Hautement stratégique, le marché des processeurs et de leurs technologies est concentré dans quelques sociétés de poids. Apple, Qualcomm, Huawei et Samsung, par exemple, utilisent tous l’architecture ARM. MediaTek, l’acteur qui monte, se base aussi sur les designs de ce dernier, alors qu’Intel et AMD se concentrent sur les ordinateurs traditionnels. Point de situation.
MediaTek, Qualcomm, Apple, Unisoc, Samsung (avec sa gamme Exynos) et Huawei (avec ses puces Kirin) dominent le secteur des puces pour smartphones et tablettes en utilisant l’architecture ARM du Britannique éponyme. Bien illustrée par Counterpoint, cette concentration du marché entre quelques mains est d’autant plus critique que ces puces sont très majoritairement produites par le Taïwanais TSMC.
Reprise attendue en 2024
Après une période difficile, le marché des semi-conducteurs devrait connaître un rebond significatif en 2024, avec des prévisions de croissance variant entre 9% et 20% selon les analystes. Cette reprise serait principalement tirée par la demande croissante dans les secteurs des smartphones et des ordinateurs personnels.
L’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans les smartphones apparaît comme un facteur clé pour redynamiser le marché, avec des prévisions indiquant qu’un smartphone sur cinq vendu en 2024 intégrera des capacités d’IA générative. Plus globalement, le concepteur de cartes graphiques Nvidia occupe d’ailleurs une place toujours plus importante sur ce créneau.
La course à la miniaturisation
La finesse de gravure des puces reste un enjeu majeur pour les fabricants, avec une transition progressive vers le processus de fabrication en 3 nm. MediaTek, Samsung et d’autres ont annoncé leur intention d’adopter cette technologie d’ici fins 2024. Intel, qui conçoit et fond ses puces pour PC, entend aussi revenir en force avec sa nouvelle technologie Intel 18 A.
Globalement, l’arrivée du 3 nm promet des gains significatifs en termes de performances et d’efficacité énergétique, avec une augmentation de l’ordre de 18% des performances à consommation égale par rapport à la génération précédente en 5 nm. Désormais, les fondeurs les plus avancés visent les 2 nm, voire les 1,8 nm, comme Intel.
La bataille des architectures
Au niveau de la conception, l’architecture ARM domine le marché des appareils mobiles. Elle est utilisée aussi bien par Samsung, Huawei, MediaTek ou encore Apple, sans parler de tous les autres. Désormais, sur le marché des PC, elle concurrence les designs traditionnels des x86 d’Intel et AMD. Qualcomm affiche d’ailleurs des ambitions élevées dans ce domaine, visant à gagner jusqu’à 50% du marché des PC d’ici 2029 avec ses puces Snapdragon, célèbres sur les smartphones.
Cette diversification des architectures pourrait redéfinir le paysage du marché des processeurs pour ordinateurs dans les années à venir, offrant aux consommateurs un choix plus large de performances et d’autonomie. Il constitue un sacré défi pour Intel, un peu pâle depuis quelques années, mais qui pourrait revenir en force.
Le poids de TSMC
Les fondeurs, c’est-à-dire les fabricants de puces informatiques, jouent un rôle crucial. Les plus importants sont TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Company), Samsung Electronics, UMC (United Microelectronics Corporation), GlobalFoundries et SMIC (Semiconductor Manufacturing International Corporation). Ensemble, ils dominent le marché avec une part d’environ 90%, selon Trendforce.
TSMC (qui fabrique aussi les puces AMD), est le leader incontesté du marché des fondeurs de semi-conducteurs. Avec une part de marché d’environ 62%, TSMC est le principal fournisseur de puces pour de grandes entreprises technologiques, notamment Apple, qui représente environ 25% de son chiffre d’affaires. Samsung arrive en 2e position avec un peu plus de 11% des ventes, selon Trendforce.
Concentrations risquées…
Malgré les perspectives positives, le marché des semi-conducteurs reste confronté à des défis importants. La concentration géographique de la production, notamment à Taïwan avec TSMC, soulève des questions de sécurité d’approvisionnement et de géopolitique. Les tensions internationales et les efforts de relocalisation de certaines productions ajoutent une couche de complexité à un marché déjà très technique et concurrentiel.
Enfin, encore un peu dans l’ombre, des acteurs financiers américains comme Vanguard Fiduciary Trust et BlackRock Advisors sont des acteurs de poids d’Intel, Nvidia, Qualcomm et TSMC. ARM est possédée majoritairement par le groupe japonais SoftBank, alors que TSMC est majoritairement en mains taïwanaises et Samsung coréen.
Xavier Studer
Intel ferait mieux de corriger les problèmes de performances et les bugs des générations précédentes…