Avec SpaceX, Salt lance la guerre du satellite: point de situation

  • Dernière modification de la publication :16/10/2023
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BlueWalker 3 d’ AST Space Mobile: environ 64 m2.
BlueWalker 3 d’ AST Space Mobile: environ 64 m2.

La téléphonie satellitaire n’est pas une nouveauté. Depuis une quarantaine d’années, elle donne notamment la possibilité aux marins de rester connectés avec le monde. Après de premières offres satellitaires données étant plutôt onéreuses et à la latence conséquente, Starlink de SpaceX a bouleversé ce monde avec une offre d’internet fixe plus performante et accessible. Avec Salt, il s’attaque au marché mobile tous azimuts, mais sans parabole!

Comme déjà expliqué dans cette colonne, l’offre de Salt et de Starlink permettra d’abord de transmettre des SMS avant d’être étendue à la voix et aux données. Basée notamment sur de la 4G, elle fonctionnera sur tous les smartphones existants du marché. Elle coupe ainsi l’herbe sous le pied à d’autres projets, dont les constellations de satellites ne sont pas encore en orbite.

De 3 à 18 Mbits/sec par satellite

Encore une fois, Starlink de SpaceX possède un coup d’avance puisqu’il est déjà en train de déployer sa seconde génération de satellites pour une mise en service avec T-Mobile aux Etats-Unis et avec Salt en Suisse d’ici 2024. Selon la documentation soumise aux autorités de surveillances américaines, un certain débit serait au rendez-vous.

SpaceX fait référence à des débits de téléchargement de 4,4 Mbits/sec et 18,3 Mbits/sec et de débits de téléversement (vers l’espace) de 3 et 7,2 Mbits/sec. Cette différence s’explique par les largeurs respectives des canaux utilisés, soit 1,4 MHz et 5 MHz. Pour la compatibilité, T-Mobile utilisera la bande 25 (1900 MHz) en 4G.

Huawei et Apple communiquent

Dans l’intervalle, rappelons qu’Apple et Huawei proposent déjà des smartphones avec l’iPhone 14 et le Mate 50 Pro capables d’envoyer des messages en cas d’urgence. Mais comme ces appareils utilisent des constellations de satellites situées plus loin de la surface de la Terre, il est nécessaire d’orienter correctement son appareil. Par ailleurs, l’offre est réservée à certains pays.

L’histoire est loin d’être terminée. L’an dernier, l’équipementier Ericsson, le fondeur Qualcomm et le spécialiste français de l’aérospatiale et de la sécurité Thales. ont annoncé le lancement d’un projet pilote pour déployer leur propre constellation de satellites qui devrait se situer dans une fourchette de 500 à 600 km de la surface terrestre. Les partenaires prévoient d’utiliser la 5G standardisée pour l’espace, comme expliqué ici.

Ericsson et Nokia dans le coup

Partenaire historique des constellations Inmarsat (satellites géostationnaires à 36’000 km) et Irridium (780 km de la surface terrestre), l’Hexagonal Thales dispose d’un savoir-faire et d’une expertise considérable dans les domaines de l’aérospatiale et de la sécurité. Allié au Suédois Ericsson, un des leaders des réseaux télécoms et à Qualcomm, le roi de la puce pour smartphone, il pourrait faire fort d’ici 2026-2027, selon Mathieu Arnaud, spécialiste 5G, qui articule ces dates. Plus d’infos sur Thales Alenia Space.

Mais d’autres acteurs fourbissent leurs armes. Nokia, par exemple, s’est allié à l’entreprise américaine AST Space Mobile pour déployer une centaine de satellites en orbite basse, un peu comme ceux de Starlink. Un engin de test (Bluewalker 3) a d’ailleurs été lancé en automne dernier. La taille de cette gigantesque antenne, visible dans le ciel, fait débat. Les deux partenaires misent aussi bien sur la 4G que la 5G, selon ce communiqué commun.

Lynk Global et OneWeb en embuscade

Parallèlement, Lynk Global se targe d’avoir été parmi les premières compagnies au monde, voire la première, à envoyer un message par satellite avec un smartphone standard. Dans ce cas aussi, une constellation de plusieurs milliers de satellites semble prévue d’ici à 2025 pour pouvoir fournir largement un service de communication, selon Wikipedia.*

Au niveau européen, l’opérateur français Orange a annoncé un accord avec le consortium OneWeb. Basée à Londres et désormais dans le giron d’Eutelsat** (qui propose de l’internet satellitaire sous plusieurs marques), cette société  veut  déployer une constellation de satellites couvrant différentes parties du monde. Dans son communiqué de presse, l’Hexagonal cite notamment les zones rurales et isolées d’Europe, d’Amérique latine et d’Afrique. Notons qu’Airbus Defence and Space collabore à ce projet. Citons encore le projet Kuiper d’Amazon.

Pour ceux qui ne veulent pas attendre

Rappelons pour terminer que des offres de téléphonie par satellite existent déjà aujourd’hui, mais elles nécessitent des équipements spéciaux. Les prix sont d’ailleurs à la hauteur de la prouesse technologique de ces réseaux qui offrent aussi des services de suivi, de géolocalisation et l’appel de se secours en cas d’urgence.

La couverture d’Inmarsat (désormais propriété de l’Américain Viasat qui propose de l’internet satellitaire à haut-débit) n’est pas totale, mais réputée pour être fiable. De son côté Iridium propose une couverture totale, y compris les pôles, très utilisée pour les secours. Son réseau sera compatible avec l’offre de Snapdragon Satellite. Le réseau de Tharaya constitue aussi une autre solution. Enfin, Globalstar, partenaire d’Apple, vers 1400 km d’attitude, constitue une alternative, mais ne couvre pas non plus les pôles. Rappelons que plus les satellites sont hauts et plus la latence en cas de transmission de données est importante.

Xavier Studer, de retour du MWC de Barcelone

*Note
Mise à jour le 11 mars 2023 avec notamment l’ajout des paragraphes sur Link Global et OneWeb.

** Notons également SkyDSL spécialisé dans l’internet haut-débit

Cet article a 3 commentaires

  1. Jackie

    Et quel sera l’impact sur l’environnement de tout ça? Pour quel besoin? Lanceurs, déchets spatiaux, matières désintégrées dans l’atmosphère, mais qui retombent sur terre, etc.

  2. Pierre Schwaller

    Félicitations, Xavier Studer, pour ce post excellemment documenté. Après lecture et suivi de vos liens, et en particulier de Bluewalker 3 (qui pourrait établir des communications 5G), je m’imagine déjà l’effroi des détracteurs et complotistes actuels de la 5G terrestre 😱😱😁😁

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