Fibre optique en Suisse: des constructeurs désavouent Swisscom…

  • Dernière modification de la publication :18/01/2022
  • Commentaires de la publication :9 commentaires
Fibre optique: la Suisse à la peine...
Fibre optique: la Suisse à la peine…

Visiblement, certaines manœuvres se poursuivent pour désamorcer la nouvelle stratégie de Swisscom, qui veut désormais «fibrer» à sa manière la Suisse, évidemment tout à son intérêt… Le constructeur de réseaux Swiss4net met les points sur les «i», probablement à la suite de lobbyisme en coulisse….

Ci-dessous, par exemple, quelques extraits du dernier communiqué de presse de Swiss4net ainsi que quelques explications annexes pour expliciter les choses. Décidément, alors que d’aucuns ambitionnent péniblement de vouloir numériser la Suisse en 2021 (mdr), on est en droit de s’interroger sur les lenteurs de ce dossier….

Les deux technologies principales de construction de réseaux de fibre optiques en Suisse sont le modèle point à point (P2P) et le modèle point à multipoint (P2MP), souvent appelé à tort modèle monofibre. Dans le premier cas, Swisscom a préconisé pendant des années de construire un tel réseau avec quatre fibres en parallèle jusque dans le salon, pour assurer un maximum de concurrence avant de faire volte-face et d’être remis à l’ordre par la COMCO..

Le modèle point à multipoint (P2MP)

Le modèle P2MP n’a pas de fibre continue de la centrale au client final. Un réseau P2MP ne transporte qu’une fibre sur le premier tronçon de la centrale au dispositif d’alimentation (dans la rue ou l’immeuble) et à partir de ce point de distribution, cette fibre entrante est répartie jusqu’à 32 clients finaux au moyen d’un répartiteur. Avec un P2MP et sa structure arborescente, seul 1/32e de fibre arrive chez le client final et il n’y a donc pas de fibre individuelle, continue entre la centrale et un logement / commerce.

L’accès avec la couche 1* avec P2MP est également restreint pour les fournisseurs de télécommunications. Un modèle P2MP est sujet à des interférences dans les connexions, car une arborescence P2MP entière (les 32 clients d’un fournisseur) est toujours affectée. Les fournisseurs de télécommunications des clients finaux individuels dépendent de la technologie P2MP que le constructeur a choisie pour l’extension de la fibre optique et le fournisseur doit s’y fier sans avoir lui-même la liberté de choix.

Le modèle point à point (P2P)

En termes de technologie, le modèle P2P pur est ouvert aux futurs développements du réseau de FTTH et à l’individualité du fournisseur. Grâce à leurs propres connexions en fibre optique de la centrale au client final, les fournisseurs peuvent choisir et utiliser eux-mêmes leur technologie préférée. Même le déjà populaire XGS-PON (réseau optique passif permettant de prendre en charge les transferts de données symétriques à haut débit – 10 Gbit/s)** est proposé aux clients finaux sans restrictions via le réseau P2P. Dans le même temps, tous les clients finaux bénéficient d’un débit Internet maximal (synchrone, upload et download) ainsi que de la meilleure disponibilité et sécurité du service payant pour le client final.

L’allégation selon laquelle la construction de tels réseaux de fibre optique P2P est nettement plus coûteuse ne s’applique pas non plus. Car ceux qui mettent en œuvre le modèle P2P dès le départ et utilisent les infrastructures existantes (par exemple des municipalités / villes) construisent de manière rentable. Swiss4net utilise un modèle point à point pour tous ses réseaux FTTH.. De plus, deux fibres optiques supplémentaires sont disponibles dans chacun des bâtiments pour une utilisation ultérieure pour d’autres applications.

*L’opérateur peut accéder directement à la fibre et la gérer avec ses propres équipements technologiques. Cf ComCom.
**Salt a lancé en Suisse cette technologie avant d’être copié par ses principaux concurrents…

XS

Cet article a 9 commentaires

  1. Tricoline

    Merci pour cette info Xavier, mais rien de neuf sous le soleil…
    .
    Cela ne va pas faire avance le « Schmilblick », Swisscom va défendre bec et ongle ses concepts, et de l’autre il se frotte les mains, cela rend captif les 60% qui ne sont pas prêt d’avoir la fibre en P2P (ou tout court) et donc de partir à la concurrence. Histoire de facturer plein pot un minable raccordement cuivre alors que pour moins cher certains en Suisse et surtout à l’étranger ont la fibre avec de meilleurs prestations.
    .
    C’est une honte pour la Suisse qui veut jouer dans la cours des grands et se pavaner avec soit disant les meilleurs réseaux du monde, m’enfin …
    .
    Bonnet d’âne aux hommes et décideurs politiques suisses, 100% responsables de ce fiasco.

  2. Dominique B.

    Bonjour,
    merci de relayer ces informations. Les politiques ne font pas leur travail. À moyen ou long terme, chaque abonné doit être relié par la fibre ET doit avoir le choix de l’opérateur. Il n’y a pas d’alternative. Le cuivre doit être remplacé par la fibre. ça concerne la paire historique des pététés mais aussi le coaxial des câblo-opérateurs car ce dernier ne permet pas le libre choix du fournisseur. Swisscom tergiverse pour empêcher les clients de choisir l’opérateur. Swisscom ment. Les câblo-opérateurs agissent de la même façon. Faut-il attendre que les pays voisins terminent le déploiement au niveau national (ville et campagne) à 100% pour s’interroger sur l’inertie helvétique?
    Dominique B.

  3. yxcdewqa

    C’est honteux pour notre pays le réseau actuel. Et Swisscom va tout faire pour ralentir les recours, la situation va durer encore de nombreuses années. Les politiciens s’en moquent totalement.

  4. misenta

    Swisscom ne ment pas! Ils veulent simplement mettre en service un réseau plus rapidement et moins couteux (2030 pour le P2MP au lieu de 2035-2040 pour le P2P) et rappelons que la grande majorité des opérateurs européens mettent en service un réseau P2MP (seuls 2 sont en P2P).
    Donc que préférez-vous, un réseau pour l’ensemble de la Suisse pas trop cher et mis en service rapidement mais limité dans le futur ou un réseau long et cher à mettre en place qui ne devra pas être limité avant longtemps. Perso, je préfère la première solution, d’autant plus que nous utilisons de plus en plus des solutions mobiles, donc je pense que la fibre P2P est du luxe.

    1. Tricoline

      +1 !
      .
      Ensuite j’ose espérer que la situation se décante, que l’on passe rapidement au P2MP, et que Swisscom s’engage à fibrer 90% du pays d’ici 2030, y compris à la campagne, et yc sur des lignes actuellement en aérien, ect.
      .
      Que l’on oblige les cablos à moderniser leur réseau cuivre coax et accès à la concurrence pour tout type de raccordement.

  5. Laurent

    La 1ere construction du P2MP en Suisse, c’était bien antérieur à Salt. SIL Citycable (Ville de Lausanne) avait lancé le projet pilote FTTH en GPON remontant à 2008-2009 dans les quartiers de Chailly et de Praz-Séchaud. Cela avait servi de base à l’accord de coopération avec Swisscom, validé en 2012 par le conseil communal lausannois. S’en est suivi un déploiement massif dès 2013. La technologie GPON permettait déjà des débits de 2.5 Gbps pour 32 utilisateurs par fibre au central.

    Objectivement, je suis d’opinion que les technologies P2MP permettent réellement d’économiser:
    1) dimensionnement des tubes: plutôt que de devoir construire de larges gaines pour le tirage des câbles optiques (2 ou 4 brins par unité d’utilisation), on peut réutiliser des tubes existants et se contenter d’un diamètre réduit (tubes de 100 ou de 80mm) pour les câbles feeders (alimentation de quartier). Comme acteur dans la construction, s’il faut poser de nouveaux tubes, il faut ouvrir la rue et cela induit des coûts entre 200-800 Francs par mètre et tous les désagréments pour les habitants!
    2) dimensionnement des centraux: alimenter 1000 clients depuis un petit central prend beaucoup plus de place dans les locaux en P2P que en P2MP: il faut 32 fois plus de connecteurs optiques dans les armoires de répartition et 32 fois plus de ports optiques sur les équipements actifs. Ces derniers seront remplacés tous les 5 ans en moyenne.
    3) câbles optiques depuis le central aux distributions de quartier: il faut des câbles 32 fois plus gros et qui coûtent donc plus cher (pas 32 fois mais tout de même un facteur)
    4) distribution des signaux TV et radio: naturellement les technologies P2MP permettent d’ajouter une porteuse optique (véhiculant les fréquences VHF et UHF) qui garantit la distribution de la TV et Radio sur la même fibre. Cela avec des coûts réduits et sans nécessité d’une box TV, la TV et la radio pouvant être directement raccordés à un sortie du fibro-modem.

    Pour de nombreux opérateurs FTTH dans le monde, le choix pour une technologie P2MP a été une évidence… On ne s’est même pas posé la question de faire du P2P.

    Cependant il est clair qu’avec une technologie P2MP le dégroupage est plus compliqué, c’est un peu comme pour le câble TV.
    Soit:
    1) Les concurrents doivent utiliser une technologie compatible (telle que la XGS-PON, onéreuse) avec chacun sa plage de fréquences. Du coup, les petits opérateurs sont défavorisés
    2) Les concurrents amènent leurs câbles d’alimentation fibre optique jusqu’aux armoires de brassage où se trouvent les répartiteurs 1:32, du coup ils peuvent se patcher sur les fibres utilisateurs. Depuis ces armoires, en effet, on est en point à point.

    Pour résumer, toutes les technologies ont leurs avantages et inconvénients. Je suis d’avis que pour les politiques des villes/cantons, la meilleure option est de rechercher un optimum en termes de coûts et d’opter pour une distribution moins gourmande en espace et en travaux de génie civil, donc du P2MP.

  6. Fab

    En politique que trop peu de personnes s’y connaissent en matière de communication, certains sont à la.rue et prefere ralentir la voilure vu qu’ils sont dépassés.

  7. redge73

    L’un ne devrait pas empêcher l’autre ! Complémentarité.
    Lorsque le terrain s’y prête,, P2P avec l’infrastruture existante comme en ville/immeubles équipées de pleins de galerie souteraine/gaines disponibles,
    P2MP pour le reste maison individuelle/route non équipée.

    C’est comme les routes, il n’y pas de voies rapide partout et l’eau c’est pareil.
    Au dela, Internet par satellite basse orbite tel Starlink capable de fournir largement le service universel en 2024.
    A chaque situation la solution adaptée selon la localisation/terrain.
    Nous n’avons pas tous de l’ensoleillement équitable partout, ni la neige partout, ni l’eau partout, etc.
    S’adapter est le maitre mot… ce que fait Swisscom.
    Cela dit, je préfère le P2P pour les raisons évoquées par Swiss4net, le p2mp n’a pas de sens en ville de mon point de vue.

  8. AlexO

    Est-il possible de savoir avec combien de clients on partage la ligne en P2MP ?
    Je viens d’aménager dans un nouveau quartier et ça m’intéresse de savoir si mon débit va chuter une fois que tous les voisins sons là

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