloud, etc.)

    – Plus de **100 prises de position** ont été déposées, notamment par des fournisseurs de services numériques (comme Proton, Nym, Threema), des organisations de défense des droits numériques (telles que digitalegesellschaft, Access Now), des opérateurs de télécoms et des cantons
    – Les **préoccupations ont été fortes**, en particulier sur les risques liés à la sécurité informatique et à la protection des données. Proton a notamment annoncé qu’il pourrait **quitter la Suisse** si la révision imposait de compromettre le chiffrement de bout en bout (E2EE)

    – Le **Conseil fédéral et l’Office fédéral de la justice (OFJ)** sont désormais en phase d’analyse des retours. Une **révision finale du texte** devrait être proposée d’ici fin 2025 ou début 2026, avant un nouveau passage en consultation ou une adoption directe[1].

    – **Important juridique** : Le projet **ne remet pas en cause le chiffrement de bout en bout**. L’article 50a de l’OSCPT prévoit expressément que les fournisseurs **ne sont pas tenus de lever le chiffrement** s’ils ne disposent pas des clés (donc si les messages sont chiffrés directement entre utilisateurs). En revanche, ils devront lever les chiffrements qu’ils contrôlent eux-mêmes (par exemple, chiffrement de stockage ou de transport).

    ### En résumé :
    – ✅ **Pas de modification en vigueur à ce jour**.
    – 📝 **Analyse des contributions en cours** après la consultation de mai 2025.
    – 🔐 **Le chiffrement de bout en bout reste protégé** par le texte proposé.
    – ⚖️ Le débat continue entre sécurité publique et protection de la sphère privée.

    Une décision finale est attendue dans les prochains mois, mais aucune entrée en vigueur n’est prévue avant 2026.

  6. Alain

    @ redge
    Ou comme disait un ancien cadre de la NSA. si vous ne voulez pas que l’on copie, vol vos données, ne les mettez pas sur internet.

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