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Pseudo-science: le débat sur la 5G ne s’élève pas au détriment de Salt, Sunrise et Swisscom

Swisscom a publié un quizz sur la 5G.
Swisscom a publié un quizz sur la 5G.

Swisscom, Sunrise et désormais Salt continuent de moderniser leurs infrastructures pour les adapter à la dernière évolution technologie mobile, la 5G. Dans un climat délétère de désinformation, les erreurs factuelles, les amalgames et les problèmes d’interprétation se multiplient. Hélas, dans notre vénérable démocratie, la pseudo-science gagne du terrain.

Pour commencer, au mépris de nos institutions, de nombreuses voix s’étonnent de l’important travail accompli actuellement par les opérateurs dans la plus parfaite légalité. En effet, bénéficiant de la «neutralité technologique», ils recourent aux fréquences utilisées pour la 4G afin de déployer la 5G, ce qui explique la couverture actuelle de 90% du territoire par Swisscom. La carte synoptique des antennes 2G/3G/4G/5G.

Une information qui fait couler beaucoup d’encre et qui suscite des craintes alors que les normes actuelles sont toujours respectées. Le passage de la 4G à la 5G sur les mêmes fréquences ne devrait rien changer. Hélas, dans un climat populiste et démagogique, le débat est biaisé, car trop de voix ne pouvant donner un avis scientifique avéré et sérieux s’expriment sur cette question. Popper doit se retourner dans sa tombe!

Des scientifiques spécialisés

En effet, il ne suffit pas d’être ingénieur, même dans un domaine technique, pour se prononcer sur l’éventuelle dangerosité de la téléphonie mobile et plus largement des ondes électromagnétiques. Pour évaluer les éventuels effets de ces technologies, il semblerait plus raisonnable de se tourner au minimum vers des biologistes, éventuellement des médecins et des épidémiologistes. Et encore, il faut que ces personnes soient suffisamment «consensuelles» et fassent autorité en la matière….

Loin du boulevard, des milliers de scientifiques dans le monde se penchent constamment sur ces questions. En Suisse, le groupe consultatif d’experts en matière de rayonnements non ionisant (BERENIS) évalue en permanence la littérature scientifique sur ce sujet. Tous les résultats sont accessibles ici au grand public, qui souhaiterait une information de qualité. L’EMF-Portal recense aussi des milliers d’études scientifiques.

Des normes pour limiter les risques

Par précaution, comme il est difficile d’évaluer sur le long terme les risques liés à l’exposition des ondes électromagnétiques, les autorités sanitaires des différents pays ont édicté des normes qui varient fortement. En Suisse, c’est l’Ordonnance sur la protection contre le rayonnement non ionisant (ORNI) qui garantit la protection de la population, également pour la 5G…

Les législations nationales se basent sur les résultats de l’International Commission on Non-Ionizing Radiation Protection (ICNIRP). Ces différentes normes sont censées protéger les êtres humains d’une dangerosité potentielle des ondes qui ne semble pas avérée à ce jour, y compris par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dont le prochain rapport a pris du retard…

Pourquoi le débat est médiocre

Pour commencer, le passage de la 3G, à la 4G, voire à la 5G ne devrait pas changer fondamentalement les choses en matière de dangerosité, du moins sur les fréquences actuelles. Et on a trop souvent l’impression que la 5G amène intrinsèquement une dangerosité supplémentaire, ce qui n’est pas le cas si les normes actuelles sont respectées.

La 5G introduit toutefois un élément qui doit être évoqué: le beamforming, c’est-à-dire la possibilité d’augmenter la puissance dans un faisceau donné pour améliorer le débit. Une possibilité technique difficile à utiliser en Suisse avec les normes actuelles, raison pour laquelle les opérateurs font pression pour leur relèvement… Sur le long terme, l’utilisation potentielle des ondes millimétriques, difficile à mettre en œuvre devra aussi être suivi.

5G: les erreurs factuelles

Enfin, des erreurs factuelles sont régulièrement véhiculées dans la sphère publique. Par exemple, sur un site renommé, on peut lire que Sunrise déploie actuellement la 5G dans la gamme de fréquences de 3,5 GHz, une fréquence déjà utilisée par la 4G, ce qui est faux. Trop souvent des amalgames, des prises de position fumeuses et des raccourcis conduisent à une psychose injustifiée.

Alors sans danger? Disons qu’à en croire les scientifiques, toujours naturellement très prudents, aucune nocivité avérée des ondes électromagnétiques n’a été démontrée lorsque les normes en vigueur sont respectées. Dans tous les cas, il convient de se conformer au principe de précaution, comme le garantit la législation actuelle et rester attentif aux ultimes études scientifiques. Le dernier rapport sur le déploiement de la 5G va d’ailleurs dans ce sens.

Xavier Studer

Lire aussi sur ce blog :
Faut-il avoir peur des antennes de téléphonie mobile? Rien ne semble le prouver

High-tech: «Champs électromagnétiques, environnement et santé»…

Notre dossier complet sur la 5G

Sur le site de l’Association française pour l’information scientifique (AFIS):
Ondes de la téléphonie mobile: une étude du National Toxicology Program fait le buzz sans raison scientifique

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