Comme je l’écrivais déjà à fin 2013, le marché suisse des télécoms est pour le moins particulier depuis des années en comparaison européenne. Swisscom, toujours en mains étatiques, occupe une position de leader dans presque tous les domaines.
Ses concurrents, qui se plaignent souvent de cette situation, et demandent parfois sa privatisation, peinent à se développer, quand ils ne perdent pas du terrain. L’infographie ci-contre permet de visualiser d’un clin d’œil l’étendue de l’empire de Swisscom bâti en partie sur une libéralisation bâclée.
En consultant cette infographie, on réalise que Swisscom cumule souvent plus de parts de marché, de ressources ou de revenus que tous ses principaux concurrents réunis. Cette situation permet notamment au puissant opérateur de profiter d’économies d’échelles et d’une redoutable dynamique de groupe. Sur le marché de la télévision, l’ogre bleu, qui réalise un travail remarquable, est en passe de devenir le numéro un.
Le dieu des télécoms
On constate aussi qu’il s’agit du seul opérateur qui profite d’une position très solide dans tous les secteurs, y compris le développement informatique. Orange* est presque inexistant sur le fixe ou l’internet, tandis qu’UPC Cablecom tente de se développer sur le mobile en coopérant justement avec ce qui est désormais Salt*. Seul Sunrise, qui utilise largement le réseau de Swisscom, notamment pour la TV, est présent partout.
Si la plupart des opérateurs progressent en termes de chiffre d’affaires. Il ne faut pas oublier qu’un UPC Cablecom continue de perdre des clients malgré sa politique d’acquisition. La situation de Sunrise, qui vient d’entrer en bourse, est loin d’être idéale. Le challenger helvétique des télécoms recule sur internet, le fixe et le mobile, même s’il progresse sur le postpaid.
Alors que faire? Pour davantage de concurrence, il faut donner de l’air aux concurrents de Swisscom qui est en train de se construire un empire de fibre optique. Il faut dire qu’il en a les moyens quand on sait que son bénéfice après investissement (notamment dans la fibre optique) était de 1,7 milliard en 2014! Pour comparaison, Sunrise a réalisé une perte de plus de huit millions sur la même année, selon AWP. Sans commentaire.
Privatiser une partie de Swisscom
Une solution serait de surveiller plus étroitement la pose de la fibre optique. Une autre plus radicale serait d’envisager la division de Swisscom en plusieurs entités. L’une, en mains publiques, se chargerait de la gestion du réseau fixe. Les autres, privatisées, se concentreraient sur le mobile, la commercialisation des services sur les réseaux fixes ou l’informatique.
Cela dit, compte tenu du possible conflit d’intérêts entre Swisscom, son actionnaire principal et les différentes administrations concernées, on n’est pas prêt de trouver une solution! D’autant plus que l’ogre bleu se distingue par un travail de communication et de lobbyisme sans égal! Tétanisés, certains redouteraient même d’en parler…
Xavier Studer
Plus d’informations
- Le rapport annuel 2014 de Swisscom
- Le site de Sunrise
- Les chiffres clefs d’Orange devenu Salt
- UPC Cablecom se présente
- Swisscable: résultats 2014
* A fin 2014, Salt s’appelait encore Orange Communications.