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Comment Swisscom veut construire un nouveau monopole!

Chantages autour de la fibre optique?
Chantages autour de la fibre optique?

Certains techniciens n’y vont pas par quatre chemins. Ils voient dans les contre-propositions de Swisscom pour contester les décisions du gendarme de la concurrence (Comco) et du Tribunal administratif fédéral (TAF) en matière fibre optique, la volonté de construction d’un nouveau monopole. Il faut dire que l’ancien monopoliste souffre d’une allergie viscérale à la concurrence depuis toujours!

Ces dernières décennies, il n’a cessé de contester toutes les décisions pouvant potentiellement montrer son influence négative et son poids sur le marché. A sa décharge, il est vrai qu’il est pénible d’investir pour se faire «piquer» des clients par ses concurrents. Mais n’est-ce pas une fatalité pour un opérateur historique?

Les fausses solutions de Swisscom

Pour contester un avis de la Commission fédérale de la concurrence (Comco) et un jugement du TAF contestant sa nouvelle politique en matière de construction de réseau (voir d’ailleurs les explications d’un de ses concurrents), Swisscom propose notamment des solutions de virtualisation et manœuvre en coulisse (à différents niveaux d’ailleurs), comme nous l’avons vécu. Par ailleurs, il multiplie les déclarations pour inquiéter les ruraux, prêt à bloquer les dossiers au besoin. Pas beau, ça!

Le puissant opérateur est d’ailleurs prêt à se désavouer et mettre en cause les principes mêmes qu’il a défendus pendant des années pour faire des économies et potentiellement ralentir ses concurrents (il paraît que ces vérités ne sont plus valables). Il l’avait d’ailleurs dit clairement: pour éviter les erreurs du passé, ses concurrents doivent pouvoir bénéficier d’un accès complet à la fibre (layer 1).

Computerworld très clair

Un article de l’agence de presse AWP, repris par Computerworld, abonde dans le même sens en donnant la parole à une experte allemande en construction de réseaux. Il n’y avait d’ailleurs pas besoin d’aller si loin, tellement ce dossier est limpide. Les juristes du TAF avaient en effet analysé tout à fait sérieusement la situation. Et leur décision était basée sur des faits. Point barre.

L’experte du consultant allemand WIK arrive à la même conclusion que le TAF. Ce dernier a écrit dans son jugement que les alternatives de Swisscom à un accès direct à la fibre (layer 1) n’étaient pas convaincantes pour différentes raisons. Les autres entreprises de télécommunication (particulièrement les petites) ne seraient pas en mesure de définir et de configurer leurs produits de manière autonome et de les proposer aux clients finaux.

Pour terminer, je cite le communiqué du TAF: «Swisscom doit respecter les standards en matière de fibres optiques». Il évoquait par ailleurs dans son texte des «pratiques abusives d’une entreprise ayant une position dominante sous la forme d’une limitation du développement technique au sens de l’art. 7 de la loi sur les cartels». J’espère que nous tournerons un jour définitivement cette page peu reluisante.

Xavier Studer

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