
Les grandes manœuvres financières se sont poursuivies en 2025 pour Sunrise, la marque qui a survécu à celles d’UPC et de Liberty Global. Après sa réintroduction à la bourse suisse en 2024, l’opérateur a entrepris de grandes manœuvres autour de ses actions, si stratégiques. Point de situation!
Revenir à la bourse suisse doit permettre à long terme une gestion plus transparente de l’entreprise encore sous forte influence de son passé anglo-saxon, marqué par le rôle de Liberty Global, ancien propriétaire d’UPC. Finalement, la marque Sunrise a survécu à ces différentes manœuvres financières et étapes historiques.
Un capital à géométrie variable
La structure du capital de Sunrise est toujours marquée par deux types d’actions différentes: celles de classe A et celles de classe B. Cotées à la bourse suisse, les actions de Classe A ont une valeur nominale de 10 centimes tandis que celle de Classe B, non cotées en bourse, ont une valeur nominale de 1 centime, soit dix fois moins. (1 action B = 1/10 des droits économiques d’une action A (tout en gardant 1 voix).
Dans les deux cas, une action donne droit à une voix. Grâce à ce système, les actions de Classe B ont donc une influence déterminante. Ce système permet à des actionnaires historiques, comme le magnat américain des télécoms John Malone, de conserver un contrôle très important sur l’entreprise grâce à ces actions de classe B.
Structure de contrôle disproportionnée
Concrètement, il existe plus de 69 millions d’actions de Classe A et près de 26 millions de Classe B. Les premières totalisent environ 72,9% des droits de vote et les secondes quelque 27,1%, même si elles ne pèsent que quelque pour cent de la valeur économique de Sunrise! Les derniers chiffres sont publiés ici.
Grâce à ce stratagème, les anciens actionnaires anglo-saxons pèsent toujours très lourdement sur l’entreprise. Et c’est sans compter le poids des propriétaires des actions de Classe A. Par exemple, le fonds d’investissement The Baupost Group (Seth Klarman) est un des principaux investisseurs institutionnels déclarés. La bourse suisse publie les dernières valeurs sur cette page.
Un conseil d’administration orienté
Le Conseil d’administration de Sunrise reste très marqué par son passage dans le groupe américano-britannique Liberty Global. Par exemple, Michael T. Fries, toujours président, est le CEO et le cofondateur de Liberty Global. Le reste du conseil se caractérise par une forte influence des groupes Liberty Global et Virgin Media O2 aux côtés de membres suisses.
Bref, on l’aura compris, malgré ce retour en bourse suisse et un léger vernis helvétique, l’influence anglo-saxonne sur Sunrise reste capitale en cette fin d’année 2025. Cette influence se retrouve d’ailleurs clairement sur la stratégie de l’entreprise de mon point de vue: le cash d’abord, les investissements et les clients après!
Dernier commentaire, il sera probablement très intéressant de suivre l’évolution de l’actionnariat de Sunrise ces prochains mois.
Xavier Studer
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Dois-je vous rappeler le nombre d’entreprises “Suisses “ qui appartiennent à des groupes financiers étrangers , et qui emploient des milliers de gens dans ce pays ??
Nous avons tous compris que vous une “dent” contre SC , et Sunrise , et Salt c’est votre chouchou “du moment “ …..
Exactement pour cela que j’ai récemment résilié les abos Sunrise TV et mobiles de la famille récemment. America Last.
« Cette influence se retrouve d’ailleurs clairement sur la stratégie de l’entreprise de mon point de vue: le cash d’abord, les investissements et les clients après! »
C’est le but de toutes les entreprises. Combien d’entreprises, même des PME, font des bénéfices énormes et ne redistribuent rien aux employés par exemple ? Ou elles mettent une enveloppe de 20 000 CHF de bonus pour les employés pour 2 mio de bénéfice… De plus, c’est rarement réparti de manière égalitaire. C’est souvent quelques employés qui prennent une part énorme du gateau.
Pour les investissements, je rappelle que Sunrise a une dette de 6 mia de CHF. Donc, ils doivent payer des intérêts sur cette dette. La logique financière vise à réduire cette dette, donc à diminuer les investissements. Je rappelle que Fitch a noté Sunrise à BB-, soit 8/20. Cela signifie « Non investment grade, speculative ».
Si on fait une analogie politique, le Canton de Vaud est noté AAA (20/20), soit la meilleure note. Le canton n’a pas de dette, mais une fortune. En 2022, la fortune s’élevait à 5.3 mia… (source: 24 Heures). Pourtant, le canton fait des économies et procède à des coupes financières dans des domaines importants.
La note Fitch BB- est donnée à des pays comme la Côte d’Ivoire, la Turquie, la Jamaïque, le Kosovo, la Jordanie, le Népal, etc… Voilà où en est Sunrise au niveau financier. Avec une telle note, il est logique que Sunrise procède à des mesures d’économies.
Swisscom est noté A-, soit 14/20.
Disons qu’avec un rendement par action de 7% à 8%, Sunrise pourrait rembourser plus efficamcement sa dette. Mais ce n’est pas une priorité de ses actionnaires.