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Faut-il vraiment totalement privatiser Swisscom?

Urs Schäppi, CEO de Swisscom.
Urs Schäppi, CEO de Swisscom.

Le patron de Swisscom, Urs Schäppi, s’est exprimé en cette fin de semaine sur la TV alémanique plutôt en faveur d’une privatisation complète de Swisscom. Ce n’est pas une surprise, car depuis de longs mois, voire davantage, le puissant opérateur ne cache pas cette orientation. Attention toutefois…

L’ogre bleu, qui règne en maître, sur un empire allant de la TV numérique, à l’accès internet, au mobile en passant par le fixe, voire certains domaines informatiques, revêt peut-être aujourd’hui une importance fondamentale pour la Suisse qu’il ne faut pas négliger après des affaires comme celle de Snowden, et autres…

Une question d’intérêt national

A l’heure où certaines puissances vont jusqu’à pirater des câbles télécoms sous-marins, la sécurité d’un réseau d’information contre l’écoute d’Etats étrangers est fondamental pour garantir la compétitive et les chances de nos entreprises. En ce sens, il peut être judicieux que Berne continue à avoir un œil, voire davantage, sur certaines infrastructures essentielles des réseaux.

D’un point de vue économique, cela ne résout évidemment pas le problème de la position de Swisscom sur le marché, comme l’a souligné récemment l’OCDE dans un rapport. Swisscom est trop puissant aujourd’hui, peut-être plus que jamais, et dispose du pouvoir de faire le jour et la nuit sur de nombreux tarifs. En ce sens, je n’aimerais pas être un de ses concurrents. Certains lui ont même demandé officiellement de se montrer au minimum «loyal». Ce qui en dit long!

Réfléchir et ne pas trop écouter Swisscom!

Il ne s’agit donc pas de privatiser Swisscom à la va-vite, ce qui lui permettrait probablement d’échapper à des mesures plus drastiques contre sa position sur le marché. Il s’agit de mener une réflexion de fond et nuancée sur cet opérateur, qui aime se comparer à Google, et ses secteurs d’activité. Dans cette dynamique, il faut écouter Swisscom, mais il faut aussi se méfier de ses solutions prémâchées… Ses experts en communication et en lobbyisme font la course en tête!

Il est par exemple essentiel de distinguer ses opérations sur le fixe et le mobile du reste de ses affaires. Et surtout, dans quelle mesure ne faut-il pas différencier l’activité purement commerciale de celle du ou des réseaux sur lesquels l’Etat devrait peut-être garder un droit de regard, au minimum. N’oublions pas que récemment la Confédération n’a pas voulu travailler avec UPC Cablecom en raison de l’origine étrangère de son actionnaire…

Peut-être est-il urgent d’attendre.

Xavier Studer

Visionnez l’interview d’Urs Schäppi

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