Site icon Le blog high-tech & telecom de Xavier Studer

Infographie: Swisscom l’empereur absolu des télécoms helvétiques

Le marché suisse des télécoms à fin 2015.

Le marché suisse des télécoms à fin 2015.

Le marché suisse des télécoms à fin 2015.
Le marché suisse des télécoms à fin 2015.

Le marché suisse des télécoms est toujours aussi étonnant, comme je l’écrivais d’ailleurs l’année dernière à la même époque. Swisscom, majoritairement en mains étatiques, a encore renforcé sa position. Il est désormais le leader dans tous les domaines, c’est-à-dire, sur le fixe, le mobile et la TV numérique. Et on ne parle pas des services informatiques…

Ses concurrents, qui proposent parfois un meilleur service, à l’image de Sunrise, se plaignent incessamment de cette situation, puisqu’ils perdent du terrain, alors qu’ils devraient en gagner. L’infographie ci-contre permet de visualiser d’un clin d’œil l’étendue de l’empire de Swisscom bâti en partie sur une libéralisation bâclée.

En consultant cette représentation graphique, on réalise que Swisscom cumule souvent plus de parts de marché, de ressources ou de revenus que tous ses principaux concurrents réunis. Cette situation permet notamment au puissant opérateur de profiter d’économies d’échelles et d’une redoutable dynamique de groupe. Sur le segment de la télévision, l’ogre bleu, qui continue de réaliser un travail remarquable,  est désormais devenu le leader du secteur, à la barbe des spécialistes de jadis; les téléréseaux qui ont préféré l’an dernier changer le nom de leur faîtière plutôt que de se remettre en question…

L’ogre bleu poursuit son festin

On constate que le géant bleu est le seul opérateur qui profite d’une position très solide (un euphémisme) dans tous les secteurs, y compris le domaine informatique. Salt, anciennement Orange, est inexistant sur le fixe ou l’internet à haut débit sur les mêmes lignes, tandis qu’UPC Cablecom tente de se développer sur le mobile en coopérant justement avec l’opérateur en mains hexagonales qui a pris un sacré bouillon en 2015. Seul Sunrise, qui utilise largement le réseau de Swisscom, notamment pour la TV, est présent partout.

Globalement, le marché souffre d’une certaine érosion des prix. Sunrise peine toujours à se développer si ce n’est sur la TV et l’internet à haut débit. Un domaine où tous les opérateurs progressent. Quant à Salt, dont le positionnement est discutable, il a été frappé par d’importants problèmes de facturation. Son propriétaire Xavier Niel parviendra-t-il à tenir son programme?

Il est piquant de constater que l’opérateur historique s’en tire le mieux dans presque tous les domaines. Il pourrait même ralentir son recul sur le fixe en proposant avec ses formules combinées des abonnements à zéro franc, sans communications… Sur le mobile, Swisscom parvient presque à récupérer ses 60% de parts de marché, les autres se partageant le reste. Quant à UPC Cablecom, ils ne faut pas oublier que ses chiffres sont tirés vers le haut grâce à des acquisitions.

Alors que faire? Pour une concurrence plus équitable, il faut donner de l’air aux concurrents de l’ogre bleu qui continue de booster son réseau. Il faut dire qu’il en a les moyens quand on sait que son bénéfice après investissement (aussi dans la fibre) était toujours de plus de 1,3 milliard en 2015, année marquée par des effets exceptionnels… Pour comparaison, Sunrise a réalisé une perte de 113 millions sur l’année sous revue, qui se transforme toutefois en bénéfice de 45 millions après correction des coûts d’introduction en bourse et refinancement. On n’est pas dans la même catégorie, car tant Sunrise que Salt ont dû lourdement couper dans les effectifs pour tenir la barre.

Repenser Swisscom

Une solution serait de surveiller plus étroitement le marché de la fibre optique. Une autre plus radicale serait d’envisager un remaniement en profondeur de Swisscom, car la révision partielle de la la loi sur les télécoms, qui est en cours, ne suffira visiblement pas. Après plusieurs affaires d’écoute des réseaux, il semble toutefois que tout ou partie des réseaux du géant bleu devraient rester sous le contrôle de l’Etat. Histoire de garantir des lignes sûres pour les différents dirigeants du pays… Une privatisation totale ne semble donc pas être une bonne idée.

Compte tenu de l’histoire atypique des télécoms helvétiques, on ne semble pas prêts de trouver une solution. Et comme je l’ai écrit à plusieurs reprises, l’ogre bleu se distingue par un travail de communication et de lobbyisme sans égal! Sans compter qu’il continue de travailler admirablement en proposant souvent des tarifs en avance sur ses concurrents, notamment en matière de roaming…

Xavier Studer


Plus d’informations

Quitter la version mobile