L’appétit de l’ogre bleu semble sans limite. Les chiffres des câblo-opérateurs (Suissedigital, soit Swisscâble) comparés avec ceux de Swisscom montrent que les téléréseaux perdent globalement des parts de marché. Chez eux, le recul sur leur cœur de métier n’est pas vraiment compensé au 1er trimestre par le développement dans les télécoms! Le puissant opérateur garde le sourire.
En analysant un peu finement les chiffres de Swisscom, on constate qu’il continue de reculer sur la téléphonie fixe, comme les téléréseaux se dessèchent sur ce qui était leur métier de base: la TV. Le nombre de lignes fixes du géant bleu recule semestre après semestre. Sur un an, ce déclin s’est chiffré à 5,6% au 1er trimestre 2016 à 2,582 millions de raccordements, tandis que les téléréseaux ont plongé de 4,8% à 2,495 millions de prises TV.
Dix fois moins vite
A première vue, on serait tenté de penser que le câble s’en tire assez bien. Et bien… Lorsqu’on additionne les différents services commercialités par ces entreprises qui raccordent généralement les particuliers avec du bon vieux câble coaxial, on constate que le «nombre d’unités génératrices de chiffres d’affaires» (comme l’écrirait Swisscom) a progressé de 0,08% sur un an à 4,486 millions d’unités.
Du côté de Swisscom, ce même «nombre d’unités génératrices de chiffre d’affaires» a augmenté de 1% sur douze mois. Il culmine désormais à 12,532 millions d’unités. Le constat est clair: Swisscom réussit mieux sa migration vers des «métiers annexes» à son activité historique que l’ensemble de ses concurrents câblés réunis.
Empereur absolu des télécoms
La marche de Swisscom vers une domination absolue de tous les secteurs télécoms se poursuit. Chaque jour, l’opérateur historique semble globalement renforcer sa position, en commençant par le marché de la télévision. Il totalise désormais plus de 1,367 million de clients TV, gagnés en grande partie sur 200 téléréseaux, qui ne peuvent aligner ensemble, pour comparaison, que 721’000 clients sur la téléphonie fixe.
En une année, le redoutable géant bleu est passé d’une position d’empereur helvétique des télécoms à celle d’empereur absolu des télécoms, c’est-à-dire en position de leader dans tous les domaines importants, soit la téléphonie fixe, mobile, l’accès à internet, la TV et même certains marchés informatiques. Magnifique cette concurrence, non? L’OCDE en reste toute retournée!
Xavier Studer