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Swisscom et Sunrise peuvent-ils résister aux assauts de Salt?

Salt se développe à Zurich sur la Bahnhostrasse.

Salt se développe à Zurich sur la Bahnhostrasse.

Des employés d'un centres d'appels de Salt.
Des employés d’un centres d’appels de Salt.

Internet symétrique à 10 Gb, Apple TV et téléphone illimité pour moins de cinquante francs? Salt a probablement déjà dépassé les attentes de tous ceux qui rêvaient d’un Free helvétique! Mais, en combinant ce produit avec sa nouvelle offre illimitée en Suisse comprenant 4 Go de roaming, Salt propose pour moins de 129 francs hors promotion beaucoup mieux que tous ses concurrents. Peuvent-ils résister?

Pendant longtemps, les Suisses ont snobé les offres attractives, comme celle globale de Sunrise incluant fibre optique à 1 Gb symétrique, 4G illimitée en Suisse, mais sans roaming pour 139 francs bien moins chère que le stratosphérique Swisscom, certes plus généreux en termes d’itinérance. Visiblement, même si Sunrise se développe, il n’explose pas avec sa formule jadis attractive.

Un vent de fraîcheur et de modernisme bienvenu

Mais Salt met la barre vraiment très haut en libérant la fibre optique, en proposant l’Apple TV et une offre TV de qualité (test), tout en continuant de développer son réseau 4G parmi les meilleurs d’Europe, même s’il est (encore) légèrement en retrait par rapport à ses concurrents. Bref, après un dur combat pour remonter et faire oublier l’ancienne direction, l’opérateur en mains de l’Hexagonal Xavier Niel dynamite le marché!

En face, Swisscom, ne propose plus systématiquement le meilleur réseau mobile selon les tests, souffre d’une offre TV parfois boguée, fruit d’un management visiblement laxiste, sans parler de ses problèmes généraux de fiabilité, qui ont fait la une des médias. Mais malgré ces cafouillages, le mammouth des télécoms reste le plus cher. Cette arrogance a provoqué l’agacement de certains de ses clients. Votre serviteur l’a ainsi quitté sans aucun regret pour Sunrise, qui propose une offre TV stable et de qualité…

Nicolas Sadirac, co-fondateur avec Xavier Niel, propriétaire de Salt, de l’Ecole 42 de Paris.

Salt: un esprit high-tech branché et 100% numérique

Dans ce contexte, Swisscom tente visiblement de concéder de gros rabais à ses clients, Sunrise et d’autres comme Wingo baissent leurs prix. Mais sera-ce vraiment suffisant pour résister au visionnaire et redoutable homme d’affaires Xavier Niel, à son souci de la maîtrise parfaite des processus et à son esprit 100% numérique (Cf. 42 ou Station F), loin de certains réflexes poussiéreux de l’ogre bleu, qui symbolise cet Ancien Monde bâti sur une mine de cuivre payée par le contribuable et qu’il exploitera jusqu’à la dernière pépite, puisque le filon n’est pas épuisé…

En visant prioritairement, du moins dans un premier temps, la fibre optique (1,3 million de raccordements) et en s’assurant une collaboration étroite avec Apple, dont il devrait supporter l’Apple Watch dans l’année, Salt pourrait bien réussir là où tous les concurrents de l’ancien monopoliste se sont heurtés à une farouche résistance épaulée par un lobbyisme implacable. Mais, lorsqu’on voit la fronde fribourgeoise sur la fibre, on se dit que certains politiques estiment désormais que cela a assez duré!

Salt: la force de processus optimisés au maximum?

Alors, le début d’une nouvelle ère? Peut-être, si Salt arrive démontrer avec son nouveau système informatique open source (notre visite à Renens) qu’il parvient à bien gérer sa logistique et ses clients avec ses partenaires. D’ailleurs, si tout roule avec des produits simples à maîtriser, il risque de n’avoir besoin que d’un service à la clientèle réduit, ce qui lui donnerait un autre avantage de taille en termes de structure de coûts, alors qu’il fait déjà des étincelles!

Bref, plus que jamais, le match sera intéressant à suivre sur ce marché helvétique des télécoms si atypique, qui a attiré l’attention de l’OCDE. Probablement que cette offensive de Salt, qui semble séduire nombre de consommateurs, marquera une étape décisive. Espérons que parallèlement, elle réveille l’intérêt pour la fibre optique, dont l’accès parfois sur 20 ans a été négocié de main de maître par l’opérateur basé à Renens. Cette technologie, qui n’est pas soumise à une législation sur le rayonnement non ionisant, reste une valeur sûre à l’heure où la 5G doit encore faire ses preuves dans un contexte défavorable en Suisse…

Xavier Studer

PS
Vu que Salt ne propose actuellement à mon domicile son offre que sur l’une des quatre fibres disponibles, c’est-à-dire celle raccordée par Swisscom et déjà utilisé par Sunrise (et non celle des SIL), je ne serai pas étonné de constater des développements surprenants, qui dépassent la portée intrinsèque de ce communiqué de Swiss Fibre Net…

Andreas Schönenberger, le CEO suisse de Salt.
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