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Technologie et législation: une 5G médiocre et au prix fort pour la Suisse?

Le déploiement de la 5G sera complexe en Suisse.
Le déploiement de la 5G sera complexe en Suisse.

Après le rejet lundi par le Conseil des Etats d’une motion de la Commission des télécommunications visant à augmenter les valeurs limites de l’Ordonnance sur le rayonnement non-ionisant (ORNI), l’avenir de la 5G en Suisse fait débat. D’autant plus que cette décision a été prise de justesse par 22 voix contre 21 et deux abstentions. Swisscom est choqué.

«Swisscom regrette la décision du Conseil des Etats concernant une modification modérée des valeurs limites, qui seraient restées très inférieures aux valeurs limites recommandées par l’OMS et à celles de la plupart de nos pays voisins. En raison des valeurs limites extrêmement strictes de l’ORNI à titre préventif, 90% des sites ne peuvent pas être équipés d’antennes 5G en zones urbaines», indique Christian Neuhaus, porte-parole.

«La recherche de nouveaux emplacements est très compliquée et nécessite souvent beaucoup de temps. Le développement du réseau 5G restera ainsi lacunaire et le potentiel intégral de la 5G ne pourra pas être exploité en Suisse, ce qui impactera sans nul doute possible la place économique suisse. Comme elle l’a déjà annoncé, Swisscom fera avancer l’extension de la 5G dans le cadre de ses possibilités», souligne le porte-voix de l’ogre bleu.

Consultez le dossier 5G

Effectivement. Le déploiement éventuel de la 5G exigera probablement une baisse de la puissance des équipements existants et la pose de multiples antennes de moindre puissance (microcellules). C’est effectivement plus compliqué, plus long et plus cher. Le consommateur risque bien de ressentir ce dernier point lorsqu’il comparera ses tarifs avec ceux pratiqués à l’étranger!

Plus d’antennes: un mal pour un bien?

Reste que la Suisse n’est pas le seul pays à imposer une législation draconienne en matière de rayonnement non-ionisant. L’Italie ou certaines villes comme Bruxelles ou Paris imposent depuis plus ou moins longtemps des normes qui se rapprochent de celles pratiquées en Suisse, même si leur application est facilitée parfois par des méthodes de mesures moins rigides.

Que penser? La multiplication des antennes risque d’être la meilleure solution pour assurer une bonne couverture dans des endroits à forte fréquentation. Elle semble même indispensable pour assurer la seconde phase de déploiement de la 5G en Suisse, qui aura recours à des fréquences plus élevées (micro-ondes millimétriques) pour pouvoir atteindre des débits jusqu’à cent fois supérieurs à ceux proposés aujourd’hui.

5G en Suisse: des doutes et des contradictions

Restent quelques grandes interrogations. A l’heure de la mondialisation, comment se fait-il que la Suisse applique des normes parfois jusqu’à dix fois plus restrictives que celles pratiquées généralement en Europe et dans le monde? Alors que le 5G va débarquer d’ici fin 2018, pourquoi ne tient-elle pas compte des recommandations de l’Organisation mondiale de le santé en la matière (OMS)?

Visiblement, certains extrémistes parviennent à entretenir une peur irrationnelle dont nous risquons de tous faire les frais, puisque nous sommes toujours plus dépendants des réseaux modernes de communication. Le Conseil des Etats n’est d’ailleurs pas à une contradiction près puisqu’il a soutenu une motion du National demandant au gouvernement d’augmenter la vitesse minimale de connexion à l’Internet à haut débit dans le cadre du service universel… On s’amuse déjà sur les interpellations relatives à notre îlot de cherté!

Xavier Studer

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