Swisscom: une croissance enflée par le rachat de Vodafone Italia

  • Dernière modification de la publication :07/11/2025
  • Commentaires de la publication :6 commentaires
Le siège de Swisscom.
Le siège de Swisscom.

Swisscom présente des résultats financiers conformes aux attentes pour les neuf premiers mois de 2025, marqués par le rachat de l’opérateur italien Vodafone Italia finalisé fin 2024. Le groupe affiche une hausse logique de 36,9% de son chiffre d’affaires, qui atteint 11,175 milliards de francs. Cette progression est toutefois artificielle, puisqu’elle résulte principalement de l’intégration comptable de la filiale transalpine.​.

En réalité, sur une base comparable qui intègre Vodafone Italia dès janvier 2024, le chiffre d’affaires recule de 2,1%. Le bénéfice net a même chuté de 23% pour s’établir à 988 millions de francs, conséquence directe des frais liés à cette acquisition italienne.​

«Stable» en Suisse

Sur le marché helvétique, Swisscom affiche une certaine stabilité avec un chiffre d’affaires de 5,862 milliards de francs, en recul de 1,4%. L’opérateur historique a une nouvelle fois remporté l’ensemble des tests de qualité réalisés par le magazine spécialisé Connect, confirmant sa position dominante pour la cinquième fois consécutive dans les catégories haut débit, réseau fixe et service client.​ On remarquera aussi la progression du géant bleu sur le mobile! Blue TV recule encore: logique.

Le déploiement des infrastructures se poursuit avec 55% des ménages suisses désormais connectables à la fibre optique et 88% de la population couverte par la 5G+. Swisscom mise également sur l’innovation avec le lancement de myAI, un assistant animé par de l’intelligence artificielle (IA) «développé» en Suisse qui garantit la protection des données, contrairement aux services américains similaires.​

L’Italie, un pari risqué

L’aventure transalpine affiche des résultats mitigés avec un chiffre d’affaires en recul de 1% à 5,383 milliards d’euros pour Fastweb + Vodafone. Plus préoccupant encore, la rentabilité opérationnelle s’effondre avec une baisse de 7,1% de l’indicateur EBITDAaL (résultat avant intérêts, impôts et amortissements après charges de location).​

L’intégration des deux marques progresse néanmoins avec le lancement d’un premier portefeuille de produits commun et la migration des cartes SIM Fastweb vers le réseau Vodafone Italia. L’opérateur a également établi un record de vitesse à 2,5 Gbits/sec sur son réseau 5G commercial, préfigurant l’arrivée de la 5G Advanced.​

Des perspectives prudentes

Pour l’ensemble de l’exercice 2025, Swisscom maintient ses prévisions avec un chiffre d’affaires visé entre 15 et 15,2 milliards de francs. En cas d’atteinte de ces objectifs, l’opérateur prévoit de proposer une augmentation significative du dividende, qui passerait de 22 à 26 francs par action lors de l’assemblée générale de 2026.​

Cette promesse vise à rassurer les actionnaires face à un endettement qui grimpe à 2,4 fois le résultat opérationnel, conséquence directe de l’acquisition de Vodafone Italia. Reste à savoir si le pari italien permettra réellement de compenser l’érosion du marché suisse et si la rentabilité sera durablement au rendez-vous en Italie.

XS​

Chiffres financiers (en mio de CHF) rapportés 1.1.-30.9.2025 1.1.-30.9.2024 Changement
Chiffre d’affaires 11 175 8 160 36,9%
EBITDAaL 3 777 3 221 17,3%
Investissements 2 171 1 731 25,4%
Operating free cash flow 1 606 1 490 7,8%
Bénéfice net 988 1 283 -23,0%
Chiffres financiers (en mio de CHF) pro forma* 1.1.-30.9.2025 1.1.-30.9.2024 Changement
Chiffre d’affaires 11 175 11 417* -2,1%

-1,3%**

EBITDAaL 3 777 3 968* -4,8%

-3,0%**

Investissements 2 171 2 345* -7,4%

-7,5%**

Operating free cash flow 1 606 1 623* -1,0%

3,2%**

Développement opérationnel (en milliers), pro forma* 30.09.2025 30.09.2024 Changement
Raccordements réseau mobile en Suisse 6 416 6 279 2,2%
Raccordements à haut débit en Suisse 1 942 1 973 -1,6%
Raccordements blue TV en Suisse 1 468 1 499 -2,1%
Raccordements Wholesale en Suisse 763 722 5,7%
Raccordements réseau mobile en Italie 20 168 20 110* 0,3%
Raccordements à haut débit en Italie 5 759 5 946* -3,1 %
Raccordements Wholesale en Italie (haut débit) 1 063 832 27,8%

*  Swisscom a racheté Vodafone Italia le 31 décembre 2024. Les chiffres du chiffre d’affaires, de l’EBITDAaL, des investissements et de l’operating free cash flow sont présentés comme si Vodafone Italia avait été consolidée au 1er janvier 2024 en appliquant des principes comptables uniformes.
** Sur une base comparable et à taux de change constants.


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Cet article a 6 commentaires

  1. Cricri

    C’est tout de même pas très rassurants ces chiffres en Italie. Si Free met la paquet, Vodafone Italia ne fera pas le poids!

  2. Tricoline

    @Cricri +1
    Il convient de rappeler que Swisscom poursuit un objectif national prioritaire : le raccordement de l’ensemble des habitants de Suisse à la fibre optique d’ici 2035.
    Cette échéance revêt un caractère stratégique et vital pour la continuité des services de télécommunication. En effet, les réseaux cuivre existants sont en fin de cycle de vie. Leur obsolescence rapide rend l’entretien et la fourniture de matériel de remplacement de plus en plus difficiles, voire impossibles à moyen terme.
    En conséquence, le maintien des raccordements cuivre comporte un risque croissant de pannes et d’interruptions de service. Le passage à la fibre optique ne constitue donc plus un simple choix technologique, mais une évolution incontournable et nécessaire pour garantir la fiabilité et la pérennité des connexions.
    Un soucis financier induit par l’aventure italienne ne serait pas acceptable.

  3. Torvi

    Merci à Swisscom et ses dividendes de me payer mon abonnement Salt depuis des années 🙂

    Petit calcul : 12 actions Swisscom à une moyenne de 500 CHF (possible il y a quelques années) , ça fait 6000 CHF investis pour 288 CHF de dividendes (et bientôt 312) par an. De quoi payer quelques abos illimités en CH.

    Merci à tous les particuliers et surtout entreprises de ne choisir que Swisscom et de payer le prix fort.

  4. ipodac

    Il y a de fortes chances qu’en Italie Iliad se fasse racheter par windtre. Ils avaient l’interdiction de fusionner avant 2026, maintenant que c’est aux portes, pas mal de groupes spécialisés commencent à en parler et ça n’a pas l’air d’être de la spécule. Vodafone aura une carte à jouer à ce moment la.

  5. Dominique B.

    Bonjour,
    Swisscom fait tout ce qu’elle peut pour ralentir le déploiement de la fibre optique. Il n’y a même pas de plan pour raccorder l’ensemble de la Suisse. Les politiques sont complices de cette situation. La fibre permet d’avoir une norme unique pour le raccordement des abonnés et autorise le choix de l’opérateur. C’est exactement ce que veux empêcher l’opérateur (pré)-historique.

  6. Tricoline

    @Dominique B.
    Dire que Swisscom n’a pas de plan de déploiement FTTH ou qu’elle “ralentit” volontairement n’est pas tout à fait exact. Le calendrier suit une stratégie d’investissement graduelle, typique d’un opérateur coté en bourse, avec un équilibre entre CAPEX et rentabilité.
    .
    Les grandes lignes du plan :
    • ≈57 % FTTH fin 2025 (ralenti temporairement par les contraintes P2P imposées par la ComCom),
    • ≈75 % FTTH fin 2030,
    • extinction complète du cuivre vers 2035.
    .
    Pour les zones complexes, Swisscom prévoit des solutions alternatives : FWA 5G, hybride fibre-radio, ou, en dernier ressort, satellite.
    .
    Cette trajectoire est de toute façon incontournable : d’ici une dizaine d’années, les équipementiers cesseront de produire du matériel cuivre (DSLAM, modems VDSL2/vectoring, etc.), rendant la migration vers le FTTH techniquement et économiquement obligatoire.
    .
    Pour compléter l’analyse, voici quelques éléments techniques et réglementaires qui expliquent la trajectoire du FTTH en Suisse (fourni par de l’IA je précise) :
    .
    1) Architecture : P2P vs P2MP (Point-to-Point / Point-to-Multipoint)
    La Suisse est l’un des rares pays où le régulateur (ComCom / Tribunal fédéral) a imposé que les nouveaux déploiements FTTH soient majoritairement en P2P (Point-to-Point), c’est-à-dire une fibre dédiée par client jusqu’à l’OLT.
    • Cette architecture est excellente pour la concurrence (dégroupage facile, indépendance totale des opérateurs tiers).
    • Mais elle est 2 à 3x plus coûteuse en génie civil et en fibres que le P2MP (GPON/XGS-PON) utilisé dans la majorité des pays européens.
    Swisscom avait basculé massivement au P2MP en 2020–2021 pour accélérer le déploiement, mais les recours ont bloqué les chantiers pendant presque 18 mois, créant un “trou d’air” qui explique en partie le ralentissement perçu.
    Depuis fin 2023, l’entreprise est revenue à un modèle mixte, mais le retard accumulé reste visible dans les statistiques.
    .
    2) Contraintes réglementaires (ComCom / OFCOM)
    La régulation suisse impose :
    • l’accès au fibre à des conditions strictes de concurrence,
    • la transparence de l’architecture,
    • et l’obligation implicite de maintenir le cuivre tant que des alternatives ouvertes ne sont pas disponibles.
    C’est beaucoup plus lourd que dans les pays voisins.
    En Allemagne, par exemple, Deutsche Telekom a pu accélérer la migration car la régulation du cuivre est moins rigide et l’usage du PON n’est pas contesté juridiquement.
    .
    3) Comparaison internationale
    • Autriche : forte utilisation du GPON, coûts plus bas, déploiement plus rapide.
    • Pays nordiques : migration fibre quasi terminée car la topologie urbaine et les infrastructures de génie civil sont plus favorables.
    • France : FTTH > 90 %, mais avec un modèle totalement différent (réseau mutualisé, financement public massif, architecture PON, obligations régionales).
    La Suisse est un cas unique : densité élevée, coûts de construction très élevés, régulation stricte et forte fragmentation des opérateurs alternatifs.
    .
    4) Extinction du cuivre : une nécessité industrielle
    Même si Swisscom ne fixait aucun calendrier politique, la fin du cuivre serait techniquement inévitable :
    • Les fournisseurs (Nokia, Adtran, Huawei, ZTE) réduisent déjà la production de DSLAM.
    • VDSL2 vectoring atteindra la fin de vie commerciale avant 2030.
    • Les modems cuivre pour clients finaux deviendront rares puis obsolètes.
    C’est exactement ce qui s’est passé en Allemagne ou aux Pays-Bas : une fois les chaînes de production arrêtées, maintenir un réseau cuivre devient impossible, peu importe la volonté des opérateurs.
    .
    Conclusion
    Le plan Swisscom n’est pas un “ralentissement”, mais un compromis entre :
    • contraintes réglementaires,
    • coûts élevés du P2P,
    • nécessité de garantir le ROI,
    • transition technologique mondiale.
    .
    Avec ces éléments, la migration totale vers la fibre d’ici environ 2035 est non seulement planifiée… mais techniquement incontournable.

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