La numérisation des services publics en Suisse progresse, mais à un rythme qui laisserait à désirer. Selon une récente étude du lobby digitalswitzerland, notre pays accuse un retard significatif par rapport à ses voisins européens en matière d’e-gouvernement. Dans tous les cas, le plus important est de rester au service du public.
Ce constat, pouvant être perçu comme préoccupant, ne serait pas une surprise pour certains observateurs intéressés du paysage numérique helvétique. Il souligne la nécessité d’une action concertée entre les différents niveaux de l’administration et le secteur privé pour inciter les services publics à gagner en efficacité, quelle que soit la technologie utilisée.
Des initiatives prometteuses
Certains cantons et communes font d’ailleurs figure de bons élèves, avec des portails en ligne performants et des démarches administratives simplifiées. Cependant, ces initiatives restent trop souvent isolées et peinent à se généraliser à l’échelle nationale, créant des disparités importantes entre les régions, selon le groupe de pression digitalswitzerland.
Si la Confédération, de son côté, a clairement pris conscience de l’enjeu, certains observateurs estiment que les mesures mises en place tardent à porter leurs fruits. Certains projets chahutés sur le boulevard illustrent les difficultés à concilier innovation technologique et protection des données personnelles.
Une approche plus réfléchie
A ce stade, il est légitime de s’interroger sur les motivations réelles derrière cette course à la transfiguration numérique, puisque la numération est loin derrière nous! Les opérateurs télécoms, les géants de la technologie ainsi que les entreprises de conseil en «transformation numérique» ne sont-ils pas les principaux bénéficiaires de cette «mode», au détriment parfois de l’intérêt général, de l’être humain et du citoyen.
La numérisation ne doit pas être une fin en soi, mais un moyen d’améliorer concrètement la vie des citoyens et l’efficacité de l’administration, au service de la société. Il est crucial de garder à l’esprit que ces technologies, souvent excessivement énergivores, doivent être déployées de manière réfléchie et durable, en tenant compte de leur impact environnemental et sociétal à long terme.
La technologie n’est pas une fin en soi, elle doit être un moyen pour évoluer vers une société meilleure au service du souverain bien, comme le diraient certains philosophes.
XS
PS
Définition de digital: «qui appartient, se rapporte aux doigts» ABE.
Merci pour cet article! Vous avez raison, le numérique n’est pas une fin en soi! Immahgnez: après l’arrivée de l’énergie nucléaire si l’on avait nucléarisé le monde en installant partout du nucléaire au lieu d’autres sources d’énergie. Ces technologies ne sont que des outils. les êtres numains devraient passer avant, mais c’est de moins en moins le cas, me semble-t-il.
Exactement, il ne faudrait pas que la numérisation des services soient un prétexte pour fermer des guichets, bureaux ou démarches papier existants. La numérisation doit offrir une option en plus, pas toutes les remplacer. Le technologie au service de l’humain et pas l’inverse. Vaste débat, et malheureusement les promesses de réduction des coûts (du côté de l’exploitant) n’incitent pas à garder les alternatives au numérique…
Supériorité technologique et insécurité numérique 10 Mars 2024
https://solange-ghernaouti.com/blog/superiorite-technologique-et-insecurite-numerique
Professeure de l’université de Lausanne, directrice de recherche, membre de l’Académie suisse des sciences, Solange Ghernaouti intervient régulièrement sur les thématiques liées à la cybersécurité, l’intelligence artificielle ou encore par exemple à la souveraineté numérique
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Merci!